Le président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), Madani Haïdara en exclusivité : “J’ai invité IBK et Boubou à faire appel en premier lieu à l’opposition pour la stabilité du Mali” “Je n’ai aucun problème avec Mahmoud Dicko qui a été le premier à me rassurer de son soutien pour la présidence du Hcim “
Plébiscité récemment à la tête du Haut conseil islamique du Mali (Hcim), le président d’honneur de Ançardine international, Cherif Ousmane Madani Haïdara, a échangé le week-end dernier avec un groupe de journalistes dans sa résidence à Banconi. Une occasion pour lui d’édifier les médias sur les circonstances de son arrivée à la présidence du Hcim, ses relations avec le président sortant Mahmoud Dicko et ses priorités à la tête de cette organisation.
Aujourd’hui-Mali : Vous venez d’être plébiscité à la tête du Haut conseil islamique du Mali, pouvez vous expliquer comment vous vous êtes retrouvé à la tête de la faitière des organisations musulmanes du Mali ?
Chérif Ousmane Madani Haïdara : Je tiens d’abord à vous préciser que je fais partie de ceux qui ont porté le Haut Conseil islamique sur les fonts baptismaux et qui avait pour premier président feu Thiam. Et j’étais membre de son bureau au même titre que Mahmoud Dicko dont j’étais l’adjoint. Après Thiam, Mahmoud Dicko a été porté à la tête de cette faitière et j’étais son adjoint également. Nous avons passé 10 ans ensemble avec cette configuration. Lorsque le mandat de Dicko est aussi arrivé à terme, certains sont venus me solliciter afin que je me présente pour diriger cette organisation. Et j’ai dit à qui voulait l’entendre que vu mes multiples responsabilités, je ne suis pas intéressé pour diriger le Hcim. Par contre, j’ai dit aux émissaires de chercher une autre personne que nous allons tous aider à accomplir cette mission. Ils ont fait trois mois en train de me supplier afin que j’accepte cette charge, sans que je leur donne mon accord. Et je vous informe qu’au renouvellement du bureau, récemment, ma candidature a été introduite sans que je ne sois au préalable informé. C’est après qu’une délégation conduite par Thiam m’a rendu visite pour m’informer que mon nom a été donné pour la présidence, tout en me suppliant de ne pas les humilier en me désistant. Au retour, j’ai promis de ne pas les humilier, mais j’ai exigé d’eux des garanties et des conditions car mon souci c’est que le travail se fasse dans un esprit de solidarité et surtout consensuel. Ils ont accepté mes propositions et aussi par écrit. C’est comme ça que j’ai accepté la présidence du Haut conseil islamique du Mali.
Qu’à cela ne tienne, je remercie le bon Dieu de m’avoir confié cette tâche. Nous avons hérité de ce pays et nous allons aussi le léguer à d’autres personnes, donc nous devons donner le bon exemple pour que nous nous soyons une référence pour les générations futures. Juste vous dire que la méchanceté et les calomnies ne servent à rien. Pour ce faire, je vais vous faire une confidence. Les chefs religieux de pays chrétiens, musulmans, ont été invités récemment par une haute autorité et à la fin de la rencontre, celui-ci nous a exprimé toute sa satisfaction en disant que cette rencontre a été une réussite à tout point de vue. Vous savez pourquoi ? Il s’est félicité du fait que Dicko et moi sommes assis côte à côte lors de la rencontre. Et aussitôt, j’ai exprimé mon étonnement en disant que ça c’est trop. Sur le champ, j’ai demandé à Dicko, depuis que nous nous sommes connus est-ce qu’il y a eu un différend entre nous ? Il a répondu par la négative.
Et je me suis retourné vers l’autorité en question en disant que Mahmoud Dicko est un grand frère et il ne m’a jamais sollicité pour quelque chose que j’ai refusé. Je n’ai jamais de ma vie contrarié Dicko pour quoi que ce soit. Mais j’ai compris que ce sont certaines personnes, qui ne sont pas assurément de bonne foi, qui veulent nous mettre dos à dos. Le jour où j’ai été porté à la tête du Hcim, c’est Dicko qui a été la première personne à m’appeler et me rassurer de son soutien total pour la réussite de mon mandat. Il m’a aussi invité à ne pas écouter les ragots qui se disent sur nous deux et de ne pas répondre à leurs auteurs. Il m’a demandé également de dire à mes proches de ne pas répondre à ceux qui veulent nous voir divisés. Je vais vous dire une autre chose. Je n’avais jamais mis un bulletin dans une urne, c’est Dicko qui est venu me solliciter un jour pour qu’on aille voter et c’était mon premier vote. Juste vous dire le degré de complicité entre nous. Je suis sûr que ceux qui désirent voir cette complicité voler en éclats entre nous ne parviendront jamais à leurs fins.
A la tête de cette structure quelle sera votre priorité ?
Vous savez, lorsque la crise au centre a éclaté, nous ne sommes pas restés de marbre et vous pouvez vous informer auprès du Groupement des leaders musulmans. Le montant que j’ai investi personnellement pour la résolution de cette crise dépasse 26 millions de Fcfa. Nous avons été au centre du pays pour faire amener trois leaders peulhs, trois responsables dogons pour une rencontre de trois jours à Bamako avec d’autres acteurs.
L’hébergement, la restauration de la délégation…tout était à ma charge. J’ai fait cela pour l’amour de ma patrie sans être président ou ministre. Cette réunion nous a permis de connaitre davantage le fond de cette crise aussi entre ces communautés et d’apporter notre modeste contribution.
Pour revenir toujours à votre question, à notre première réunion de bureau, nous avons décidé de faire le tour de toutes les régions du Mali et après cela nous allons voir ce que les musulmans pourront faire pour le retour de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays. Car nous avons tous en commun ce pays et un musulman ne peut que souhaiter la paix et la quiétude pour son pays et non le contraire.
Actualité oblige, notre pays a un nouveau Premier ministre en la personne de Dr Boubou Cissé. Est-ce qu’il peut compter sur le soutien de votre bureau ?
Avant de répondre à cette question je vais vous dire et vous pouvez vous informer à d’autres niveaux, le Mali n’a pas eu un président à qui je n’ai pas dit mes quatre vérités. A chaque fois qu’il y a des préoccupations, je vais voir l’autorité en question, personnellement, pour lui dire le souci des populations et faire en sorte qu’il puisse trouver une solution. Nous, nous ne sortons pas pour insulter une autorité, mais par contre on le conseille en indiquant la bonne voie à suivre. S’il nous écoute, tant mieux ! S’il refuse de nous écouter, c’est lui qui en fait les frais.
De ce fait, lorsque Boubou a été nommé, il est venu au Haut conseil pour chercher appui et conseil et en retour nous lui avons dit les difficultés dans lesquelles le pays se trouve. On lui a fait savoir que les pauvres souffrent, la justice n’est pas équitable. Ce que j’ai dit au président de la République lorsqu’il a été élu, c’est la même chose que j’ai répété à Boubou. Parce qu’en son temps, j’avais conseillé au président de la République IBK de se mettre au dessus de la mêlée, de ne pas traiter les gens en fonction de l’opposition ou de la majorité, nous sommes tous des Maliens. Et je lui ai dit d’inviter en premier lieu l’opposition pour voir comment ils pourront, d’une même voix, sortir ce pays de cette crise et surtout œuvrer ensemble pour la stabilité du Mali. Je lui ai dit d’écouter les gens, d’ouvrir largement sa porte. Ce n’est pas tout, je lui ai proposé d’appeler tous les anciens présidents de la République, les anciens Premiers ministres… pour avoir leur expertise pour la sortie de crise. Et je lui ai posé la question : est-ce que j’ai un représentant dans le gouvernement ou bien est-ce que je t’ai envoyé un papier pour demander 100 Fcfa, il a dit non. Donc, en retour, je l’ai rassuré de tout mon soutien tout en lui rappelant que s’il prend en compte mes conseils, le pays sera à l’aise, tout comme lui.
Ce sont aussi ces mêmes propos que j’ai dit au Premier ministre au Haut conseil islamique. J’ai demandé aussi au chef du gouvernement de mettre les pauvres dans leurs droits car dans tout pays ou les pauvres souffrent, la paix ne pourra régner.
Avez-vous un dernier mot pour nos compatriotes de la diaspora et nous avons appris que les membres de Ançardine sont de grands donneurs de sang. Qu’est-ce qui explique cela ?
Il faut que les gens sachent que rien n’est éternel sur cette terre. C’est pourquoi nous avons invité les Ançars à faire du bien. Pour votre information, 80% du sang qui se trouve dans les banques de sang du pays et des hôpitaux viennent des membres de Ançardine et nous avons surtout informé nos membres de la portée des actions de bienfaisance.
S’agissant des Maliens de l’extérieur, nous sommes en contact. Et à la date d’aujourd’hui, Ançadine se trouve dans 33 pays dans le monde où les membres ont pu acheter un siège pour leur organisation. Enfin, j’invite nos compatriotes à l’entente car tant qu’il n’y a pas d’entente, on ne peut pas parler de paix a fortiori de bonheur. Et Dieu a tracé le destin de chacun de nous et je prie aussi pour tous nos compatriotes de l’extérieur comme de l’intérieur, que le Bon Dieu veille sur eux et sauve aussi nos porteurs d’uniforme.
Réalisé par Kassoum THERA