Le Mali sous IBK : Le ciel s’assombrit, tout devient obscur
Depuis la crise de 2012 et l’avènement d’Ibrahim Boubacar Kéita à la tête de l’État, en 2013, les Maliens ne cessent de se battre pour l’acquisition de plus de liberté. On a l’impression que les actions menées enfoncent davantage ce pays dans une société obscurantiste.
La liberté de circulation est devenue un idéal pour les Maliens puisque nul n’est plus libre dans ses mouvements. Lorsqu’on veut rester en vie et en bonne santé, il faut adopter certains principes de vie. Le Mali, actuellement, n’a rien à envier à un pays de haute insécurité où non seulement les terroristes attaquent les populations, mais où celles-ci s’attaquent les unes les autres. La confiance est brisée. La solidarité est quasiment inexistante. Les hommes se fuient. Les liens de famille se disloquent. Le pays vit immanquablement dans une société close.
Le peuple rêve de liberté de mouvement
Commençons par la capitale du Mali. Dans le district, sous le règne de « Boua », IBK, des choses inimaginables se sont passées. Un chef d’État qui refuse d’aller habiter le palais de Koulouba en préférant rester chez lui-même. Cette situation a causé trop de torts à la population de Sébénicoro qui est empêchée dans ses déplacements matinaux pour cause de passage du convoi présidentiel. La population a amassé de lourdes conséquences à ce titre.
Outre la capitale, dans beaucoup de régions au nord et au centre du Mali, on ne peut plus circuler à moto à partir de 18 h, même les véhicules de transport sont obligés de stationner en dehors de la ville ou au poste de contrôle pour y passer la nuit. Du coup, la circulation sur ces engins est interdite.
De la recrudescence du terrorisme et de la prolifération des milices
Si avant IBK le terrorisme était connu comme un problème strictement du nord du pays, aujourd’hui, tout ce qui reste aux terroristes, c’est d’annexer la capitale. Cela relève d’une politique de la mauvaise gouvernance. Le pays est agonisant. Les citoyens n’ont plus confiance en leurs gouvernants et veulent en conséquence assurer leur propre sécurité. D’où la naissance de Danna Ambassagou dans la région de Mopti. Ce groupe de chasseur, suite à l’absence de l’État dans leur localité, suite aux menaces incessantes pouvant compromettre leur existence, s’est regroupé pour mener des patrouilles.
Une initiative qui devrait être saluée par IBK et son gouvernement. Mais ils ont vu dans celle-ci une menace pour la sécurité. Une décision du gouvernement est sortie pour interdire ces genres de pratiques. Or, l’État se montre toujours incapable d’assurer la sécurité dans ces zones. À ce rythme, il faudrait s’attendre à une multiplication disproportionnée des groupes d’autodéfense au Mali et par conséquent de l’exacerbation de la violence dite « intercommunautaire ».
Des citoyens rebelles
Aux menaces terroristes s’ajoutent les menaces citoyennes et surtout le braquage à main armée. À une certaine heure de la nuit, lorsque vous sortez à moto, mieux vaut prendre vos précautions si vous êtes attaqués par des individus armés qui vous menacent avec des armes sur la tempe et vous retirent votre engin. Pis, si vous essayez de vous défendre, car là vous êtes immédiatement privé de votre vie.
Cette situation a forcé beaucoup de citoyens à contrôler leurs déplacements la nuit, où pour se promener, il faut préférer sortir à pied ou prendre un taxi.
Par ailleurs, nous nous sommes vite rendu compte que cela n’était pas non plus une solution dans la mesure où même étant chez soi, ils, les forces du mal, peuvent venir te causer du tort et retirer ton bien et puis retourner. Le Mali de celui qui ne cesse de faire les louanges de son amour pour sa patrie est devenu une société de crainte où même dans sa chambre, le citoyen ne se sent plus en sécurité, pour paraphraser John Locke, intellectuel anglais.
Beaucoup de boutiques sont braquées en plein jour. Des portes de logement sont forcées en plein jour. Les bandits ne se cachent plus pour faire leur opération puisqu’ils savent qu’ils ne seront pas arrêtés et même s’ils le sont, ils seront vite libérés. Cela reste lié à la corruption des forces de l’ordre et de sécurité qui coopéreraient avec les grands voleurs.
La corruption, elle, constitue une des caractéristiques fondamentales de ce régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, un président venu au pouvoir pour vaincre le terrorisme a été plutôt une occasion pour l’encourager. En conséquence, beaucoup s’abstiennent à acheter des motos neuves préférant plutôt se procurer d’une seconde main dont les façades ne sont d’ailleurs pas en bon état en vue d’échapper aux attaques de ces bandits armés. Une situation qui nous rappelle du voleur de BS qui a été arrêté à deux reprises, avec toutes les preuves à l’appui, avant de se voir libérer quelques jours après chaque arrestation.
La tromperie est devenue un métier assez bénéfique au Mali. Cette pratique assez connue avec des individus qu’on appelle couramment les « philo-man » qui sont des hommes qui viennent tromper ta crédibilité en te promettant un gain plus élevé pour te retirer tes biens est en vogue dans ce pays. Ces gens reçoivent la dénomination de « philo-man », mais il s’agit plutôt de « filou-man » dans le sens d’un homme qui trompe, donc un trompeur.
En effet, ces individus gagnent leur vie en trompant la vigilance de leurs semblables. On dirait de la magie ; ils te rencontrent, te louent et te font rêver d’un paradis irréel auquel tu vas forcément te laisser séduire. Ces individus sèment du mal tout autour d’eux tout en instaurant un climat de méfiance entre les hommes. Les citoyens ne se font plus confiance. Personne ne connaît plus personne. Cette pratique, si elle a longtemps existé au Mali, s’est aggravée ces dernières années sous le règne du grand obscurantiste.
Chacun devient son propre juge
En conséquence de tous ces comportements, les citoyens ont décidé de se rendre justice eux-mêmes. Cette décision a contribué à aggraver la situation puisque la société s’est transformée en une société de violence généralisée. Les voleurs et les présumés voleurs sont brûlés. Des citoyens ayant des rancunes entre eux s’accusent les uns les autres de vol et crient « au voleur ! » sur leurs semblables compromettant la vie de ceux-ci.
À cet effet, des innocents sont sanctionnés alors qu’ils n’ont rien fait du tout. D’autres sont battus à sang innocemment. La loi de la jungle est la seule qui règne dans la société malienne actuelle. C’est la loi du plus fort qui règne ; le droit n’est plus respecté. Alors, la liberté de circulation n’est plus à l’œuvre.
La justice au Mali est devenue œil pour œil. Chacun se rend justice. Quelle anarchie !
Pire encore est le cas de l’AEEM, Association des Élèves et Étudiants du Mali. Les membres de cette association sèment la désolation partout dans l’espace universitaire avec leur querelle intempestive pour l’acquisition de poste ou de richesse, transformant ainsi les universités maliennes en une jungle, en un « état de nature » hobbesien où tous les élèves et tous les étudiants ont peur les uns des autres par crainte d’être assassinés d’une façon malsaine. Si jadis, les membres de ce comité AEEM se promenaient avec des machettes, de nos jours, c’est des pistolets automatiques (PA) qu’ils utilisent sur leurs camarades de classe ou sur leurs adversaires lors des candidatures d’élection au bureau du comité universitaire. Chaque année, maints élèves sont privés ainsi de leur vie, d’autres deviennent des infirmes à vie par la faute de ces barbares, de ces « nouvelles mafias » de l’espace scolaire du Mali. L’espace universitaire est devenu un espace de crainte permanente où circuler, c’est frôler la mort au jour le jour.
L’irresponsabilité des autorités
Si le Mali a chuté dans une « société close », il faudrait comprendre que cela relève de l’irresponsabilité de l’État. Ces situations sont paradoxales puisque chaque année, des recrutements se font dans le service militaire pour que ces violations contre les libertés individuelles soient contrecarrées, mais en réalité les patrouilles ne se font pas comme il le faut. Ces patrouilles sont devenues des transports en commun puisqu’ils ne quittent pas les voies publiques. Ils ne font que circuler entre 23 h et 2 h du matin sur ces voies publiques et osent rarement se rendre dans les rues et ruelles. Alors que la quasi-totalité des violences se fait dans ces coins dont la plupart ne sont pas électrifiés.
Fousseni TOGOLA
Source : Le Pays