Le Danemark envisage l’envoi de deux hélicoptères de transport lourd au Mali pour soutenir la force Barkhane
Certains y verront sans doute une conséquence de l’Initiative européenne d’intervention [IEI], lancée par la France en juin dernier. Visant à favoriser une culture stratégique européenne et à renforcer la capacité des pays européens à agir ensemble, ce dispositif ne s’inscrit pas dans le cadre de la politique de défense et de sécurité commune de l’Union européenne, ce qui permet au Royaume-Uni [qui prépare sa sortie de l’UE] et au Danemark [qui bénéficie d’une clause d’exemption] d’y participer.
Ainsi, et comme l’avait indiqué la ministre des Armées, Florence Parly, lors d’une audition au Sénat, Paris cherche à maintenir une capacité dans le domaine des hélicoptères de transport lourd pour l’opération Barkhane, laquelle est actuellement fourni par 4 CH-47D Chinook de la Royal Air Force [RAF]. Et de citer deux pays pouvant remplacer les Britanniques : le Danemark et l’Espagne.
Et, le 28 février, le gouvernement danois a confirmé son intention de déployer deux hélicoptères AgustaWestland AW101 « Merlin » au Mali. Restera sans doute à trouver un autre pays contributeur pour que Barkhane puisse disposer d’au moins trois, voire quatre appareils de ce type.
« Il est crucial pour la sécurité du Danemark et de l’Europe que nous contribuions à la stabilité dans la région. Les groupes terroristes au Sahel représentent une menace contre notre sécurité. Dans le même temps, j’espère que les efforts déployés contribueront à stabiliser la région et à prévenir ainsi la migration irrégulière vers l’Europe. C’est dans notre intérêt commun », a fait valoir Anders Samuelsen, le ministre danois des Affaires étrangères.
Son homologue à la Défense, Claus Hjort Frederiksen, n’a pas dit autre chose. « La situation sécuritaire au Mali et dans toute la région du Sahel est préoccupante. Le Danemark devrait donc renforcer son implication et contribuer à ce que les groupes terroristes n’aient pas de liberté de mouvement. Nous considérons la région du Sahel comme faisant partie du voisinage méridional de l’Europe et il est important d’aider à combattre le terrorisme et à empêcher les flux de réfugiés », a-t-il affirmé.
Via Twitter, Mme Parly a salué cette annonce en la tenant pour acquise. « Nos partenaires danois nous rejoignent dans Barkhane : en décembre, deux hélicoptères de transport viendront prêter main forte aux militaires français. Merci au Danemark pour son engagement », a-t-elle écrit.
Mais le ministère des Affaires étrangères se veut plus prudent. « La France salue le lancement, à l’initiative du gouvernement danois, de consultations avec le parlement en vue d’une décision au second semestre 2019 sur une possible participation de l’armée danoise à l’opération Barkhane au Mali, à hauteur de deux hélicoptères de transport », a-t-il indiqué, via un communiqué.
En effet, cet envoi de deux hélicoptères de transport lourd au Mali est soumis à un feu vert du Parlement danois. Ce n’est qu’après que l’on pourrait tenir la contribution des forces danoises à l’opération Barkhane pour acquise. Cependant, cela devrait être un formalité, le Danemark étant déjà engagé au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilité du Mali [MINUSMA], via des avions de transport et des forces spéciales.
Quoi qu’il en soit, a commenté le Quai d’Orsay, la « solidarité et l’appui de nos partenaires européens, dans le cadre de l’opération Barkhane comme dans celui des missions de l’Union européenne, sont à cet égard précieux et contribuent à développer une culture stratégique européenne commune. Nous saluons, notamment, la contribution du Royaume-Uni et de l’Estonie à l’opération Barkhane. »
Dans une déclaration conjointe publiée en août dernier, la France et le Danemark avait indiqué qu’ils continueraient de « coopérer étroitement sur un certain nombre de questions essentielles, comme le soutien à la présence avancée renforcée de l’Otan en
Estonie ainsi que la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la stabilité au Sahel. »
Par Laurent Lagneau