LE COACH NOUHOUM DIANÉ APRÈS L’ÉLIMINATION DU STADE MALIEN DES COUPES AFRICAINES : “LA CRISE DU FOOTBALL N’ARRANGE PERSONNE ET SI ON NE FAIT PAS ATTENTION, LE MALI RISQUE DE DISPARAÎTRE DE LA SCÈNE FOOTBALLISTIQUE”
Le Mali n’a plus de représentant en compétitions africaines. Après le Djoliba AC, le Stade malien de Bamako vient, à son tour, de quitter le navire suite à son élimination en tour de cadrage de la Coupe Caf par Petro Atlético à l’issue de la double confrontation remportée (3-2) par les Angolais sur l’ensemble des deux rencontres. Après cette sortie prématurée, nous sommes allés à la rencontre de l’entraîneur des Blancs de Bamako, Nouhoum Diané, pour comprendre les raisons de cette contreperformance de son club qui a pourtant été tout sauf ridicule au cours des compétitions. Dans l’entretien que suit, le coach Diané revient sur ce qui a empêché son club d’aller plus loin. Sans porter de gant, il dénonce avec véhémence le comportement regrettable des acteurs du football malien.
Aujourd’hui-Mali : Bonjour coach, votre club, le Stade malien de Bamako vient d’être évincé des compétitions africaines (Ligue des champions et Coupe Caf). Comment vous vivez ces circonstances ?
Nouhoum Diané : C’est toujours difficile de ne pas atteindre l’objectif fixé non seulement pour le club mais aussi pour l’entraîneur. Cependant, l’objectif pour moi c’était en premier lieu de qualifier le Stade malien pour la Ligue des champions, ce qui a été fait et ensuite entrer en phase de poules de la Coupe Caf. Malheureusement nous n’avons pu atteindre cet objectif. Je suis très déçu par cette élimination.
Comment vous expliquez cette défaite (2-1) et cette élimination à Luanda face à Petro Atlético ?
Je pense qu’au regard du match aller déjà, on aurait pu gagner ce match au vu du nombre d’occasions qu’on s’est créées ici Bamako. Pour ce qui est du match retour, nous avons pu faire une excellente première mi-temps et la plupart du temps c’est nous qui faisions le jeu. En seconde période, à quinze minutes de fin de jeu on nous a menés au score donc il fallait prendre des risques et c’est qu’on a fait et cela a permis à l’équipe adversaire de profiter d’un contre pour aller marquer le deuxième but. Sur les deux matches, je dirais simplement que dans le jeu, nous n’avons pas été ridicules mais il ya des détails qui nous ont manqués et à ce niveau les détails sont importants. L’un de ces détails, pour moi, c’est que nous n’avons pas été efficaces.
Au-delà du manque d’efficacité quels autres détails ont pesé dans cette élimination selon vous ? Le manque de compétitions au Mali ou le manque d’expérience de vos joueurs ?
Je n’aime pas beaucoup parler de manque de compétitions parce que je n’aime pas me cacher dernière cela pour justifier mes performances avec mon équipe. Cependant, même si réellement ce problème n’est pas à exclure, je pense que notre vrai problème au cours nos matches en compétitions africaines se situe au niveau de la finition parce qu’il est difficile de penser qu’on peut obtenir dix occasions de but et les manquer toutes.
Par contre, les adversaires qui nous ont battus n’ont pratiquement eu que trois ou quatre occasions de buts et ils marquent au moins un but. C’est vrai qu’il y a pratiquement 3 ans qu’on n’a pas de compétitions au Mali. C’est une réalité et à un moment donné vous ressentez cela sur le terrain. En ce qui concerne le problème d’effectif, si vous prenez l’équipe du Stade qui a joué la Coupe du Mali, il y a des joueurs qui n’étaient plus avec nous. Après le départ de certains, on est parvenu à trouver l’équilibre mais après nos milieux de terrain Mahamadou Fofana et Sadio Kanouté considérés comme des joueurs cadres ont été blessés au moment des matchs importants.
Aussi, vous constaterez aisément que j’ai construit une nouvelle équipe majoritairement avec des jeunes joueurs qui venaient et quelques anciens qui ne jouaient pas avant mon arrivée. Il faut aussi reconnaître que nous avions une équipe qui n’avait pas assez de joueurs d’expérience sur le plan continental.
Au plan tactique, je ne reproche absolument rien car l’équipe a très bien joué. Que ce soit contre l’Asec d’Abidjan ou contre Petro, nous nous sommes créé énormément d’occasions et c’est nous qui faisions le jeu mais sans pourtant arriver à concrétiser nos occasions. Réellement je dirais une fois de plus que nous n’avons pas été ridicules, nous avons juste manqué d’efficacité devant les buts face à ces équipes.
Le football malien traverse une crise qui ne dit pas son nom notamment durant ces trois dernières années qui n’ont pas vu de championnat et de compétitions réelles. En tant que coach, quel est votre message à l’endroit des dirigeants et acteurs du football malien ?
Je pense que toute personne qui aime le football voire ceux mêmes qui ne s’intéressent pas au football se désolent aujourd’hui de la situation de notre football et de la manière dont les choses se passent. Aujourd’hui je pense que c’est pour l’intérêt du Mali que les dirigeants et acteurs du football doivent s’asseoir et parler sincèrement entre eux afin de trouver une solution à cette crise.
Si vous prenez l’exemple sur des pays dont les clubs ne franchissaient même pas les tours préliminaires des compétitions africaines, ce sont ces clubs qui se qualifient et pas nous. Nous avons vraiment de la peine à rester sur le quai parce que les dirigeants n’arrivent pas à faire la paix. Le message est clair, il faut que les acteurs du football reviennent à des meilleurs sentiments, qu’ils s’asseyent et parlent entre eux pour trouver la solution à la crise du football malien. Cette crise n’arrange personne et si on ne fait pas attention, on risque de disparaître de la scène footballistique.
Coach, des rumeurs courent déjà sur votre éventuel départ de la tête du Stade malien de Bamako, que répondez-vous ?
Vous me l’apprenez j’avoue. En tout cas, je suis là tranquille. Je suis arrivé au Stade où on m’a confié une mission de deux mois au cours desquels j’avais comme objectif de remporter la Coupe du Mali et après j’ai été reconduit pour les compétions africaines. Mais je suis quand même là et c’est aux Stadistes de voir s’ils vont continuer avec moi ou pas. On verra bien.
Réalisée pour Youssouf Koné
Source: Aujourd’hui-Mali