Le BVG épingle la gestion des EMASE
La mauvaise gouvernance administrative et financière des affaires publiques est, de l’avis des Maliens et de nos partenaires, à l’origine des crises que nous vivons. Ces maux mal diagnostiqués et mal soignés qui, si nous ne prenons garde, risquent de nous installer dans la crise permanente.
La gestion des Entrepôts maliens au Sénégal (Emase) semble donner une illustration en la matière. Cette structure rattachée au ministère en charge des Transports était, presque durant tout le mois d’août, sous les feux des projecteurs. Médias et organisations de défense de l’environnement lui reprochaient le stockage sur ses installations en territoire sénégalais d’une quantité importante de nitrate d’ammonium.
Ce tapage médiatique à outrance auquel un simple communiqué a mis fin, avait été perçu par certains observateurs comme une manière délibérée d’étouffer une malversation financière impliquant ce service. En effet, une vérification financière menée par le Bureau du Vérificateur général (BVG) venait d’y déceler «des irrégularités financières s’élevant à 754,651 millions de Fcfa.
Ce contrôle, précise le rapport dont nous avons reçu une copie, porte sur l’examen des opérations de recettes et de dépenses effectuées par les Emase au titre des exercices 2016, 2017, 2018 et le 1er semestre de 2019. Les travaux qui visaient à s’assurer de «la régularité et de la sincérité desdites opérations» ont épargné les subventions accordées par cet organisme public.
C’est ainsi que le BVG a, après avis contradictoire des responsables incriminés, transmis et dénoncé les faits au président de la section des comptes de la Cour suprême et au procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune III du District de Bamako, en charge du Pôle économique et financier.
Les actes dénoncés sont relatifs au non-recouvrement de tous les rejets de chèques dont le montant cumulé s’élève à 1,950 millions de Fcfa. Les inspecteurs ont constaté l’évaporation de 208,790 millions de Fcfa due à l’incohérence entre les écritures comptables et la réalité des opérations.
Nos entrepôts au Sénégal ont minoré des revenus dans les certificats de recettes pour un montant total de 265,918 millions de Fcfa. Les auditeurs accusent aussi les Emase de non-facturation des redevances au titre de l’utilisation irrégulière des installations portuaires au profit d’autres pays de la sous-région. Le manque à gagner à ce niveau est évalué à 265,455 millions de Fcfa…