Dans la journée du 02 octobre, après deux jours de confusions et d’incertitudes, le Col Damiba a fini par abdiquer, de la présidence du MPSR et de la Transition, au profit du Capitaine Ibrahim Traoré. Désormais, c’est ce dernier qui devient le nouvel Homme Fort du Faso. Âgé seulement de 34 ans, le Capitaine Traoré était, jusque-là, le Chef de l’Unité des Forces Spéciales anti-terroristes du Burkina Faso, dénommées « Cobra ». Une nouvelle page du Burkina est-elle en train de s’ouvrir ?
Une chose est en tout cas certaine, c’est le deuxième coup d’Etat, en l’espace de huit mois, que connaît le « Pays des Hommes Intègres ». Mais aussi, ce « coup d’Etat dans un coup d’Etat », comme dirait l’autre, est perpétré par les mêmes éléments des mêmes Forces spéciales. Lesquels ont invoqués « la dégradation continue de la situation sécuritaire » au Faso pour justifier leur action. De même que la « trahison de leur idéal commun » par le désormais ex-président du MPSR, ex-président de la Transition Burkinabè. Serait-ce donc une rectification de la trajectoire de leur mouvement ? Dans l’affirmative, on pourrait considérer que les putschistes du Faso sont visiblement sur les traces de leurs homologues maliens. Mais vont-ils, in fine, se résoudre à conserver l’essentiel du pouvoir comme au Mali ?
Sous la diligence du Capitaine Ibrahim Traoré, le MPSR (version 2) a, dans son communiqué du 30 septembre, dissout le Gouvernement, suspendu les activités politiques et celles de la Société Civile. Et il a promis de convoquer « incessamment les Forces vives de la Nation » pour écrire une nouvelle Charte de la Transition afin de désigner un « nouveau Président du Faso, civil ou militaire ». Alors que dans le même communiqué, le MPSR2 déclare : « Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, animés d’un seul idéal, la restauration de la sécurité et de l’intégrité de notre territoire ». Mais par quelles nouvelles stratégies et quels nouveaux moyens, compte-t-il y parvenir ?
Dans l’après-midi du 30 septembre (le jour du putsch), tout comme la veille mais aussi lors des journées folles de confusion d’incertitudes (du 1er au 02 octobre), des milliers de burkinabè ont violemment manifesté, en réclamant la diversification de la coopération militaire de leur pays, notamment avec la Fédération de Russie. Ces manifestants, rejetant la présence militaire française dans leur pays afin que celui-ci puisse s’affranchir, ont vivement soutenu, avec corps et âmes, le mouvement de rectification des jeunes militaires. Ils ont incontestablement contribué à la réussite du Putsch du 30 septembre. En raison de cela, le MPSR (version 2) doit nécessairement se mettre au travail pour trancher, illico presto, ce nœud gordien qu’est la présence de Barkhane au Burkina Faso. Mais de quelles manières ?
Comme le Mali, il faudrait forcément que les nouveaux dirigeants du Burkina Faso prennent la lourde décision de rompre militairement avec la France. Même si cela n’est pas facile, ça n’est tout de même pas de la quinine à avaler. D’autant que la majorité des populations du Faso n’ont de cesse démontré qu’ils sont du côté des nouveaux maîtres du pays, donc du PMSR2. Leur sortie massive dans les rues de Ouaga comme de Bobo, en est bien une preuve. Laquelle est étayée par le fait que, tout au long des heures de confusions et d’incertitudes, les populations se sont massivement mobilisées pour réclamer le départ du Col Damiba. Aussi, les Burkinabè sont apparemment prêts à la résilience afin que la sécurité revienne dans leur pays. Le soutien des Burkinabé au MPSR2 est certainement sans faille.
Toutefois, en retour, il faudrait bien que les nouveaux maîtres du Faso soient simplement à l’écoute du Peuple. Car meurtries par des années de terrorisme qui les a paupérisés et déshumanisés, « Les Hommes Intègres » n’aspirent majoritairement qu’à la SECURITE et au RECOUVREMENT de l’INTEGRITE du territoire national. Ils voudraient donc que le nouveau MPSR (version 2) leur apporte un autre discours : cette fois-ci, de grande rupture d’avec l’ère Damiba et la France-Afrique ! Rien que cela !
Gaoussou Madani Traoré
Le Pélican