Lendemain d’Aïd el-fitr. On est loin de la «véritable jungle» où chaque usager de la voie publique tente de s’extraire du piège infernal de l’embouteillage. Les fous du volant pouvaient rouler à tombeau ouvert tant les véhicules dans la circulation étaient moins nombreux que d’habitude.
À peine entamées, les négociations entre le gouvernement et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) ont été suspendues hier sur fond de tension dans les locaux du ministère du Travail et de la Fonction publique.
Les parties se sont données rendez-vous aujourd’hui pour discuter du préavis de grève en date du 26 avril 2021 de la centrale syndicale du pays. Dans ce préavis, l’UNTM menace d’aller en grève, dans un premier temps, du 17 au 21 mai si ses exigences ne sont pas satisfaites. La centrale syndicale estime, trois mois après avoir signé un procès-verbal avec le gouvernement, que l’État traîne les pieds pour appliquer les accords.
Le temps est compté et le gouvernement mesure les conséquences d’un arrêt de travail de cette centrale, à laquelle sont affiliés des dizaines de syndicats. Nul besoin de revenir sur les impacts négatifs des précédentes grèves de l’UNTM.
Pour la première rencontre d’hier, le gouvernement était représenté par le ministre en charge du Travail, Me Harouna Toureh et son collègue de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion des investissements, Harouna Niang. Les ministres des 13 autres départements concernés par le dossier se sont faits représenter. Ce qui n’a pas échappé aux émissaires de la centrale syndicale qui y ont vu une « autre manifestation du mépris » du gouvernement à leur endroit. Les plus radicaux d’entre eux opteront même pour un retrait pur et simple de la salle.
Pour le ministre Harouna Toureh, exiger la présence effective de l’ensemble des ministres concernés n’a pas de base légale, puisqu’aucune disposition des textes ne le stipule. Cette mise au point du ministre Toureh a davantage crispé l’atmosphère.
Les syndicalistes s’estimaient déjà délibérément offensés par des propos tenus quelques minutes plutôt par le ministre qui, dans son speech introductif, avait fait remarquer que l’État dispose d’un arsenal juridique pour empêcher toute action susceptible de porter préjudice à son bon fonctionnement. Aussi, il leur avait fait comprendre, en des termes jugés peu courtois par les syndicats, que le pays traverse un moment particulier qui ne permet pas au gouvernement de satisfaire immédiatement toutes les revendications sociales.
L’Untm soutient que le gouvernement refuse d’appliquer les accords auxquels ils sont convenus
Visiblement remonté, Ousmane Traoré, l’un des représentants de l’UNTM, a soutenu que les autorités actuelles n’en ont cure de l’état de santé des caisses publiques. Et pour souligner la nécessité de corriger les disparités dans le traitement des agents de l’État, il a affirmé que le « président de l’Oclei perçoit plus de 4,5 millions de Fcfa par mois et que son chauffeur gagne mieux qu’un fonctionnaire de la catégorie A ». Également, plus de 2 millions de Fcfa seraient accordés à certains agents comme prime de départ à la retraite, alors que d’autres ont à peine 200.000 Fcfa.
Pendant plusieurs minutes, une sorte de cacophonie s’est emparée de la salle, obligeant le président de la commission de conciliation à suspendre les travaux. Finalement, les pourparlers ne reprendront que ce matin. Les parties reviendront-elles à de meilleurs sentiments ? Certainement oui pour l’intérêt de la nation.
Rappelons que c’est à la suite de deux grèves, fin 2020, que l’UNTM et le gouvernement et le Conseil national du patronat avaient signé, le 5 février dernier, un procès-verbal de conciliation. Plus de trois mois après, la centrale syndicale vient de déposer un nouveau préavis de grève dans lequel elle exige l’application immédiate des accords dont les délais d’application ont expiré.
L’UNTM demande aussi un traitement diligent des accords dont les délais ne sont pas arrivés à termes et l’élargissement de la prime de judicature aux greffiers et secrétaires des greffes et parquets. Ce n’est pas tout.
Le syndicat exige le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’Administration territoriale qui ont été mutés suite à des grèves, l’application immédiate du point d’accord relatif au paiement des salaires et accessoires de salaires des fonctionnaires des collectivités territoriales et l’application des accords d’établissement des Agences de développement.
Si ces exigences ne sont pas satisfaites, l’UNTM est déterminée à mettre sa menace de grève à exécution du 17 au 21 mai. Le syndicat se réserve le droit de reconduire l’arrêt de travail du 24 au 28 mai et n’exclut pas une grève illimitée.
Issa DEMBÉLÉ
Source: Essor