L’ancien premier ministre, Soumana Sacko propose « de placer les forces étrangères sous le contrôle politique des autorités nationales »
Alors que la polémique bat son plein autour de la présence des forces étrangères sur le territoire malien dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’ancien premier ministre, Soumana Sacko, propose de placer les militaires extérieurs sous le contrôle politique des autorités maliennes.
La polémique sur la présence des forces armées étrangères des Nations Unies et de l’opération Barkhane ne verra vraisemblablement pas un dénouement demain tant la classe politique et la société civile est divisée sur cette question. Le vendredi dernier, des centaines de milliers de personnes ont répondu à l’appel de certains partis politiques et des mouvements de la société civile pour battre le pavé à Bamako contre la présence française. Auparavant, les populations de Badiangara et de Koro, au centre du pays, avait parvenu à chasser les casques bleus dans leurs localités. Toute chose qui a suscité la colère du Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta qui n’a pas hésité lors d’une rencontre avec les forces vives à Koulouba de qualifier « les protestataires d’ennemis du Mali ».
L’ancien premier ministre, Soumana Sacko farouchement opposé au régime actuel ne semble pas de l’avis de ceux qui demandent le départ des forces étrangères. « Notre parti politique, la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) et ses partenaires regroupés au sein de l’ADPS (Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise) ont toujours estimé que, bien que l’état de délabrement de nos Forces Armées et de Sécurité ont besoin nécessairement des appuis militaires extérieurs, ceux-ci doivent être placés sous le contrôle politique des autorités nationales légitimes du Mali », a indiqué dans un communiqué cet opposant. Il estime que tout appui militaire extérieur, bilatéral ou multilatéral doit être accompagner des Forces Armées et de Sécurité malienne dans la neutralisation de toutes les forces négatives. Et Soumana Sacko d’affirmer son opposition aux forces obscurantistes qui, selon lui, mettent en péril l’intégrité territoriale et la souveraineté du Mali ou le caractère républicain, démocratique et laïc de l’Etat.
Par ailleurs, il a prévenu les puissances militaires qui interviennent au Sahel contre tout projet séparatiste. « tout pays attaché au maintien d’un partenariat sincère et gagnant-gagnant avec le Mali doit s’abstenir de toute instrumentalisation de la carte djihadiste comme variable d’ajustement territorial visant à créer un nouvel Etat au Sahel aux dépens des Républiques du Mali, du Niger ou du Burkina Faso »,a conclu le Président du CNAS-Faso Hère.
Malgré un déploiement important de l’armée française dans le Sahel pour combattre le terrorisme, plusieurs personnes des trois pays qui partagent le fuseau centre voient cette présence de mauvaise œil. La société civile et certains responsables politiques pensent que l’ex-colon profite de la lutte contre le terrorisme pour s’y installer à nouveau.
Cette situation que l’hexagone qualifie de « sentiment anti-français » semble irriter Élysée qui, par la voie de son hôte actuel le Président Emmanuel Macron, a invité les cinq dirigeants des pays du Sahel dans le sud-ouest de la France à aller donner « une clarification » par rapport à la présence de l’armée Française. « J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ? Ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions », a déclaré le Président Français lors du dernier Sommet de l’OTAN en Angleterre. Ce sommet ouvert à Pau (France) depuis hier devrait aboutir à une déclaration commune des cinq présidents du Sahel.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net