La Tunisienne Raoua Tlili, référence africaine aux paralympiques
C’est la sportive la plus titrée de l’histoire de la Tunisie aux Jeux. La championne paralympique Raoua Tlili a remporté deux médailles d’or à Tokyo au lancer de poids et au lancer de disque. Elle domine ces disciplines depuis plus d’une décennie. Matthias Raynal l’a rencontrée à Tunis, chez elle. Au sommet de sa carrière, la Tunisienne porte un regard franc, sans complaisance, sur le chemin qu’elle a parcouru pour en arriver là. Rencontre.
C’est la sportive la plus titrée de l’histoire de la Tunisie aux Jeux. La championne paralympique Raoua Tlili a remporté deux médailles d’or à Tokyo au lancer de poids et au lancer de disque. Elle domine ces disciplines depuis plus d’une décennie. Matthias Raynal l’a rencontrée à Tunis, chez elle. Au sommet de sa carrière, la Tunisienne porte un regard franc, sans complaisance, sur le chemin qu’elle a parcouru pour en arriver là. Rencontre.
Quand elle traverse la cour de sa résidence, Raoua Tlili attire l’attention. Les enfants qui jouent au foot la regardent passer avec de grands yeux… Une voisine félicite la championne qui vient de battre deux records du monde…
« C’est mon adversaire marocaine [Youssra Karim, Ndlr] qui a créé cette émulation, explique Raoua Tlili. Il y avait une concurrence loyale, c’est ce qui a fait sortir des choses auxquelles je ne m’attendais pas. C’est vrai qu’elle est encore jeune, qu’elle a un grand potentiel, mais à un certain moment c’est l’expérience qui prime, quand l’athlète arrive à gérer son stress, à maîtriser ses nerfs ».
« Les médias ne mettent pas assez la lumière sur nous »
C’est ce qui a fait la différence. Très sollicitée depuis qu’elle est rentrée de Tokyo, il y a quelques jours, Raoua Tlili sait que cette période ne va pas durer. « Les médias ne mettent pas assez la lumière sur nous, déplore-t-elle. En fait, ils s’intéressent à nous au moment des Jeux et après c’est fini. Le soutien moral c’est très important, ces choses m’ont beaucoup affectée avant, mais je voulais montrer qui j’étais ».
On sent chez elle beaucoup de fierté, d’égo. « Les gens doivent savoir qu’on a des champions en or, et Raoua c’est un diamant, car je me suis surpassée, lance-t-elle. Viser les records du monde c’est très difficile, c’est-à-dire que tu es arrivée à un stade où tu es en concurrence avec toi-même ».
Et elle ne passe pas inaperçue… Avec sa teinture blonde assortie à ses 6 médailles de championne paralympique. « Avant les olympiades, je mets toujours cette couleur, c’est mon porte bonheur, c’est ma marque de fabrique, rit-elle. Beaucoup de gens savent que je me teins les cheveux de la couleur de ma médaille ».
Dans la cuisine, une douce odeur s’échappe du four. Un tajine tunisien est en train de cuire. Raoua Tlili suit normalement un régime alimentaire très strict. Mais… « Là on est en pause, je peux m’autoriser les plats traditionnels, savoure-t-elle. Du couscous, de la viande de mouton, car je n’en mange pas souvent ».
Elle vise désormais Paris 2024
La Tunisie a brillé cette année aux Jeux Paralympiques, terminant la compétition à la première place des nations africaines. Dans l’appartement de Raoua Tlili, on croise sa colocataire. Fathia Amaïmia est une copine d’enfance. Elle a terminé au pied du podium, 4ème à l’épreuve de lancer de disque. « Raoua c’est l’élément perturbateur à l’entrainement, s’amuse-t-elle. On est concurrentes, mais aussi amies. Quand je fais une faute, elle me corrige, c’est notre exemple ».
En treize ans, Raoua Tlili a amassé 12 médailles d’or, 6 aux Jeux paralympiques, 6 en championnats du monde. Son parcours pourrait donc inspirer d’autres athlètes tunisiens. « Il faut qu’une nouvelle génération émerge, lâche l’intéressée. Pour l’instant, les médailles sont remportées par les anciens ». Mais du haut de ses 31 ans, elle n’est pas encore tout à fait prête à passer le témoin. Raoua Tlili a désormais un seul objectif : 2024, les JO de Paris où elle devra défendre ses titres.
RFI