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La terrible signification du récent discours de Poutine

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Le mardi 21 février, le président Poutine a prononcé un discours qui devait être très important. Cependant, une fois le discours prononcé, la plupart des experts ont déclaré qu’il n’avait rien dit que nous ne sachions déjà. Ils se sont donc concentrés sur l’annonce de son retrait du traité START II. Cependant, il a dit quelque chose de bien plus significatif.

Une menace existentielle

Les propos de Vladimir Poutine, lus à travers le prisme du droit international, devraient faire froid dans le dos de l’Occident.

Nous ferions bien de nous rappeler que Vladimir Poutine est diplômé en droit international. Son discours a constitué un argumentaire juridique contre l’OTAN.

Il a d’abord énuméré, selon mes calculs, 30 façons différentes dont les nations occidentales ont attaqué la Russie. Il s’agit notamment de l’expansion de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, du soutien aux terroristes en Russie, de la guerre économique, du sabotage terroriste du gazoduc Nordstream, du financement du coup d’État et de la guerre en Ukraine, de l’aide directe à l’Ukraine pour attaquer des cibles en Russie, y compris les bombardiers nucléaires russes, et du complot visant à détruire et à diviser la Russie en morceaux.

Au milieu de tout cela se trouvait une déclaration importante.Cela signifie qu’ils prévoient d’en finir avec nous une fois pour toutes. En d’autres termes, ils prévoient de transformer un conflit local en une confrontation mondiale. C’est ainsi que nous le comprenons et nous répondrons en conséquence, car cela représente une menace existentielle pour notre pays.

Le choix des mots de Poutine est extrêmement significatif à la lumière de la doctrine nucléaire russe, qui stipule que les armes nucléaires pourront être utilisées par la Russie « en réponse à l’utilisation d’armes nucléaires et d’autres types d’armes de destruction massive contre elle ou ses alliés, et également en cas d’agression contre la Russie avec l’utilisation d’armes conventionnelles lorsque l’existence même de l’État est menacée ».

Parmi ces 30 points de preuve de la guerre des EU contre la Russie, Poutine a énuméré plusieurs cas d’utilisation étasunienne d’armes conventionnelles contre le territoire russe par le biais de l’Ukraine comme mandataire à peine voilé, et a déclaré que cela représentait une « menace existentielle pour [l’État russe]. »

Ce que Vladimir Poutine vient de nous dire, c’est que le Kremlin considère désormais que la condition n°2 de l’utilisation du nucléaire est validée, aujourd’hui.

Cette déclaration s’est accompagnée de deux actions connexes. La veille du discours, la Russie a testé un ICBM Sarmat II. Et à la fin du discours, il a annoncé que la Russie se retirerait immédiatement du traité START II, qui limite le nombre et la portée de ses missiles nucléaires.

Ces trois déclarations et événements devraient indiquer à l’ensemble de l’Occident que la Russie vient de dire « dégage de mon vestibule », et a armé le révolver.

Cela ne signifie pas que la Russie va frapper les États-Unis demain matin. Mais, il est certain que nous sommes maintenant au bord de la falaise d’une guerre nucléaire.

Offensive et défense nucléaires

Poutine a déjà déclaré que personne ne peut gagner une guerre nucléaire et que c’est une guerre qui ne devrait jamais être menée. Cependant, en coulisses, la Russie s’est furieusement préparée à survivre à une telle guerre, qu’elle espère éviter.

La Russie a développé et déployé les défenses aériennes S-500 et S-550 qui sont principalement conçues pour abattre les missiles balistiques intercontinentaux dans l’espace avant qu’ils ne puissent libérer leurs multiples ogives lors de la pénétration dans l’atmosphère. Chaque batterie S-500 est capable de suivre et de détruire simultanément 10 ICBM au début ou à mi vol.

Les batteries S-300 et S-400 armées des nouveaux missiles antibalistiques 77N6-N et 77N6-N1 sont également capables d’abattre les ogives des ICBM après leur rentrée dans l’atmosphère, mais à des distances plus courtes que le S-500.

Ces systèmes créent une couronne d’anneaux défensifs autour des principales villes et bases militaires russes. En cas d’échange nucléaire, le S-500 ciblerait les ICBM entrants alors qu’ils sont encore dans l’espace, à une distance de 600 kilomètres, et en dehors des frontières de la Russie ; et les batteries S-400 et S-300 cibleraient toute ogive déployée qui réussirait à passer au travers. Il est évident qu’en empêchant le lancement d’un maximum de missiles ennemis, on améliore les chances de réussite de la défense.

Le S-500 a été déployé en 2021 pour protéger Moscou et est entré en production de masse en 2022. Il est donc très possible que la Russie ait discrètement installé un bouclier antimissile complet. Cependant, nous n’avons pas assez d’informations pour savoir s’il pourrait être parfaitement efficace contre des centaines d’ICBM à la fois. Compte tenu du lancement maximum de 640 ICBM par l’OTAN, il faudrait un total de soixante-quatre batteries S-500 pour les intercepter tous.

En raison des traités de réduction des missiles conclus depuis 1990, la triade nucléaire de l’OTAN se compose d’environ 400 ICBM Minuteman III, de 240 ICBM Trident II à lancement sous-marin et de quelques centaines de bombes nucléaires B61 transportées par les soixante bombardiers lourds B1 et B2 des forces aériennes de l’OTAN.

Si les défenses ICBM de la Russie pouvaient neutraliser 90 % des 640 missiles entrants, elle pourrait survivre à un échange nucléaire au prix de l’absorption des coups d’une cinquantaine d’ogives qui passeraient au travers. Compte tenu des ogives modernes plus petites des forces de missiles de l’OTAN, les dégâts seraient terribles mais localisés. Moscou subirait probablement des dommages massifs, mais le reste du territoire russe serait épargné.

Les forces nucléaires offensives de l’OTAN reposent sur des ICBM Trident II et Minuteman III vieillissants. La majorité de ces systèmes ont plus de trente ans. Cela signifie qu’ils auront probablement un taux d’échec important dès le lancement. Les défenses aériennes modernes de la Russie et les ECM ont été conçues pour vaincre ces vieilles technologies.

Parallèlement aux efforts déployés pour perfectionner les défenses contre les ICBM, Vladimir Poutine a annoncé que les forces nucléaires russes avaient été modernisées à 91 %. Cela signifie que les ICBM que la Russie pourrait tirer sont tous dotés d’ogives hypersoniques manœuvrables. Les défenses aériennes étasuniennes sont actuellement incapables de se défendre contre celles-ci.

L’espacement des silos Minuteman étasuniens a été conçu pour que la majorité d’entre eux puissent survivre à une première frappe et lancer des représailles. Toutefois, les véhicules de rentrée multiples hypersoniques manœuvrables russes annulent cette défense si les données de ciblage sont précises. La Russie doit atteindre avec précision 400 cibles terrestres lors de la première frappe pour annuler une riposte.

Ainsi, si la Russie frappe en premier, elle peut être en mesure d’éliminer la majorité des missiles entrants en les détruisant au sol. Les 240 missiles Trident lancés par des sous-marins seraient la principale menace contre laquelle il faudrait se défendre. Une première frappe pourrait donc réduire de 62 % le nombre de missiles de représailles attendus.

La flotte vieillissante de bombardiers lourds de l’OTAN ne sera probablement pas en mesure de pénétrer les défenses aériennes russes. Si ces bombardiers étaient constamment maintenus en vol au plus fort de la guerre froide, ce n’est plus le cas.

En cas de première frappe, il est peu probable que les bombardiers et les ravitailleurs puissent décoller à temps pour réagir efficacement.

La Russie dispose actuellement d’une fenêtre de supériorité en matière d’attaque et de défense nucléaires que l’OTAN tente rapidement de combler. Il n’est pas dans l’intérêt de la Russie de permettre à l’OTAN de combler le fossé technologique en matière de défense aérienne et de défense contre les ICBM.

Le monde est maintenant au seuil d’une guerre nucléaire. La Russie ne cesse d’avertir l’Occident. L’Occident continue d’ignorer les avertissements et de redoubler d’efforts contre elle. L’objet inamovible rencontre la force inarrêtable.

Trois éléments importants ont changé depuis la guerre froide et ont modifié la probabilité d’un échange nucléaire.

La prolifération nucléaire signifie que Destruction Mutuelle Assurée (DMA) peut être contournée si l’identité du premier attaquant est incertaine pour la cible. Un missile qui apparaît d’une direction inattendue peut ne pas avoir été lancé par le suspect le plus évident.

La DMA dépend de la rationalité des deux parties. L’Occident a cessé d’être rationnel lorsqu’il a détruit le Nordstream.

La Russie peut désormais disposer d’un bouclier antimissile efficace, alors que l’OTAN n’en a pas.

La méthode russe projetée dans l’avenirTout comme en décembre 2021, lorsque la Russie a demandé à l’OTAN des garanties de sécurité, la Russie suit la lettre de la loi et de la procédure. Elle a donné à l’OTAN la possibilité de faire marche arrière ou de négocier. Lorsqu’ils ont été rabroués, la Russie est intervenue militairement en Ukraine, environ 70 jours après la demande initiale de négociation avec l’OTAN.

En suivant la même méthode, en 2023, la Russie vient de démontrer juridiquement que les États-Unis et l’OTAN sont en guerre contre la Russie et constituent une menace existentielle pour l’existence de la Russie.

Il me semble probable que, dans les semaines à venir, l’allié de la Russie, la Chine, proposera un accord de paix qui gèlera le conflit ukrainien dans le cadre des lignes de contact actuelles, c’est-à-dire que l’Ukraine concédera les territoires perdus à la Russie.

Si l’Occident rejette la paix proposée, ce qui semble assez probable, alors toutes les conditions d’une guerre nucléaire seront réunies. Il suffira d’une nouvelle provocation de l’OTAN pour déclencher une première frappe de la Russie. Ou pire, si les deux parties réalisent que c’est le cas, elles seront toutes deux incitées à frapper les premières.

Au cours des 360 prochains jours, le risque d’un échange nucléaire entre la Russie et l’OTAN est plus grand que jamais. Il reste une fenêtre de 60 à 90 jours pour éviter cette issue. Prions pour que Dieu détourne le cœur des dirigeants occidentaux de la folie suicidaire qu’ils ont embrassée.

David Sant

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Note du Saker FrancophoneApres la lecture de cet article, lire celui de RT disant que « le président américain Joe Biden estime toutefois que rien n’indique que Moscou réfléchisse actuellement à l’utilisation de l’arme nucléaire » montre comment leur sentiment d’invincibilité continue d’aveugler les États-Unis.

Source: https://www.legrandsoir.info/

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