La question de savoir qui profitera des vivres largués, ne se pose pas dans des telles conditions.
Ce qui est inquiétant, c’est le mode opératoire des terroristes. En dehors de l’occupation en 2012 des régions du Nord, les terroristes ont toujours employé des modes opératoires pour attaquer, piller et retourner dans leurs zones.
L’occupation de farabougou n’est pas le même mode opératoire d’attaques. On parle de plus de 3000 individus cloîtrés sous la menace. Si c était pour les massacrer, il allait avoir un carnage bien avant aujourd’hui. Mais tous les projecteurs sont orientés vers farabougou et les autres localités proches.
Il n’y a aucune opération commando qui peut foncer droit sur les terroristes, sinon, tout le monde y restera, même les villageois. De la même manière qu’ils ont fait sauté le pont, de la même manière, ils peuvent miner tout le village pour que tout le monde y reste. Celà serait vue comme la plus grosse catastrophe commise par l’armée. Et ce sont les mêmes propagandistes qui trouvent absurde de larguer des vivres, qui manifesteront leur indignation.
Il faut gagner du temps.
Des villageois mourront de faim certes, mais l’importance, c’est d’en sauver pour ne pas condamner tout le monde à la fois.
L’autre aspect inquiétant, est de savoir pourquoi un tel type d’opération, en plein sud du Mali? Segou est connu comme la région militaire du Mali.
Foncer sur une grande ville militaire comme Segou, n’est pas une solution pour des groupes qui ne sont pas nombreux numériquement, et ne sont pas organisés stratégiquement.
Ce qu il faut craindre, ce sont les mêmes types d’opérations dans d’autres régions du sud et de façon simultanée. Parce qu’à première vue, les terroristes veulent créer plusieurs fronts en même temps pour affaiblir les forces de défense, parce qu’impossible d’être partout à la fois.
Nous sommes en guerre. Celà veut dire que des gens mourront inévitablement. Mais anticiper la guerre sur ses propres zones de défense conduit à l’échec et la désolation totale.
Il y a beaucoup d’autres Farabougou, non seulement dans la région de segou, sikasso, koulikoro, et jusqu’à kayes. Et personne ne peut dire qu’il n existe pas des cellules terroristes dans ces zones.
Attirer toute l’attention sur 3000 âmes, là où des centaines de milliers d’autres âmes peuvent être détruites, c’est résumé la situation à une simple opération contre un village. C’est une menace réelle et elle est nationale. Même Bamako n’est pas épargné, puisqu’il peut exister des cellules dormantes qui attendent une avancée pour s’activer.
Nous ne connaissons pas la guerre et les dégâts qu’elle cause. Raison pour laquelle nous demeurons dans le sensationnel. Ceux qui crient aujourd’hui, peuvent être plus en danger dans les semaines ou les mois à venir que les villageois de farabougou. C’est pour celà qu’il serait judicieux de se préparer à toutes les hypothèses pour se tenir prêts et ensemble.
L’armée malienne n’a reçu ni la formation, ni les équipements militaires, ni la stratégie nécessaire pour faire face à un tel type de guerre. C’est la guérilla. Elle disloque facilement les armées conventionnelles. La réponse populaire est imminente. Dieu n’enverrait personne pour nous sauver. C’est une question de responsabilité. Et il faut s assumer ou périr. Les terroristes nous ont déjà infiltré. Et c’est de l’intérieur que le combat se fera, à moins de bombarder tout le monde à la fois.
Le Mali n’a jamais connu une telle situation de menace depuis l’Indépendance. Le Burkina avait compris l’importance de lever une armée de volontaires pour appuyer l’armée conventionnelle.
Si ces terroristes parviennent à nous pénétrer, ils nous feront subir toutes les atrocités humaines que nous croyons impossible jusque-là. Surtout avec cette façon inconsciente et insouciante dans un laisser-aller généralisé qui est devenue la nature du malien qui se croit rentré dans l’histoire.
Ils n’ont pas fait des milliers de kilomètres et perde des hommes pour juste venir voir vos beaux yeux. Soyez en sûr…
Touré Abdoul Karim
Source: Malijet