La crise bancaire, les problèmes structurels de l’Europe et l’accélération de la dédollarisation vont modifier radicalement le système financier et économique mondial, affirme à L’Afrique en marche l’économiste Gilles Walter
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“Les banques centrales, notamment américaine et européenne, avec leurs politiques monétaires ont une grande responsabilité dans la crise actuelle qui constitue un précédent jamais vu dans l’économie mondiale depuis au moins la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, elles ne sont pas les seules responsables. C’est tout le système financier et monétaire international, avec ses banques et sociétés transnationales, qui est responsable de la désintégration de l’économie réelle au profit de la finance, engendrant une dette à un niveau astronomique, dont le remboursement est quasiment impossible”, affirme à Radio Sputnik Afrique l’économiste français Gilles Walter.
Pour lui, “l’Europe est la région du monde qui risque de souffrir le plus de cette nouvelle crise, et ce pour plusieurs raisons: la dépendance de l’euro au dollar, la faiblesse économique des pays européens, notamment en termes de production industrielle et agricole, et enfin la crise énergétique et les besoins en matières premières, notamment stratégiques”.
Dans le contexte actuel, bien que le dollar est appelé à jouer encore un rôle important dans l’économie mondiale, la dynamique de dédollarisation des échanges commerciaux ne fait que s’accélérer depuis le début de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine. La Russie, la Chine et l’Inde, rejointes actuellement par l’Arabie saoudite et l’Iran, sont déterminées à abandonner le dollar dans les paiements des hydrocarbures et de leurs dérivés.
Après la fin de l’hégémonie du dollar américain, estime Gilles Walter, le développement le plus probable “est la constitution de zones économiques et monétaires régionales. On aura évidemment encore une zone dollar. Mais on aura certainement des zones liées respectivement au rouble russe, au yuan chinois et à la roupie indienne. Ce sont des choses qui sont acquises, qui vont se constituer au fur et à mesure”. L’économiste suggère que l’Afrique deviendra également une zone de ce type – une zone monétaire et économique à part entière, ou peut-être plus rattachée à certaines autres. “Pour moi, ce n’est même pas évident qu’il y aura une zone euro. Dans la situation actuelle, il est même très probable que l’Europe va intégrer d’une façon ou d’une autre la zone dollar, mais comme un satellite”, ajoute-t-il.
Source: https://fr.sputniknews.africa/