La crédibilité de Mahmoud Dicko en cause : Sa notoriété et son avenir politique risquent d’être grillés
«Il faut une longue expérience pour connaitre le cœur de l’homme. Je m’imaginais, lorsque j’étais jeune, que tous les hommes étaient sincères, qu’ils mettaient en pratique tous ceux qu’ils disaient: en un mot, que leur bouche était toujours d’accord avec leur cœur. Mais maintenant que je regarde les choses d’un autre œil, je suis convaincu que je me trompais. Aujourd’hui j’écoute ce que les hommes disent, mais je m’en tiens jamais à ce qu’ils disent, je veux savoir si leur paroles sont conformes à leurs actions.» (Conficius).
L’on se souviendra encore longtemps que l’Imam Mahmoud Dicko a participé à la lutte contre Moussa Traoré en qualité de jeune musulman. Dès lors, il ne manque pas d’occasion pour se faire entendre des Maliens supposés être à 90% musulmans. En tout cas, aux dires de certains, ses démêlés avec Soumeylou Boubèye Maïga et Boubou Cissé s’expliqueraient par le fait que ces derniers auraient arrêté le paiement de certains avantages liés à sa notoriété sur l’échiquier religieux.
D’abord il a mobilisé les gens contre Soumeylou Boubèye Maiga et fut aidé à cet effet par des politiciens notamment de l’Adema. La suite, on la connait: Le Premier a été contraint de rendre le tablier.
Contre Boubou Cissé, Mahmoud Dicko a réussi la mobilisation en sa qualité de membre influent de Mouvement du 5 juin 2020. Là aussi, la suite est connue: lorsque les manifestants étaient à couteaux tirés avec le président Ibrahim Boubacar Keita(IBK), l’armée est intervenue pour clore le débat. Dès lors Dicko a décidé de retourner dans sa mosquée. Mais pouvait-il y rester longtemps ?
Une première discorde a opposé Dicko à certains membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), notamment au sujet du départ d’Ibrahim Boubacar Kéita: pendant que certains exigeaient la démission du président, Dicko estimait que ce n’était pas une exigence du mouvement. IBK est tombé, le 18 aout 2020. Une transition s’est mise en place avec Bah N’Daw comme président et Moctar Ouane, Premier ministre.
Selon certaines indiscrétions dans ce gouvernement l’Imam Dicko a ses proches. Dans le Conseil national de la transition (CNT) on retrouve son beau-fils, porte parole du M5-RFP en la personne d’Issa Kaou N’Djim. Mais le constat qui s’impose aujourd’hui, c’est que Mahmoud Dicko, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, n’a pas bénéficié jusqu’ici de dispositions pouvant récompenser ses «efforts» en qualité de leader influent et du monde musulman et du M5-RFP. C’est bien là une source de déception pour lui.
Avec certains membres du M5-RFP, la lune de miel semble bien révolue. En tout cas, sur fond de crise de confiance aigue au sein de ce mouvement entre Dicko et les autres, celui-là ne serait plus le bien venu. Comme pour dire que du côté de la Transition l’Imam Mahmoud Dicko ne se retrouve plus. Surtout parce que, aux dires des gens, celle-ci a coupé les sources de pourboire lié au statut de notoriété et de privilèges que le régime IBK avaient accordés à certaines personnalités religieuses et des familles fondatrices de Bamako.
Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui c’est que Dicko va devoir attendre encore longtemps les pourboires. En tout cas, du côté du M5-RFP et de la Transition, sa crédibilité a pris un sérieux coup. Parce que l’homme peut dire ce qu’il ne pense pas, penser ce qu’il ne dit pas et faire ce qu’il ne dit pas tout haut. Est-ce une intention que l’on prête à Dicko ?
En tout cas dans son ouvrage intitulé ‘‘Le Grand livre de l’Afrique’’, Nicolas Normand a dit que Mahamoud Dicko voulait fonder au Mali une République Islamique pour en être le Président. Ce projet, s’il se confirmait, ajoutera un plus à la perte de crédibilité de cet homme. Hier, Dicko bénéficiait d’une admiration pieuse. Les Maliens sont-ils entrain de découvrir son autre face ? Lisons pour le besoin de la cause ce visionnaire et moraliste de la Chine antique.
Il a écrit: «Il faut une longue expérience pour connaître le cœur de l’homme. Je m’imaginais, lorsque j’étais jeune, que tous les hommes étaient sincères, qu’ils mettaient en pratique tous ceux qu’ils disaient : en un mot, que leur bouche était toujours d’accord avec leur cœur. Mais maintenant que je regarde les choses d’un autre œil, je suis convaincu que je me trompais. Aujourd’hui j’écoute ce que les hommes disent, mais je m’en tiens jamais à ce qu’ils disent, je veux savoir si leur paroles sont conformes à leurs actions.» (Conficius).
La seule certitude aujourd’hui c’est que si l’Imam Dicko continue à enregistrer autour de lui les crashs de ces derniers temps, son avenir politique et sa notoriété (pour ce qui en reste !) seront grillés.
Fodé KEITA
Source: Inter De Bamako