La Corée du Nord procède à des tirs d’essai d’un nouveau «missile de croisière longue portée»
Pyongyang a effectué avec succès des tirs d'essai d'un nouveau « missile de croisière longue portée » durant le week-end, ses premiers tirs depuis mars, a annoncé l'agence officielle KCNA ce lundi. Ce qui a suscité l'inquiétude de Tokyo et Washington face aux « menaces » sur les voisins du pays de Kim Jong-un.
« Cette activité souligne le développement continu par la Corée du Nord de son programme nucléaire et les menaces que cela fait peser sur ses voisins et la communauté internationale », a réagi le Pentagone dans un communiqué. Les précédents tirs nord-coréens en mars en mer du Japon, avaient déjà été interprétés comme un signe de défi à l’égard de l’administration du président américain Joe Biden, en place depuis janvier.
Les missiles, dont KCNA a publié des photos, ont parcouru une trajectoire de 1 500 kilomètres, avant d’atteindre leur cible, non spécifiée par l’agence, qui célèbre des « armes stratégiques de grande importance ».
Ces missiles de croisière longue portée, s’ils sont confirmés, représenteraient une avancée technologique pour la Corée du Nord, selon les analystes. L’armée sud-coréenne, qui est habituellement la première source d’information sur les tirs nord-coréens, n’a pas confirmé ce tir dans un premier temps. « Nos militaires mènent une analyse détaillée, en coopération étroite avec les renseignements sud-coréen et américain », a prudemment réagi l’armée à Séoul.
Les missiles qui ont été testés ce week-end restent une provocation de moindre portée, car la Corée du Nord est uniquement bannie par l’ONU de l’utilisation de missiles balistiques et non pas de croisières, précise notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca.
Un missile qui « représente une menace considérable »
Tel qu’il est décrit, ce missile « représente une menace considérable », s’inquiète Park Won-gon, spécialiste de la Corée du Nord à la Ewha Womans University, interrogé par l’AFP. « Si le Nord a suffisamment miniaturisé les têtes de ses missiles nucléaires, elles peuvent aussi être chargées sur des missiles de croisière », spécule-t-il, redoutant de nouveaux tests, « fort probables ».
« L’efficacité de ce système d’armement a confirmé son excellence », vante l’agence officielle nord-coréenne, célébrant une « arme de dissuasion » destinée à « contrer les manœuvres militaires des forces hostiles ».
La reprise des tirs d’essai est une réponse aux exercices conjoints des armées sud-coréenne et américaine le mois dernier, estime Park Won-gon. Cette manœuvre de Pyongyang intervient aussi quelques jours après que la Corée du Sud a annoncé un tir d’essai d’un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) de sa propre fabrication.
Jeffrey Lewis, du Middlebury Institute for International Studies, s’inquiète lui aussi d’un nouveau type de missile capable d’atteindre des cibles en Corée du Sud et au Japon : « C’est un nouveau système, fait pour passer sous les radars de défense antimissile. »
Le gouvernement japonais s’est dit « inquiet » ce lundi, par la voix du porte-parole du gouvernement, Katsunobu Kato. Tokyo, a-t-il ajouté, continuera à collaborer étroitement avec les Washington et Séoul pour surveiller l’évolution de la situation.
Les États-Unis « continueront de surveiller la situation et consulteront de façon étroite nos alliés et partenaires », a confirmé le Pentagone La puissance américaine a réitéré son engagement, « résistant à toute épreuve », à défendre la Corée du Sud et le Japon contre Pyongyang.
Près de 28 500 soldats américains sont stationnés dans le sud de la péninsule coréenne. Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent à la Corée du Nord la poursuite de ses programmes d’armements nucléaires et de missiles balistiques.
Mais bien que frappé par de multiples sanctions internationales, le pays dirigé par Kim Jong-un a rapidement développé ces dernières années ses capacités militaires.
RFI