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La Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) : Encore de quoi se vanter ?

Meguetan Infos

Des heures sans doute sombres pour l’organisation communautaire ouest africaine. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) créée pour renforcer les liens de coopération, d’intégration et de libre circulation entre ses États membres, ne sait plus où donner de la tête. Face à des tentations grandissimes et incontrôlées, la CEDEAO semble perdre tous ses repères de légitimité et de crédibilité à l’endroit des différentes populations se sentant de plus en plus ignorées par leurs dirigeants respectifs.

La CEDEAO

Créée en 1975, elle devenait l’organisation qui allait pouvoir apaiser l’enfer que vivaient les différentes communautés en termes de rapprochement, de développement (industriel, technique, technologique et économique), de création d’emplois, et de libre circulation des personnes et de leurs biens. Avec sa création, elle s’engageait à œuvrer pour le respect des ordres institutionnels et constitutionnels au sein des États concernés, à incarner les besoins et préoccupations des communautés, d’offrir à ces dernières des cadres de vie décents et un accès ouvert à tous aux opportunités.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) conformément à la volonté nourrie à sa création voudrait également un outil de respect des droits et libertés des communautés et de lutte contre tous types de leurs violations. L’espoir tant gardé portait peut-être enfin ses fruits pour des habitants qui sont considérés parmi les plus pauvres de la planète. La gestion des frontières et la lutte contre toutes formes de délinquance occupent également une place importante dans les politiques d’orientation de ladite communauté.

Cependant, on se rend compte que ces politiques d’orientation portant Charte de la CEDEAO restent caduques et qu’on ne s’en sert pas, du moins qu’on n’arrive pas à le faire compte tenu des agendas invisibles de chacun des États tenus par des intérêts particuliers et non communautaires pour le bien-être des populations et la survie de l’Organisation.

Réunissant en son sein au total quinze (15) États, aux langues et contextes socio-politiques différents, des États aux visées et intérêts divergents le plus souvent et le tout, des exigences internes très diverses et dont les gestions ne peuvent être coordonnées, sont ceux qui forment la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest. Elle sait recourir souvent à ses prérogatives pour justifier sa création. Des interventions en tant qu’observatrice électorale par le biais de ses observateurs déployés dans les pays concernés, rétablir l’ordre et maintenir la paix et la stabilité dans un pays et prévenir les conflits et les violations des droits humains. Cette CEDEAO malheureusement peine à se tirer de cette zone de turbulence dont elle se trouve depuis deux ans notamment avec les multiples coups d’État qui ne lui ont pas été profitables.

Du Mali en Guinée Conakry en passant par le Burkina Faso et enfin le Niger, le soleil semble être au zénith n’offrant plus la moindre ombre aux dirigeants de la CEDEAO qui enregistrent des cotes de popularité très basses de par leur manque de transigeance et d’apport de soutiens aux pays frères dans le besoin.

Dans la CEDEAO, on n’est plus à ses années d’usurpation, de démagogie et de profits contre les peuples. Il est évident que tout est voué à manipuler le plus grand nombre de gens pour renforcer le poids de l’Organisation et amener les gens à réitérer leur confiance et exclure leur méfiance à son égard. Même si la désinformation de masse est répandue et poste en posture universelle, les peuples savent où aller dorénavant, avec qui coopérer, le type de coopération à privilégier et l’intérêt à porter sur les choix économique, diplomatique, politique et stratégique des potentiels partenaires.

 

La CEDEAO des putschistes et la CEDEAO des élus !

On assiste depuis 2021 à un bras de fer costaud entre la CEDEAO légalement connue et celle qui s’avance à pas lents même si elle demeure implicite. Le Burkina Faso, la Guinée Conakry, le Mali et le Niger ont tous enregistré des renversements de pouvoir anticonstitutionnels mais justificatifs sous un autre angle. La CEDEAO des élus a peut-être échoué à éradiquer les causes des frustrations populaires récurrentes, synonymes des manifestations aboutissant aux interventions militaires.

Les peuples de l’ensemble des États de l’Organisation prônent le respect constitutionnel, la bonne gouvernance, l’intégration, la transparence, l’alternance, la création et la promotion d’emplois, mais malheureusement se retrouvent pris en otage par leur mandat avec leur lot d’instrumentalisations institutionnelles et de tripatouillages constitutionnels taillé à leur mesure. C’est une manière de faire remarquer aux gouvernés qu’ils ne sont pas maitres de leur destin et créant chez eux des sentiments d’abandon et livraison à eux-mêmes.

C’est ce qui expliquerait dans ces pays concernés par des putschs cette nouvelle envie de faire autrement la politique au plan interne, d’ouvrir l’accès à tous et quand on sait déjà qu’ils connaissent déjà les mêmes problèmes socio-politiques et sécuritaires qui durent depuis plus d’une décennie. C’est dans ce sillage que les trois (03) États durement touchés par le terrorisme et l’extrémisme violent que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont décidé dorénavant d’être garants de leur sécurité, en se serrant mutuellement les coudes, avec la mise en place de la charte du «Liptako Gourma» d’où la zone des trois frontières, instituant création de l’Alliance des États du Sahel dans un contexte marqué par le brandissement de la menace d’intervention militaire de la CEDEAO au Niger après le renversement de Mohamed Bazoum en juillet dernier. Nul doute qu’on entre dans une nouvelle ère politique, diplomatique et sécuritaire dans la région ouest africaine.

 

La CEDEAO, une légitimité révolue ?

«La CEDEAO n’aurait pas du lever les sanctions contre le Mali et peut-être que ça aurait permis d’éviter les coups d’État qui ont suivi». Cette déclaration est du président bissau-guinéen dans un entretien accordé à la RFI. Après l’agenda transitoire du Mali proposé à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), cette dernière abasourdie par la durée de la transition décida de durement frapper le Mali par un train de sanctions arrimé à celui de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), inhumain, illégal et illégitime d’après les termes de l’exécutif de l’État concerné. Ces sanctions dureront sept (07) mois.

En science politique, il revient que la légitimité est le pouvoir du peuple. Il est celui qui donne au mandat sa reconnaissance. Cette légitimité fait fi à la CEDEAO depuis ses sanctions prises contre le Mali, poussant à l’émoi l’ensemble des peuples de l’organisation mais aussi également ceux des autres régions.

La CEDEAO aurait dû penser un temps soit peu aux souffrances et aux requêtes de la population malienne dans son ensemble, se mettre à son chevet surtout à un moment où elle en avait le plus besoin. Il lui est également reproché de ne jamais s’attaquer aux causes des changements anticonstitutionnels, mais prête à sanctionner les auteurs qui pourtant sont ceux qui subissent en premier les lourdes conséquences.

Donc, il est impératif que cette organisation tant critiquée faisant même l’objet de certains appels au retrait, doit donner plus d’estime à ses textes qui selon moi n’ont aucune faille et sont bien portants pour répondre aux cris des communautés. Le message est pour les différents chefs d’État à faire face à leurs responsabilités face à leur peuple, à rompre avec cette mentalité de l’Africain inconscient et enfin à se mettre en évidence que les temps ont muté et que l’heure n’est plus aux beaux discours mais plutôt aux actions visant à l’identification et à la défense des intérêts communs.

Ainsi, les sanctions contre le Mali et récemment contre le Niger ont davantage attisé la rupture entre cette organisation qu’est la CEDEAO (les dirigeants) et les peuples qui ne sentent plus leurs préoccupations présentes et futures prises en compte par ceux à qui ils ont confié leur économie, leur sécurité et leur épanouissement futur.

Les prochains mois seront déterminants dans cet espace géographique de l’Afrique, déterminants pour la survie et la sauvegarde de la légitimité de la CEDEAO, déterminants également quant aux dispositions et rouages de la nouvelle alliance militaire et sécuritaire réunissant les pays du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

On dira que la CEDEAO de sa création à nos jours, passant en revue ses ambitions et objectifs pour une région épanouie, n’a jamais réussie à atteindre lesdits objectifs et ce même si des jalons ont été posés puisque jusqu’à présent les maux sont présents et pressants rendant encore plus profondes les souffrances des peuples. Il est cependant urgent d’appeler la CEDEAO à plus d’engagement, de transigeance et de respect de ses textes si réellement elle tient à ses réalisations fixées et le tout par des programmes politiques de bonne gestion pouvant imbriquer les aspirations communautaires.

Amadou O. WANE, Titulaire d’une Licence en Droit public à la Faculté de Droit de Fès (Maroc) et en phase de soutenance (Master2 en cours) en Science Politique à Dakar. Spécialiste et Consultant junior des Relations Internationales et des Questions de Droits de l’Homme, Politiques et Géopolitiques

Inter De Bamako

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