Située au sud-est de Sémé et au nord-ouest de Toumboudala, Boudofo est une commune de Kita, cercle de Kayes. Dans cette localité, la vaccination contre la Covid-19 peine à décoller. Et pour cause : les vaccinateurs ne manquent pas de zèle. Conséquence : les candidats à la vaccination se font désirer.
Selon Gody Coulibaly, vaccinateur au CSCom de Boudofo, la vaccination se fait mais de façon très timide. « Nous sommes juste trois vaccinateurs dans notre centre. Nous nous organisons comme on peut pour sensibiliser sur l’importance de la vaccination. Nous procédons aux vaccinations également », explique notre interlocuteur.
Dans le village, habitants et vaccinateurs se rejettent les raisons de la faiblesse du taux. Pour les premiers, les vaccinateurs ne sont pas disponibles. « Difficile de trouver les trois préposés sur place. Si on doit venir passer la journée pour un vaccin, vous voyez ce que cela fait », se justifie un habitant de Boudofo.
Les quelques-uns qui viennent se faire vacciner sont des cultivateurs. Ils sont motivés par le fait qu’ils prévoient de voyager. C’est le cas de Mamadou Coulibaly, dans la cinquantaine.
« En réalité, au début je ne croyais pas du tout en l’efficacité du vaccin. J’avais un voyage prévu sur la Côte-d’Ivoire, on m’a informé que pour voyager, il fallait impérativement faire le vaccin. Du coup, je l’ai finalement fait. Cela ne date que de quelques mois. Heureusement que je n’ai rien eu comme effet secondaire », a-t-il dit.
Pour les vaccinateurs, Boudofo est hors du temps. Malgré la réalité de la maladie, les populations pensent qu’elles sont loin des zones de prolifération de la maladie. « Ici, malgré les explications, beaucoup pensent que la vaccination n’est pas nécessaire chez nous ici », explique Gody Coulibaly.
En plus, à son avis, beaucoup de villageois sont sceptiques sur le vaccin et ses conditions de conservation. « On a beau leur dire que la chaîne de concertation est respectée, que nous avons les moyens de conserver, il n’en demeure pas moins que toutes les questions tournent autour de la conservation », ajoute Gody Coulibaly.
La réalité est que la grande majorité de la population de cette commune a encore besoin d’être sensibilisée sur l’importance de la vaccination contre la Covid-19. Certains ne savent toujours pas comment se fait la vaccination, ou vers qui se diriger tout simplement parce qu’ils ne sont suffisamment convaincus de l’existence de la Covid-19.
Boudofo est une zone rurale, mais, de plus en plus, une zone de départ des migrants. « Nous comptons entrer en contact avec les parents qui sont à l’exil pour les impliquer dans la sensibilisation », explique Gody Coulibaly.
En effet, à son avis, à Boudofo surtout, les villageois écoutent plus les parents qui sont dans les grandes villes, singulièrement ceux qui sont en Europe. « En les utilisant, on aura plus de résultats et plus d’adhésions », dit-il.
Aminata Agaly Yattara
Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journaliste pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada
Mali Tribune