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Kidal : une menace réelle pour la stabilité du Mali et du Sahel ?

Aux yeux de nombre de Maliens, même au-delà, Kidal représente le « nœud gordien » qui doit être tranché pour mettre fin à la crise. Mais quelle est réellement la situation dans cette région ?, s’interroge le blogueur et analyste politique, Mohamed Ag Assory.

S’il y a une question qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive ces dernières semaines, c’est bien l’épineuse situation de Kidal. Depuis les propos du Président nigérien, Mahamadou Issoufou, chacun y va de son petit commentaire, à tort ou à raison.

Pour l’écrasante majorité des Maliens, sur les réseaux sociaux, tant que Kidal ne revient pas sous le giron gouvernemental, la situation ne se réglera pas : ni au Nord, encore moins au Centre. Au-delà du « fantasme nationaliste » et du « mythe » de Kidal, qu’en est-il réellement ?

Une ville militarisée
Kidal est la 8ème région administrative du Mali. Elle compte 4 cercles et 11 communes pour une population de 67 101 individus, selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2009.

Il est important de préciser qu’en plus de la région, le cercle, la commune et le chef-lieu de la commune portent également le nom de « Kidal ». S’agissant des différents commentaires sur les réseaux sociaux, on a l’impression que c’est de la ville de Kidal qu’il s’agit. Or, la ville de Kidal est fortement militarisée. Elle enregistre la présence des groupes armés, des forces internationales et d’une unité du Mécanisme opérationnel de coordination (qui comprend des éléments des forces armées maliennes et les ex-rebelles).

Logiquement, la ville elle-même ne saurait représenter une menace avec cette forte concentration de forces. Cependant, elle reste également l’objet d’activités des cellules dormantes des groupes terroristes, qui y posent des mines et s’y adonnent à des assassinats ciblés contre des responsables des groupes armés signataires soupçonnés de collaboration avec la force française.

Qui contrôle le reste ?
Les groupes armés signataires sont positionnés dans certaines parties de la région, avec des unités à Aguelhoc, Tessalit, Talahandak, Annefis, Tinzawaten, etc. Les casques bleus sont postés à Aguelhoc et Tessalit, la force française à Tessalit avec des unités des Forces armées maliennes.

Les forces internationales et les groupes armés contrôlent relativement les localités importantes, mais le reste demeure sous l’influence des groupes terroristes, comme un peu partout au centre et au nord du pays.

Cette présence des terroristes ne signifie pas pour autant qu’ils sont visibles : ils y sont certes, mais se déplacent par petits groupes, campent en petites escouades pour échapper à la traque de la force Barkhane.

De Mopti, voire Ségou, à Gao, en passant par Tombouctou et Kidal, il est un constat unanime que les zones rurales sont sous le joug des groupes terroristes, dont les unités (katibas) pullulent de jour en jour.

Un éventuel redéploiement des forces armées reconstituées ne se fera que dans le même schéma dans la région de Kidal. Par conséquent, la question est de savoir si cela aurait un impact mesurable sur le terrain hormis le symbole que représente leur présence.

Connivences
S’agissant de cette question, il est important de faire un petit retour en 2012. A l’époque, plusieurs personnes avaient rejoint les groupes terroristes, de gré ou par opportunisme pour certains, et de force pour d’autres. Une grande partie des combattants des groupes armés signataires avaient à un moment ou un autre travaillé avec ou pour les groupes terroristes.

Depuis l’intervention franco-africaine, tous ceux qui n’épousaient pas profondément les dogmes djihadistes se sont démarqués de ces derniers pour créer leurs propres tendances.

Aujourd’hui, il serait suicidaire pour les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation (APR), qui ont un agenda politique, de s’associer aux terroristes au risque de se voir mis au ban par la communauté internationale. Et les responsables politiques des mouvements ex-rebelles en sont conscients !

Pour qui connaît toute rébellion et l’indiscipline de ses troupes, il est invraisemblable que tous les éléments soient au pas et suivent les lignes des directoires politiques. Il n’est pas à exclure que des membres des groupes armés, pour des raisons personnelles et surtout pécuniaires, travaillent en collaboration avec les terroristes sur des opérations ponctuelles. Car, avant tout, les groupes terroristes représentent une manne financière : cela fait partie intégrante de leur stratégie pour appâter plus de recrues au sein des populations.

Source : benbere

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