Kidal : la double facette de la CMA !
Peu à peu, Kidal, la capitale des Ifoghas, respire le Mali, l’ensemble national. Après la visite d’une délégation ministérielle le 25 janvier 2021 pour la pose de la première pierre de la maison des jeunes de la ville, la 42è session du Comité de suivi de l’Accord vient de tenir dans la cité interdite aux officiels maliens.
Cette délégation pour la pose de la première pierre de la maison des jeunes de la ville comprenait quatre ministres. Il s’agit de Modibo Koné de la Sécurité et de la Protection civile; d’Ismaël Wagué de la Réconciliation nationale ; Dr Fanta Siby de la Santé et du Développement social et Lamine Seydou Traoré des Mines, de l’Energie et de l’Eau. Et de deux. Ce 11 février 2021, à la grande satisfaction des Nations unies, la 49è session du Comité de suivi de l’Accord s’est tenue à Kidal, sans incident majeur. A cette occasion, les couleurs nationales (vert-jaune-rouge) ont été hissées sur les bâtiments publics. Une première depuis plusieurs années. Ce geste d’apaisement des ex-rebelles est un gage pour la décrispation de la crise entre Kidal et Bamako. Un geste qui prouve à suffisance que Kidal est en train de revenir à la raison, aux meilleurs sentiments. Au-delà du coup médiatique, c’est une véritable avancée de la réunification de la République du Mali. C’était incroyable que cette ville accepte aussi facilement le retour du drapeau national. L’ex-rébellion est-elle sincère ? En effet, l’attitude de la CMA du 11 février dernier tranche avec sa décision n°0011/Pdt de la CMA, portant création d’une zone de défense et de sécurité dans le Gourma. D’ailleurs, la CMA a vigoureusement répliqué au communiqué de condamnation rendu public par le gouvernement de transition. Elle a nié en bloc la nouveauté de ladite zone. La CMA a même qualifié le communiqué du gouvernement d’« allégations fondées sur des passions et sous la pression de la rue au détriment de la vérité du terrain ». Pour la CMA, la zone de Gourma n’est pas une création nouvelle, mais une ancienne zone qui relevait de la zone de Haoussa (rive gauche du fleuve de Gao). Elle affirme que cette zone militaire existait depuis la signature du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et bien avant la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. La CMA qualifie ‘’d’allégations non constructives’’ la réaction du gouvernement face à son communiqué. Si l’attitude de Kidal est sincère, pourquoi créer ou maintenir une zone de défense à l’intérieur d’un même Etat ? Ou le communiqué de la CMA visait à préparer les esprits à Kidal pour la tenue de la session du CSA ? Faut-il montrer à la population son ‘’arrogance’’ malgré sa présence dans le gouvernement de transition ? « La Coordination des mouvements de l’Azawad exprime toute son indignation, son étonnement et sa préoccupation face à de telles réactions pour les moins surprenantes et non constructives du gouvernement au moment où les parties prenantes au processus de paix se préparent avec l’aide de la communauté internationale à tenir une rencontre de niveau décisionnel et une autre rencontre du CSA pour une première fois à Kidal », communique la CMA. Pour couronner le retour définitif de l’Etat à Kidal, le président de la transition doit commencer sa tournée nationale par cette ville.
Hamidou Togo
Source: Journal HOGON