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Kadiolo (Mali): la carte d’identité AES très attendue par les ressortissants burkinabè

Meguetan Infos

L’annonce des ministres de la sécurité de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) sur la disponibilité prochaine des cartes d’identité AES a été accueillie avec joie par les ressortissants burkinabè de la ville de Kadiolo et environs. Excédés par les rackets des forces de l’ordre, les ressortissants burkinabè dénoncent un système qui met à mal les relations fraternelles prônées par les Chefs de l’Etat du Burkina, du Mali et du Niger.

« Ici à Kadiolo, avoir la carte d’identité burkinabè, c’est pire que la drogue », s’en porte Adama Lamizana, ressortissant burkinabè installé à Kadiolo. « Je suis à Kadiolo depuis plus 30 ans, ce qui se passe ces derniers temps contre nous dépasse l’entendement », témoigne-t-il. Pas un seul jour, poursuit-il, si je ne me déplace à la gendarmerie pour plaider la cause d’un compatriote.

Selon Lamizana, les ressortissants burkinabè à Kadiolo (majoritairement Dafing) tissent des cordes à puiser l’eau qu’ils vendent différentes foires autour de la ville. Aujourd’hui, pour le moindre colis sur la moto vous devez payer entre 5 000 et 10 000 FCFA, parfois plus. « Les gendarmes appellent ça « colis hors gabarit », confirme le directeur d’une radio locale, contacté par mailweb.net.

Selon Adama Lamizana, lorsque Abou Drabo, président des ressortissants burkinabè étaient en bonne santé, son influence permettait de faciliter beaucoup de choses. Atteint par l’âge et un handicap visuel, la communauté burkinabè n’a plus de protecteurs. « Quand vous quittez Kadiolo pour la foire de Loulouni, certains transporteurs refusent de prendre le ‘’Burkinabè’’ de peur d’être retardé sur la route par les gendarmes ». « Vous avez beau avoir vos papiers en règle, le seul laisser-passer c’est l’argent », se plaint-il.

Selon Lassina Drabo, un autre burkinabè à Kadiolo, le calvaire des ressortissants burkinabè a débuté avec l’orpaillage. Lui qui est installé à Kadiolo depuis 1999 estime qu’avec l’orpaillage, plusieurs burkinabè ont traversé la frontière. « Tous les Burkinabè ne sont pas des orpailleurs et tous n’ont pas les moyens financiers des orpailleurs », fait-il remarquer à notre micro. Malheureusement, les forces de l’ordre ne font plus la différence. A l’entrée de Sikasso, jure Drabo, un sans papier ordinaire paie 2000 FCFA pour passer, mais avec la carte d’identité du Burkina, c’est 5 000 FCFA minimum.

« Nous voulons juste vivre en paix… »

Fatigués par ses multiples interventions pour la libération de ses compatriotes, Adama Lamizana se réfère aux médias, sans requérir l’anonymat. « Nous avons fait des démarches auprès des autorités, ils ont promis de faire quelque chose, mais sur le terrain rien ne change », constate-t-il. « Nous voulons juste vivre en paix avec nos frères maliens à Kadiolo », a indiqué Adama Lamizana qui est le premier à rompre le silence autour de ce système mafieux.

Contacté par Maliweb.net, deux élus locaux n’ont pas répondu à nos questions sur le sujet. Un élu local, un seul, a reconnu cette pratique qui va à l’encontre de l’Alliance des Etats du Sahel prônée par les présidents malien, burkinabè et nigérien ; et au moment même où, le Général Assimi Goïta assure la présidence de la Confédération de l’AES.

Notre élu local justifie la pratique : « il s’agit de resserrer le contrôle sur la zone frontalière pour éviter l’implantation des terroristes ». Hors micro, il se confie à un proche : « on ne sait plus qui est qui vaut mieux se taire ».

 

Mamadou TOGOLA/maliweb.net

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