C’était ce lundi 17 mai 2021 que le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA) ont convié la presse dans l’une des salles de la cour suprême. L’objectif était de donner des explications liées à la notion d’outrage et la faveur supposée que l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI) accorde aux magistrats. À cet exercice explicatif, hormis l’intervention de Diakaridia BAGAYOKO, secrétaire administratif du SYLIMA et de Mahamadou YATTARA, secrétaire général du SAM, Mahamadou KASSOGUE, Procureur du pôle économique et financier était également de la partie. Dans sa prise de parole à lui, il explique, détails à l’appui, qu’aucune personne n’est au-dessus de la loi, même les magistrats.
Depuis leurs différents dépôts de plainte qui apparemment semblent être incompris par la population, SAM et SYLIMA ont décidé de clarifier certaines zones d’ombre sur le sujet qui fait couler beaucoup d’ancres.
Le bal des explications a été ouvert par Diakaridia BAGAYOKO du SYLIMA qui s’est attelé à faire comprendre de manière claire la notion d’outrage à l’opinion nationale. « Toute attaque de la personne du magistrat pouvant l’atteindre dans sa considération, son estime est constitutif d’outrage. Et donc, il est tout bon que dans vos prises de position vous teniez compte de ces paramètres-là. », explique-t-il. Diakaridia BAGAYOKO précise qu’ils ne sont ni contre le peuple pour qui la justice est rendue, ni contre la presse grâce à laquelle ce même peuple arrive à les comprendre.
Concernant la défense exclusive de ses militants, le duo syndical déclare : « C’est l’occasion pour nous de préciser que nous sommes les syndicats de la magistrature et en tant que syndicat de la magistrature vous conviendrez avec nous que notre action ne doit viser que la défense des intérêts matériels et moraux de nos militants. Mais maintenant, vouloir que le SAM et le SYLIMA portent plainte parce qu’un ministre a été injurié ou qu’un député a été injurié, signifierait que nous nous éloignons de notre rôle. Dans la société, chacun a un rôle a joué et il est bon que chacun joue sa partition. »
Pour eux, si leurs plaintes n’échouent pas en général, c’est parce qu’en tant que professionnels du droit, ils prennent le temps d’analyser les choses avant d’agir.
Les dits sur le supposé privilège que l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI) accorderait aux magistrats ont été qualifiés de contrevérités par Mahamadou YATTARA du SAM. La loi qui prévoit la lutte contre l’enrichissement illicite, dans son article 9 stipule que les magistrats également sont tenus de faire des déclarations de biens et selon les propos du secrétaire général du SAM, leurs magistrats le font. « Quand l’OCLEI procède à des enquêtes on n’informe pas. », ajoute-t-il. Pour dire que celui-ci est libre et indépendant dans ses procédures de vérification. À propos de la prime de plus de 2 millions de FCFA dont bénéficierait les magistrats, Mahamadou YATTARA, reconnait qu’il y a des primes, mais pas jusqu’à ce montant et met au défi toute personne avançant cela d’apporter des preuves.
Avec cette semaine de grève déclencher par l’UNTM, il demande aux grévistes de ne pas utiliser ces allégations infondées comme prétexte.
En complément d’explications, le Procureur du pôle économique et financier, Mahamadou KASSOGUE, est intervenu pour rappeler à la population que nul n’est au-dessus de la loi, même les magistrats. Comme les gens normaux, ils sont justiciables si ceux-ci sont en infraction et cela a été déjà le cas dans le pays. La procédure de dénonciation donnée par le Procureur est de s’adresser à l’inspection des services judiciaires ou de saisir le Ministre de la justice, le procureur ou même un procureur compétent pour le traitement du dossier de plainte. Attention la procédure ne doit pas être fondée sur des diffamations, des preuves sont obligatoires.
Il termine sa prise de parole, avec un constat qu’il déplore et profite pour donner un conseil en ces termes, « ce qu’on a constaté d’une façon globale ces derniers temps, c’est que les gens ont comme l’impression que quand ils ne s’expriment pas dans un langage cru, dans un langage vulgaire, dans un langage accrocheur, Ils ne sont pas entendus, or ce n’est pas ça les valeurs de notre société. On peut tout dire de façon nette sans injurier, on peut tout dire sans calomnier, on peut tout dire sans blesser la personne dans son honneur, dans sa dignité ».
Précisons que pendant la rencontre avec la presse, les magistrats ont demandé à celle-ci de ne poser aucune question sur l’affaire de leurs dépôts de plainte contre Ras Bath, Me TAPO et Me BATHILY, car ils ne feront aucun commentaire pour des questions de respect de la procédure en cours.
Mohamed FOFANA
Source: Malionline