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Journée de l’enfant africain : Qu’en est-il des droits des enfants mendiants ?

Le dimanche 16 juin 2019, la communauté africaine a célébré la vingt-neuvième édition de la Journée de l’enfant africain sous le thème : «L’action humanitaire en Afrique : les droits de l’enfant avant tout». Le cas des enfants mendiants errant dans les rues et généralement appelés «talibés» interpelle à plus d’un titre.

Devant les feux tricolores, dans les marchés, les gargotes et autres lieux publics, ils déambulent à longueur de journée. Bol en main ou relié à une corde en bandoulière, ces bouts d’hommes, grossièrement vêtus, mal nourris et crasseux, sollicitent l’indulgence et la générosité des passants pour s’assurer leur pitance. Certains, plus agressifs, n’hésitent pas à arracher le plat servi à autrui dans les lieux de vente de nourriture.
De Bamako à Mopti en passant par Kayes, Ségou, Sikasso et autres grandes villes du Mali, ces enfants particulièrement vulnérables continuent d’errer dans la rue, en dépit de quelques actions éparses des organismes internationaux, des ONG, des pouvoirs publics

Les moins chanceux parmi ces enfants mendiants généralement désignés sous le vocable «Talibé» par déformation, du fait que bon nombre étudient dans les écoles coraniques, sont maltraités. Ils sont contraints de ramener quelque chose à leur maître au risque de subir la correction à coups de cravache ou de manquer le repas du soir, le seul qui lui est garanti.

Le tarif est fixé à 500, 700 Fcfa ou plus par jour et par enfant. Ce ne sont pas tous les enfants d’école coranique qui mendient, encore moins tous les maîtres coraniques qui intiment aux enfants de demander l’aumône. Mais force est de constater qu’ils sont majoritaires.
Au moment où l’on s’apprête à célébrer la vingt-neuvième édition de la Journée de l’enfant africain, en souvenir du massacre des enfants de Soweto, lors d’une marche pour leurs droits le 16 juin 1976 par le pouvoir de l’apartheid, ces enfants méritent une attention particulière.

Le thème de cette édition est évocateur : «L’action humanitaire en Afrique : les droits de l’enfant avant tout». Quid des enfants mendiants ? Leurs droits sont bafoués : les parents ont fui leurs responsabilités, les pouvoirs publics se montrent complaisants et les organisations de la société civile qui s’intéressent à leur sort paraissent débordées.

La maltraitance dans la rue, la mendicité et l’exploitation des enfants restent prégnantes, malgré les discours et les textes de loi qui condamnent le phénomène. Les auteurs de cette forme d’esclavage, pour la plupart analphabètes en français, ignorent, tout comme les parents, ces dispositions visant à protéger les enfants.

Sans le moindre acte de naissance pour la plupart, sans éducation digne de ce nom, les enfants mendiants, orphelins ou délaissés par des géniteurs démunis, sont exposés à toutes sortes de vice et de traite : abus sexuels, mariage précoce, délinquance, drogue, vol, maladie, etc. Ainsi, une bonne partie de la relève de demain, fer de lance du développement, se retrouve à la rue, une situation qui ne doit laisser personne indifférent.

Paul Dembélé

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