Journée africaine de la technologie et de la propriété intellectuelle : L’INVENTION COMME MOTEUR DU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL
Le Mali a, à l’instar du reste du continent, a célébré, hier, la 19è Journée africaine de la technologie et de la propriété intellectuelle en organisant, au Grand Hôtel, une conférence débat. L’ouverture a été présidée par le ministre du Développement industriel et de la Promotion des Investissements, Moulaye Ahmed Boubacar. Instituée par le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) à sa 35è session ordinaire du 14 juillet 1999 à Alger, cette journée encourage les Africains à s’investir dans la recherche-développement et la protection de leurs créations par la reconnaissance de leurs droits de propriété intellectuelle.
Le thème retenu cette année est « L’invention, moteur du développement industriel». Son intérêt, justifiera le ministre Ahmed Boubacar, réside dans la capacité du système de la propriété intellectuelle à créer un cadre propice à l’investissement des entreprises innovantes dans les nouveaux produits et services, au transfert de technologie, d’une part et au développement d’autre part.
Le choix de cette thématique intervient aussi à un moment où le Mali, troisième économie de l’UEMOA, multiplie des initiatives pour une transformation structurelle de son économie. A cet effet, outre l’aménagement de zones industrielles, il est envisagé la création de zones économiques spéciales. En outre, notre pays multiplie les Salons pour la promotion de l’investissement sans compter les efforts en matière d’assainissement de l’environnement des affaires, comme en témoignent les classements Doing business de ces dernières années. Mais, les efforts semblent tarder à apporter les résultats escomptés dans un contexte sécuritaire fluctuant. La question essentielle est, dans un tel contexte, de savoir ce qu’il faut véritablement faire pour que l’innovation et la technologie entraînent un développement industriel durable de notre pays.
Interrogé à ce sujet, le directeur par intérim du Centre malien de promotion de la propriété industrielle (CEMAPI) précise que « sans invention il n’y a pas de technologie (outils de production). Et sans cette ethnologie, on ne peut pas parler d’usine, qui est un assemblage de machines soutenues par des hommes pour produire en grande quantité un produit». Car c’est l’innovation qui permet à une unité industrielle d’augmenter sa capacité de productivité pour améliorer sa compétitivité, a-t-il argumenté. « Convaincu du rôle important que l’invention peut jouer dans le développement industriel du Mali, le CEMAPI a mis à la disposition des industriels plus de 5.000 brevets d’invention tombés dans le domaine public et a installé plus d’une trentaine de centres d’appui à la technologie et à l’innovation », a rappelé le ministre Moulaye Ahmed Boubacar.
Un apport non négligeable qui pourrait profiter à nos usines qui sont confrontées à d’énormes problèmes techniques comme la consommation énergétique élevée, les pannes récurrentes, des technologies inadaptées au contexte… «En exploitant ces brevets tombés dans le domaine public, les industriels peuvent trouver la solution à ces problèmes techniques», confirme Boubacar Traoré. Il cite à ce titre l’exemple de l’agriculture malienne qui est, selon lui, de type familial. Ces familles disposent de peu de ressources pour investir dans les équipements. Grâce à l’utilisation des ressources disponibles sur CATI, des chercheurs ont pu adapter des technologies sophistiquées à la réalité du pays en inventant, selon lui, les motoculteurs (un tracteur motorisé en miniature et qui peut labourer les petites surfaces).
Selon le Rapport 2016 sur le développement industriel de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), l’innovation doit, du point de vue économique, être soutenue par des interventions appropriées. Interventions qui permettent, selon les auteurs, le renforcement du processus allant de l’invention des technologies jusqu’à leur adoption par les entreprises, comme cela a été le cas dans plusieurs pays de référence (Chine et République de Corée).
Il se trouve que c’est malheureusement là où le bât blesse au Mali. «Aujourd’hui, au niveau de la propriété intellectuelle, les Etats africains subventionnent jusqu’à 80 % les frais de dépôt des brevets», témoigne Bakary Sacko, président de l’Association malienne de promotion de la recherche et de l’invention et de l’innovation technologique. Le Fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique finance aussi les projets de recherche et d’innovation, a ajouté l’ingénieur.