Israël face aux pressions de ses alliés dans sa guerre contre le Hamas: “Ils perdent ce soutien avec leurs bombardements aveugles”
Meguetan Infos
Israël fait face mercredi aux pressions croissantes de ses alliés pour sa guerre contre le Hamas, le président américain Joe Biden dénonçant des “bombardements aveugles” dans la bande de Gaza où la situation humanitaire est catastrophique.
Prenant le relais d’un Conseil de sécurité paralysé, l’Assemblée générale de l’ONU a réclamé mardi soir “un cessez-le-feu humanitaire immédiat” à Gaza, dans une résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre, et 23 abstentions. Une majorité écrasante qui a même dépassé celles qu’avaient rassemblées les résolutions condamnant l’invasion russe de l’Ukraine.
Mais le texte, non contraignant, ne condamne pas le Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007 et auteur de l’attaque sanglante du 7 octobre en territoire israélien. Une absence fustigée par Israël et les Etats-Unis qui ont voté contre la résolution.
Fervent soutien d’Israël, Joe Biden a cependant critiqué mardi de manière inédite le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour son opposition à une solution “à deux Etats” avec les Palestiniens, et l’a mis en garde contre une érosion du soutien international à sa guerre. “Il n’y a aucun doute sur la nécessité de supprimer le Hamas”, a dit le président américain. Mais, a-t-il mis en garde, si Israël dispose à l’heure actuelle du soutien de “la majeure partie du monde”, “ils sont en train de perdre ce soutien avec les bombardements aveugles qui ont lieu”.
“Souffrance continue”
Dans une rare déclaration commune, les Premiers ministres canadien, australien et néo-zélandais se sont pour leur part déclarés mercredi “alarmés par la diminution de l’espace de sécurité pour les civils à Gaza”. “Le prix à payer pour vaincre le Hamas ne peut être la souffrance continue de tous les civils palestiniens”, ont-ils ajouté. Dans la bande de Gaza, où 85% des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés – dont beaucoup de multiples fois depuis le 7 octobre – et des quartiers entiers détruits par les bombardements, les Palestiniens vivent “l’enfer sur terre”, a lancé le directeur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Dans le petit territoire soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et à un siège total depuis deux mois, de nouveaux raids ont fait plus de 50 morts dans la nuit de mardi à mercredi à Gaza-ville, Nousseirat, Deir al-Balah, Khan Younès et Rafah, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’armée israélienne a déclaré la guerre au Hamas après une attaque d’une violence et d’une ampleur sans précédent menée le 7 octobre contre Israël par ses commandos infiltrés depuis la bande de Gaza voisine, qui a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.
Elle a promis de détruire le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne. Son offensive à Gaza a coûté la vie à plus de 18.400 personnes, en grande majorité des femmes et des moins de 18 ans, selon le ministère de la Santé du Hamas. Selon l’agence de l’ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha), de nombreuses personnes restent portées disparues sous les décombres. Le 7 octobre, les combattants palestiniens ont emmené aussi environ 240 otages à Gaza, où 135 sont toujours détenus, selon l’armée, après plusieurs libérations dont une centaine à la faveur d’une trêve fin novembre.
Israël a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de Gaza, avant de l’étendre à l’ensemble du territoire. Plus d’une centaine de soldats sont morts dans cette opération, dont huit mardi, selon l’armée israélienne.
Surpopulation et maladies
Après avoir fui leurs maisons dans le nord puis leurs abris à Khan Younès, des dizaines de milliers de Palestiniens s’abritent désormais à Rafah, plus au sud, devenue un gigantesque camp avec des centaines de tentes bricolées à l’aide de bouts de bois ou encore de draps. Selon l’Ocha, la surpopulation et la malnutrition favorisent la propagation de maladies comme la diarrhée, la grippe et la variole, mettant une pression supplémentaire sur un système de santé déjà complètement débordé et défaillant.
A cela s’ajoute la pluie qui tombe sur Rafah, où les déplacés s’abritent tant bien que mal sous des bâches en plastique. “Toutes les tentes sont inondées. Nous ne savons pas quoi faire”, se plaint Ihab Abu Jof, un Palestinien de 23 ans, qui a protégé le foyer de son fourneau artisanal avec une plaque de tôle et une bâche. “Je vous jure que les conditions ici sont extrêmement difficiles”, ajoute-t-il.
De plus, l’armée israélienne a ciblé Rafah, où des frappes sur deux maisons ont fait 24 morts mardi, selon le ministère de la Santé du Hamas. Après un bombardement qui a creusé un énorme cratère, des survivants fouillent les ruines, parfois à mains nues. Des blessés, enveloppés dans des couvertures, sont emmenés dans le coffre des voitures vers un hôpital. D’autres sont transportés, une fois tirés des décombres, sur de grandes couvertures tenues par de jeunes hommes qui courent au milieu de personnes couvertes de poussière.
“Où est la sécurité à Rafah?”
“Ils (les militaires israéliens) ont dit eux-mêmes que le sud est sûr, Rafah est sûre. Où est la sécurité à Rafah? Chaque jour il y a des frappes à Rafah”, lance Tawfiq Abou Brik au milieu des ruines. Le chef de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait état d’un raid israélien contre l’hôpital Kamal Adwan de Gaza, où se trouvent 65 patients et 45 soignants, après plusieurs jours de siège. “Je suis extrêmement inquiet”, a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
Le Hamas a affirmé sur Telegram que le directeur de l’hôpital avait été fait prisonnier. L’armée israélienne n’a pas immédiatement confirmé, mais elle accuse régulièrement le Hamas d’utiliser des hôpitaux, des écoles et des mosquées pour abriter des installations militaires, ce que le mouvement palestinien dément. Selon l’Ocha, 100 camions transportant de l’aide sont entrés depuis lundi soir via Rafah, de même que 120.000 litres de carburant, une assistance qui reste d’après elle très en deçà des besoins.
Dans le cadre du siège imposé depuis le 9 octobre à Gaza, Israël contrôle l’entrée de l’aide internationale dans le territoire via l’unique point de passage ouvert de Rafah, avec l’Egypte. En raison des combats, cette aide est très difficilement acheminée au-delà de Rafah où la nourriture se fait rare. La guerre a aussi fait flamber les violences en …Lire la suite sur 7sur7.be
Source : 7sur7