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Interdiction des cordonniers de mener des activités minières à Kéniéba : Une bombe à retardement à Dialafara…

Meguetan Infos

Les cordonniers du Cercle de Kéniéba sont interdits d’aller travailler dans les placers. Cette mesure, selon les informations, date des temps immémoriaux. Plusieurs versions sont avancées par les uns et les autres pour expliquer la mise à l’écart des cordonniers dans les activités aurifères. Certains disent que c’est le roi qui, à l’époque, aurait pris cette décision pour permettre aux cordonniers de rester à la maison à coudre les cuirs ou peaux, chaussures et autres matériels des villageois. En contrepartie, ceux qui étaient autorisés à aller aux placers, avaient obligation de faire un geste de solidarité à l’endroit des cordonniers pour les récompenser de leur travail. D’autres versions expliquent que c’est parce que les chances des cordonniers sont grandes qu’ils raflent tout l’or quand ils descendent aux placers qu’il leur a été interdit d’être aux placers. La troisième raison avancée est que les cordonniers auraient refusé de faire des sacrifices humains pour être autorisés à travailler dans les placers.

Avec l’évolution du monde, les conséquences de cette interdiction se font sentir chez les cordonniers de Dialafara. A Dialafara, il nous revient que mêmes ceux qui se sont mariés avec les enfants des cordonniers sont interdits d’aller aux placers. Cela aurait amené beaucoup de personnes à divorcer de leurs épouses pour pouvoir mener leurs activités minières librement, sans contrainte, de trouver de quoi manger, de payer les taxes, impôts, de prendre en charge leurs familles, etc.

Depuis un certain temps, les cordonniers de Dialafara demandent la levée de cette mesure qui ne semble plus d’actualité. Selon eux, mêmes si elle était d’actualité, ils se disent prêts à payer les sacrifices sauf ceux humains. Mais apparemment, il n’y a pas d’entente. Les discussions entre les populations le prouvent.

Selon un de nos interlocuteurs de Dialafara, les plus hautes autorités du pays auraient été saisies par l’association des cordonniers de Dialafara sur la question. Mais, déplore notre interlocuteur, il n’y a pas eu de mesure par les autorités tant nationales, régionales que locales, pour lever l’interdiction. «Nous avons saisi la présidence de la République sur la question qui a répondu que le département de l’administration territoriale pouvait régler la demande. A ce niveau, on nous fait savoir que le gouverneur pourrait statuer sur le sujet. Mais depuis, rien n’est fait ; aucune mesure n’est prise. On ne sait pas si le gouverneur a été saisi. S’il a été saisi de le faire, on ne sait pas pourquoi il ne résout pas le problème une fois pour toute», a fait savoir notre interlocuteur cordonnier à Dialafara.

Le souci est que sur la question, des tiraillements sont fréquents entre les cordonniers et ceux qui s’opposent à leur retour dans les placers au niveau de la chefferie ou des Tombolomas (gardiens des placers). Ce qui est une menace sérieuse, une bombe à retardement qui pourrait exploser un jour si les mesures ne sont pas prises pour trouver une solution heureuse à la question, afin d’éviter une déchirure entre des populations ayant cohabité en harmonie depuis des siècles. « Nous voulons travailler aux placers pour gagner dignement notre vie. Avec le monde d’aujourd’hui qui va en toute vitesse, accompagné de son corollaire de pauvreté, de vie chère, de chacun pour soi Dieu pour tous, ceux qui doivent nous donner n’ont même pas, ne trouvent même plus, à plus forte raison que de donner à nous cordonniersà qui on a dit de rester à la maison pour s’occuper des populations. La tradition instaurée doit être levée pour nous. Sinon, ça pourrait dégénérer un jour, car nous n’allons jamais abandonner le combat jusqu’à ce que la question soit résolue de façon définitive», a fait savoir notre interlocuteur déterminé dans le combat jusqu’à ce que les cordonniers soient autorisés à pratiquer l’activité minière pour cesser de compter sur les autres pour vivre.

Ce n’est pas à Dialafara seulement que les cordonniers sont interdits de pratiquer l’activité aurifère dans le cercle de Kéniéba. Ils sont exclus dans presque toutes les zones aurifères de la contrée. Le combat pourrait prendre d’autres tournures un jour si l’on reste muet sur la question, si les pouvoirs font semblant comme si de rien n’était. Prévenir vaut mieux que guérir, dit-on.

Hadama B. FOFANA

Le Républicain

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