Insécurité rampante à Mondoro : La jeunesse dénonce « un désastre silencieux…»
Face à l’insécurité grandissante qui règne dans la Commune rurale de Mondoro, située dans le cercle de Douentza, région de Mopti et dans le but d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur les réalités du terrain, l’Association des Jeunes pour le Développement de la Commune Rurale de Mondoro (AJDM) a organisé, samedi 11 mai dernier, une conférence de presse. Deux points étaient à l’ordre du jour de ladite conférence à savoir : la situation sécuritaire et humanitaire de la commune rurale de Mondoro. C’était à la Maison de la presse. Les conférenciers étaient Oumar MalickOngoiba, secrétaire général de l’AJDM. Il avait à ses côtés le président de l’AJDM, Alou Seydou Ongoiba, du représentant des élus communaux MoulayeOngoiba et des cadres et ressortissants de Mondoro à Bamako.
A l’entame de la conférence, le président de l’Association des Jeunes pour le Développement de Mondoro, Alou Seydou Ongoiba,a, dans ses mots introductifs, souligné que l’objectif de ladite conférence est d’abord de briser le silence mais aussi d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les enlèvements, assassinats, incendie des villages, vol de bétail et viols dont la commune rurale de Mondoro fait l’objet depuis un bon moment. Pour planter le décor, le conférencier Oumar MalickOngoiba a d’abord présenté la situation sécuritaire de la commune rurale de Mondoro. À l’en croire, le 17 juillet 2015 début de l’insécurité dans la commune de Mondoro à nos jours, la communauté Dongon a connu environ une cinquantaine d’attaques ciblées qui ont visé les villages de Tiguilla, Douna, Yangassadiou, Banaï, Toïkana, Isseye et Mondoro occasionnant du coup plusieurs victimes des hommes et des femmes parmi elles le maire de Mondoro Souleymane Ongoiba. Selon lui à chaque attaque une délégation est dépêchée à Bamako pour attirer l’attention des autorités mais hélas aucune réaction concrète des autorités pour mettre fin à cette tragédie. Face à ce silence coupable des plus hautes autorités, le conférencier dira que l’Etat privilégie une communauté contre une autre. Sinon comment comprendre qu’on a beaucoup dénoncé les tueries d’Ogossagou en soulignant leurs caractères ethniques, en déplaçant sur les lieux avec des dons tout en ouvrant des enquêtes sur les crimes commis. Tandis que les tueries de Mondoro dont la dernière en date le 1er Mai 2018 dont 18 membres de la communauté Dogon sauvagement tués après avoir secouru des militaires n’a jusqu’ici suscité aucun émoi dans l’opinion nationale et internationale. Ce qui est pire au dire du conférencier depuis cette tuerie, les femmes et les enfants des victimes n’ont toujours pas accès à leurs dépouilles et n’ont bénéficié aucun soutien ni de la part des militaires qu’elles ont secouru ni de la part des responsables politiques. C’est pourquoi l’AJDM qualifie cette situation de « désastre silencieux », de marginalisation et infâme à la mémoire des citoyens tués et à l’ensemble de toute la communauté Dogon.
S’agissant de la situation humanitaire, le secrétaire général de l’AJDM la qualifie de catastrophique puisque caractérisée d’abord par la sécurité alimentaire détériorée en raison des troubles successifs des travaux agricoles durant les trois dernières années et l’embargo commercial causé par la pose des mines sur les axes routiers. Conséquence : 18 villages sur 23 sont en risque de famine et de maladies liées à l’insuffisance alimentaire. À cela s’ajoute la sécurité sanitaire jugée inquiétante par l’organisation Médecins Sans Frontières dans son rapport du 5 août 2018. En effet, toutes les structures sanitaires sont fermées depuis plus de quatre ans ainsi que les écoles. Pour mettre fin au cauchemar des populations de la Commune de Mondoro, l’AJDM, dans une déclaration lue par son Secrétaire général, souligne qu’il y a donc lieu d’un sursaut pour dépasser les clivages et un besoin urgent en matière de vivres pour soutenir les populations exposées au risque de famine d’ici à fin mai, date qui marque le début des travaux champêtres.
Pour ce faire, l’association lance un appel à l’aide humanitaire auprès du gouvernement et des organismes internationaux. En plus, elle demande aux autorités de prendre les mesures idoines pour sécuriser les citoyens de cette localité et d’ouvrir une enquête diligente en partenariat avec les organisations de défense des droits humains pour faire la lumière sur les tueries survenues dans la Commune rurale de Mondoro.
En attendant la réaction du gouvernement, Oumar Malick Ongoiba affirme que la communauté dogon, à travers sa jeunesse, a décidé désormais de prendre son destin en main de façon légale d’où cette conférence de presse et autres activités prévues dans les jours à venir. Il a toutefois précisé que ceux qui sont à la base de cette barbarie ne sont autres qu’un groupe de peulhs radicaux et non toute la communauté peule, qui terrorisent les paisibles citoyens.
Mamadou Nimaga