Insécurité et lutte contre le terrorisme au Sahel : Le discours du Premier ministre malien à la tribune de l’ONU, cause d’une brouille entre Paris et Bamako
Meguetan Infos
Le Premier ministre malien a pris part, le week-end dernier, aux travaux de la 76 session de l’Assemblée Générale de l’ONU devant laquelle Dr Choguel Kokalla Maiga, tout en exprimant la reconnaissance du peuple malien à la communauté internationale, a annoncé que la transition malienne entend travailler à des plans B, après la décision de la France d’abandonner le Mali en plein vol.
Le discours de Choguel Kokalla Maiga, à la tribune du Conseil de Sécurité de l’ONU continue de faire des vagues. Après avoir été, une semaine durant, le chou gras des médias nationaux et internationaux, aujourd’hui il prend une nouvelle dimension, celle d’une polémique dont l’Elysée cible les autorités maliennes de transition dirigée par le colonel Assimi Goita.
La brouille est perceptible dans les rapports entre notre pays et le partenaire français depuis que des rumeurs ont annoncé des contacts entre les autorités maliennes et une société de sécurité privée russe. La France, face à l’omerta des autorités maliennes, a brandi la menace du retrait de la force Barkhane si Bamako devrait faire appel à des «mercenaires». La France a-t-elle mise sa menace en application ? Difficile de le dire avec certitude, même si des informations de dernières minutes font état, à Tessalit (Kidal), de mouvements assimilables à un allègement (retrait ?) du dispositif de Barkhane. Cette force française de lutte contre le terrorisme au Sahel est, depuis 8 ans, à la tête d’une coalition de forces internationales de plusieurs milliers d’hommes engagés au Mali pour lui se libérer de l’engrenage du terrorisme et d’assoir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Or, depuis 8 ans, la situation, si elle n’a pas empiré ne connait pas non plus d’avancées significatives, ni du côté de Kidal toujours fermé à l’Etat et aux forces armées maliennes, ni dans le centre infesté par un groupuscule de terroristes qui circulent sans être inquiétés. L’ennemi, particulièrement ces dernières années, a multiplié les actes de défiance : embuscades, pose d’engins explosifs improvisés, massacres de civils brulés vifs dans leurs villages.
Les Maliens ne comprenaient plus cette dangereuse désescalade face à laquelle Barkhane, Minusma, G5 Sahel, Takuba semblent totalement désarmer…
C’est cette colère de plus en plus audible des maliens, que Dr Choguel Kokalla Maiga, a exprimé dans un discours qui décrit une «surmilitarisation» de notre territoire alors que la paix escomptée reste toujours une simple expectative. Une situation qui conforte les nouvelles autorités maliennes dans leur option de changer de fusil d’épaule. La question de Wagner (avec laquelle aucun contact formel n’existe encore) vient simplement corroborer cette volonté des autorités de transition de reprendre leur souveraineté pleine et entière pour la sécurisation de notre territoire. C’est dans ce cadre qu’elles ont décidé de la diversification des partenaires. Ce qui, sans rompre avec l’existant, permettrait d’engager d’autres forces à même de changer la donne. A l’Elysée, c’est une chose ne passe pas ! La question est considérée comme un affront. Et appelle désormais plus de fermeté à l’endroit des autorités de Bamako soupçonnées de rébellion. Après les menaces d’isolement de notre pays proférées il y a quelques jours par Florence Parly (ministre français de la défense) ce fut le tour au président Emmanuel Macron d’apporter, cette semaine, sa part dans cette vague de diatribes au ton injurieux. Le 30 septembre dernier, Macron, a pris la parole pour exprimer derechef sa désapprobation de l’intervention du Premier ministre CKM à la tribune de l’ONU. Le chef de l’Etat français a qualifié de « honte » les accusations d’«abandon du Mali par la France» soutenues par le Premier ministre malien. Emmanuel Macron qui répondait à une question de la journaliste Valérie Gas, a déclaré être sous le choc. «Ces propos sont inacceptables ; C’est inadmissible. C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement», a-t-il déclaré. Une sortie très virulente qui ne laisse aucun doute sur la brouille qui entoure (désormais) les relations franco-maliennes.
Papa Sow /maliweb.net
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