L’adaptation de la stratégie pour empêcher la propagation de l’insurrection islamiste vers le sud pourrait se révéler complexe. Messages hostiles au Mali, manifestations tendues… Le départ des troupes françaises au Mali est une question de temps. Depuis quelques jours, Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, prépare les esprits. Il l’a redit, lundi 14 février, sur France 5, ajoutant qu’Emmanuel Macron avait demandé la réorganisation des troupes dans la région. « Si les conditions ne sont plus réunies, ce qui est manifestement le cas, pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera de combattre le terrorisme à côté avec les pays du Sahel qui sont demandeurs. »
La France envisage de retirer ses troupes du Mali, mais l’adaptation de sa stratégie pour empêcher la propagation de l’insurrection islamiste vers le sud pourrait s’avérer complexe.
Un retrait français signifierait le départ du groupement de forces spéciales européen « Takuba », les diplomates estimant que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques pour rester au Mali, sont de plus en plus difficiles.
Les ministres des affaires étrangères et les diplomates occidentaux ont tenu, lundi, des discussions sur la future présence de leurs pays dans la lutte contre les militants islamistes au Mali, après trois semaines de consultations dans un contexte de détérioration des relations entre le Mali et la France, principale puissance militaire étrangère dans la région du Sahel.
La lutte va continuer
Plusieurs sources diplomatiques ont affirmé que les dirigeants régionaux et internationaux se retrouveraient mercredi pour un dîner à Paris, afin de discuter avec le président français avant un sommet UE-Afrique jeudi. La présidence française n’a pas répondu à une demande de commentaire. « Le président veut que nous nous réorganisions. Nous ne partons pas, mais nous allons nous réorganiser pour que la lutte contre le terrorisme continue », a déclaré Jean-Yves Le Drian.
La France a déjà réduit ses troupes au Sahel dans le but de ramener leur nombre d’environ 5 000 à 2 500 ou 3 000 d’ici à 2023. Environ la moitié de ces forces sont basées au Mali. La force « Takuba » compte environ 600 à 900 soldats, dont 40 % sont français et comprend des équipes médicales et logistiques. Il s’agit plutôt d’une force symbolique accompagnant les troupes locales.
Peu de diplomates pensent qu’elle pourrait survivre à un retrait du Mali, mais Paris espère convaincre ses alliés de soutenir les pays du golfe de Guinée, notamment la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et le Ghana, où l’on craint que l’insurrection islamiste ne se propage, en raison de la porosité des frontières.
Avec Le monde
L’Informateur