IMMIGRATION:Qui est Toni Iwobi, le Nigérian élu premier sénateur noir en Italie et une déception pour l’Afrique

Ce Nigérian de 62 ans est devenu début mars le premier sénateur noir de l’Italie. Mais Toni Iwobi essuie des critiques à cause des idées défendues par son parti.

Né au Nigéria dans une famille de dix enfants, Toni Iwobi est arrivé en Italie après avoir étudié l’informatique aux États-Unis. Après quelques années d’études approfondies à l’université de Pérouse, il ne retourne pas au Nigéria. Il multiplie les emplois (maçon, plombier) avant d’être embauché par la compagnie milanaise de collecte de déchets. Mais l’homme finit par se lancer dans l’entrepreneuriat. Toni Iwobi crée ainsi une entreprise informatique et épouse une Italienne. Ce père de deux enfants s’installe ensuite à Spirano dans la province de Bergame.

En 1993, il rejoint la Ligue, un parti d’extrême droit en tant que conseiller local. Depuis plus de deux décennies, il milita dans ce parti jugé raciste. Durant les dernières élections législatives, la Ligue a obtenu 17% des voix alors qu’elle avait obtenu 4% en 2013. Une véritable progression de ce parti que plusieurs observateurs expliquent par le sentiment anti-immigration qui s’est développé dans le pays. C’est ainsi que le Nigérian a été élu sénateur dans la province de Bergame.

Porte-voix de l’anti-immigration

Malgré ses origines, Toni Iwobi occupe dans son parti controversé un poste stratégique. Il est chargé des questions liées à l’immigration. Avec son soutien, la Ligue s’oppose à la venue des migrants en Italie. Tout comme d’autres voix de son parti, Toni Iwobi a déclaré qu’il soutient la migration légale. «Quand je suis arrivé en Italie à l’âge de 22 ans, j’avais un visa d’étude. Avant, personne ne pouvait entrer dans le pays sans un permis régulier. Hé bien, aujourd’hui ce n’est plus comme ça », explique-t-il.

Toni Iwobi appelle donc à l’expulsion des 600000 immigrants qui sont présents illégalement sur le sol italien. Il a notamment déclaré que seul 10% de ceux qui fuient le Nigéria fuient la guerre. « Les autres, tous les autres, la grande majorité, non », aiment-ils à affirmer. «En ce qui me concerne, Matteo Salvini et la Ligue représentent une barrière importante contre le racisme. La discrimination naît justement quand prolifère l’immigration clandestine, qui est l’antichambre de l’injustice sociale et de l’insécurité», déclarait-il fin janvier durant sa campagne.

Une déception africaine ?

Des Italiens d’origine africaine critiquent régulièrement Toni Iwobi pour ses déclarations. Depuis son élection, l’indignation s’est accentuée à son égard.  Plusieurs voix avouent ne pas comprendre les sorties médiatiques de ce fils d’Afrique envers d’autres qui sont obligés de quitter leur terre pour un refuge. La plus connue d’entre elles est celle du Ghanéen d’origine Mario Balotelli. Sur son compte Instagram, l’international italien a également critiqué l’élection de Toni Iwobi. Il s’est montré virulent envers le Nigérian engagé dans la Ligue.

L’actuel joueur de Nice a publié une photo du sénateur Iwobi et de Matteo Salvini, leader du parti. Les deux hommes politiques portent des T-shirts sur lesquels on peut lire « Stop Invasion ». « Peut-être que je suis aveugle ou peut-être qu’ils ne lui ont pas encore dit qu’il est noir. Mais honte à toi », a écrit en commentaire Mario Balotteli pour dénoncer la présence de Toni Iwobi dans un parti qui appelle à « l’arrêt des migrants africains qui ont envahi l’Italie ». Matteo Salvini a défendu son protégé. « Je n’aime pas Balotelli sur le terrain. Je l’aime encore moins », a-t-il écrit sur son compte Twitter. Quant à Toni Iwobi lui-même, il a déclaré que ces controverses ne l’intéressent pas. « Il y a des choses plus importantes. J’ai hâte de commencer à servir mon pays », a-t-il ajouté.