IBK-la France-la Cedeao : La claque du M5-RFP
Artificiellement entretenue par le pouvoir d’IBK soutenu par la France et la CEDEAO, la crise sociopolitique qui perdure depuis plus de deux mois au Mali révèle pourtant chaque jour sa vraie solution : la démission du président et de son régime. Tout autre remède au mal est vain.
UBA MALI
Si l’affaire ne tenait qu’à un face à face entre IBK et le peuple malien, le président de la République en mal de légitimité aurait déjà lâché prise et les Maliens auraient vite mis en place une constituante avec un exécutif transitoire pour aller vers une nouvelle gouvernance. Il n’y aurait pas non plus eu 23 morts lors des journées folles des 10, 11 et 12 juillet. Mais, à force de dilatoire et de thérapies inappropriées, les deux soutiens qui restent à Ibrahim Boubacar Keïta, la France et la CEDEAO, dramatisent sans cesse la crise qui, on le voit, est en train de prendre des proportions pour le moins inquiétantes, prémices mêmes de la guerre civile. Les Maliens sont désormais convaincus que le complot est fomenté de l’extérieur et ne vise que le maintien d’un potentat au pouvoir, lequel est chargé du rôle peu glorieux du garde-chiourme des intérêts qui ne sont pas ceux de son pays et de son peuple. C’est pourquoi les baffes qu’inflige le M5-RFP à IBK et à ses amis sont de plus en plus retentissantes.
Le mouvement patriotique qui mène la contestation populaire a administré aisément trois bonnes claques aux coalisés contre le Mali. La première a atterri en double claquette sur les tempes d’Ibrahim Boubacar Keïta qui en a perdu le nord. Toutes les prédations, injustices et traîtrises de l’homme lui ont été jetées à la figure, le confondant de parjure indéniable. Acculé jusque dans ses derniers retranchements, le dos carrément au mur, sans aucune issue pour pouvoir fuir ni à droite ni à gauche, IBK a été contraint de s’adresser à la nation le 14 juin, c’est-à-dire neuf jours après la grande mobilisation du 05 juin et à quatre petits jours de la déferlante du 19 juin. Il a battu indirectement, si ce n’est malicieusement, sa coulpe, en se réengageant pour accomplir tout ce qui n’a pas marché avec lui depuis sept ans, en réalité tous ses échecs quant aux missions régaliennes pour lesquelles un peuple porte un homme à la magistrature suprême : l’école pour tous les enfants de la République, la défense de l’intégrité du territoire national, le bonheur partagé qui fait que les citoyens mangent à leur faim et se soignent bien, la protection des personnes et des biens, etc. Plutôt que de rassurer le peuple, ce mea culpa “intelligent” d’un homme d’ordinaire arrogant, méprisant et dédzigneux, a renforcé au contraire les citoyens dans leur conviction qu’IBK a échoué sur toute la ligne et qu’il ne développe que de vaines promesses pour se maintenir au pouvoir afin de préparer, on le redoute, des lendemains plus apocalyptiques. Le peuple lui a alors dit son désamour, le M5-RFP lui a demandé de rendre le tablier. Ce qui reste et qui n’est plus négociable, c’est sa démission avec son régime dont l’incapacité à gérer vertueusement les affaires de l’État est patente.
La deuxième claque du M5-RFP a été une volée de bois vert sur la tête de la CEDEAO. L’organisation sous-régionale est accourue dans la crise malienne en inquisiteur d’un temps révolu, avec des solutions toutes faites qui ne tiennent compte d’aucune morale de bonne gouvernance, encore moins du nécessaire respect dû à un peuple; attitude arrogante qui la poussera à avancer des propositions qui ne se souciaient pas de violer la constitution de la République du Mali et qui ont poussé l’injure jusqu’à tracer une ligne rouge que les Maliens ne devraient pas franchir dans leur quête légitime du salut de leur pays. Pour prendre le raccourci, après trois missions de haut niveau, la CEDEAO a dépêché cinq chefs d’État qui, arrivés à Bamako, n’a reçu le principal acteur, le M5-RFP, qu’à 18h30, au terme d’une journée qui a commencé vers 11heures. Juste le temps pour entendre l’imam Mahmoud Dicko répondre aux injurieuses injonctions : “Nous ne sommes pas un peuple soumis, nous ne sommes pas un peuple résigné, nous sommes un peuple fier et debout à qui on ne peut imposer ce qu’il ne peut accepter. En ce qui me concerne personnellement, je préfère mourir en martyr que de vivre en traître de ma nation…”
La France, la belle puissance “Égalité-Fraternité-Liberté” aura aussi sa cinglante claque du M5-RFP. Le mouvement de la contestation se tient debout sur les remparts, face aux velléités de la France qui manœuvre en coulisse pour maintenir le défaillant président IBK, oubliant ses liens historiques avec le Mali et ne comprenant pas que la France et le Mali ont plutôt intérêts ensemble dans une bonne gouvernance que dans un impérialisme qui heurte les consciences.
Tout compte fait, aujourd’hui, il n’y a plus rien à faire. La détermination du peuple malien a dérouté IBK et ses mercenaires. La dernière mission de la CEDEAO conduite à nouveau par Goodluck Jonathan apparaît comme une opération de villégiature pour l’ancien président du Nigeria. Ses propositions ont été recadrées ce jeudi par le M5-RFP : “… rejet de toute avec Ibrahim Boubacar Keita sans que quatre conditions préalables ne soient remplies.
Monsieur Ibrahim Keita doit présenter au peuple malien, à l’Imam Dicko et au M5-RFP, des excuses pour les avoir diffamés devant les chefs d’État en les accusant de vouloir faire un coup d’État et de transformer le Mali en État islamique ;
la libération définitive de tous les jeunes, femmes et hommes arrêtés et jugés de façon expéditive à l’occasion des manifestations pacifiques dans le cadre de la désobéissance civile ;
l’identification et la mise à la disposition de la justice des commanditaires et des auteurs des tueries des 10,11 et 12 juillet 2020, qui devraient ainsi répondre devant les juridictions nationales et internationales de leurs actes criminels ;
la réponse à la demande de la démission de Monsieur Ibrahim Keïta formulée par le M5-RFP. Une éventuelle rencontre devrait juste servir de cadre pour définir les modalités du départ d’IBK avec son régime”.
Les choses sont suffisamment claires.
Amadou N’Fa Diallo