Human Rights Watch alerte sur les violences communautaires au Mali
Un soldat de la Minusma marche au milieu du village détruit de Bare le 5 juillet 2019. AFP Photos/Marco Longari
Texte par :
RFI
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Dans un nouveau rapport, Human Rights Watch se penche sur « les atrocités commises contre les civils au centre du Mali en 2019 ». C’est l’année la plus meurtrière pour les civils depuis le début de la crise dans le pays en 2012 selon l’organisation.
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Au moins 456 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées dans les dizaines d’attaques perpétrées par des groupes armés, dit Human Rights Watch, qui indique que le bilan est sans doute beaucoup plus lourd. L’auteure de ce rapport, Corinne Dufka, évoque notamment l’amplification des violences communautaires, alimentées par la présence des groupes islamistes, un climat d’impunité, et « l’accès aisé aux armes » :
« Les groupes islamistes, explique-t-elle, ont concentré leurs efforts de recrutement envers la communauté peule. Et, en réponse à ça, ainsi qu’au manque de présence des forces de l’ordre, des groupes d’autodéfense bambaras et dogons ont été formés pour protéger leurs villages. Mais ils ont aussi fait des opérations contre les populations peules, qu’ils ont accusés de soutenir les groupes islamistes armés. En 2019, on a vu les atrocités les plus sévères dans l’histoire du Mali avec le massacre de Ogossagou. Mais il y avait plusieurs incidents très sérieux, des groupes armés ont intensifié leurs attaques contre les civils, ils ont massacré des habitants dans des villages, de nombreux villageois ont été brûlés vifs, tandis que les autres ont été tués par les engins explosifs. »
Une responsabilité partagée par l’État
Corinne Dufka pointe aussi la responsabilité du gouvernement, impuissant à protéger la population, voire d’avoir une attitude partiale : « C’est l’État qui est responsable de la protection de la population civile. Et on a remarqué au Mali que les réponses de l’État ne sont pas impartiales. On a noté que, lors de plusieurs dizaines d’atrocités commises dans le contexte des violences communautaires, les forces de l’ordre ont réagi d’une façon qui n’était pas équitable. On a remarqué que les forces de l’ordre sont très lentes avec leur réponse, les gens les appellent pour venir au secours, ils ne viennent pas. »
Pour elle, ce manque de réponse incite les populations civiles à rejoindre des groupes armés : « Donc tout ça, c’est un autre facteur qui pousse les gens à former des groupes d’autodéfense. Et ces groupes d’autodéfense sont devenus incontrôlables. On a remarqué que la présence plus en plus forte des groupes d’autodéfense au Mali a vraiment poussé les gens, surtout dans les populations peules à joindre les groupes islamistes, parfois c’est une stratégie de protection pour les communautés. »