Honorable Issa Togo à propos des massacres du centre : « Nous aimons ce pays et on ne peut pas le laisser tomber ! »
Suite aux récentes attaques perpétrées au centre du pays, précisément dans les villages de Sobane-Dah, de Yoro et de Gangafani dans la région de Mopti, faisant des dizaines de morts, le Collectif des Associations de Jeunes du Pays Dogon (CAJPD) a organisé une marche pacifique afin d’interpeller, une énième fois, l’État sur ses responsabilités. Au cours de cette manifestation, nous avons pu interroger l’honorable Issa Togo, député élu à Koro. Dans cet entretien, l’honorable nous réaffirme sa détermination à continuer la lutte aux côtés de la jeunesse jusqu’au retour définitif de la paix à travers tout le Mali. Lisez plutôt !
Je pense qu’il faut d’abord montrer le mécontentement, parce qu’il y a eu trop de morts. Cela dit, les jeunes ont raison. Surtout, je me dis que c’est l’occasion pour les uns et les autres de se donner la main afin de chercher la solution à ce problème. Il faut reconnaître que là où l’on est arrivé, il ne s’agit plus de politiser, mais plutôt de regarder dans la même direction. Nous sommes tous les fils du terroir et nous aimons tous d’où nous venons. La seule chose qui vaille aujourd’hui est de dialoguer dans un langage franc.
Dialoguer avec qui ?
D’abord, entre nous enfants du terroir. Puisqu’entre nous, on se connaît. On sait qui est qui et qui fait quoi. Et si ensemble on se dit le langage de la vérité avec des réelles ambitions de sortie de crise, on peut trouver une porte de sortie. Et l’État va nous accompagner.
La situation dans son ensemble a trop duré. Selon vous, qu’est-ce qu’il faut faire concrètement ?
Il n’y a pas de solution miracle. Il faut seulement que les gens s’assument. Que sur le terrain on se parle, qu’on accepte de se pardonner et savoir qu’au final, c’est tout le monde qui perd. Après cela, il faut que l’État soit présent à travers l’armée malienne.
Lors du Conseil des ministres du 20 juin 2019, le président de la République a nommé le professeur Dioncounda Traoré comme son Haut représentant pour le centre. Comment interprétez-vous cette décision ?
Le président est le seul à savoir pourquoi il a confié cette responsabilité à Dioncounda Traoré. Nous autres, on va l’accompagner pour le bien du Mali.
Honorable, une partie de la jeunesse de la région de Mopti reste très critique à l’égard de ses députés. Parlez-nous un peu des actions que vous avez menées dans la région en tant qu’élu ?
La résolution de cette crise fait partie de notre quotidien. C’est depuis 2015 qu’on est sur pied chaque jour pour essayer de ramener la paix. De 2015 à nos jours, je ne sais même pas le nombre de voyages que j’ai effectués entre Bamako et le Cercle de Koro, notamment dans le village de Gonogrou. Je ne sais pas non plus le nombre de réunions que j’ai eu à tenir sur ce problème et je vous assure qu’il en est de même pour les autres députés de la région.
On a fait Youarou, Ténenkou, Douentza, Koro, Bankass, Bandiagara et autres. Toutes ces actions ont été menées dans le cadre du Collectif des Députés de la région. Et individuellement, nous sommes allés dans tous les villages qui ont été victimes, en tous cas en ce qui me concerne, je suis allé m’imprégner de leurs nouvelles. Mais malheureusement, qu’est-ce que nous constatons ? Nous parlons, mais il faut aussi un accompagnement. L’accompagnement c’est quoi ? Lorsque que nous alertons, il faut que l’État soit présent pour dénouer.
S’il y a un village qui est sous une menace et que nous communiquons là-dessus et que les autorités administratives sont informées, des mesures doivent être prises. Mais, si ces derniers ne viennent que le lendemain, qu’est-ce que vous voulez que nous fassions ? Nous sommes les fils du terroir, nous aimons beaucoup le pays dogon et toutes les zones de la région de Mopti. Nous aimons ce pays et on ne peut pas le laisser tomber.
Est-ce à dire que les populations peuvent toujours compter sur votre accompagnement ?
Absolument, nous sommes à 100% à leur disposition.
Entretien réalisé Amadou Basso
Source: Ziré-Hebdo