Hong Kong: une vidéo montre des blindés chinois envoyés à la frontière
© Twitter Global Times L’édition chinoise du Global Times a diffusé une vidéo montrant des chars et autres véhcules militaires se diriger vers Shenzhen, à la frontière avec Hongkong.
À Pékin
Une vidéo montrant une file de véhicules militaires aux portes du territoire autonome a été diffusée par un journal lié au pouvoir.
Le Politburo chinois se serait-il déjà secrètement prononcé sur le principe d’une intervention militaire à Hongkong? «Quand la propagande hausse le ton, c’est en tout cas le signe qu’elle a obtenu un feu vert du sommet», fait remarquer une journaliste de Pékin qui préfère rester anonyme. Car la rhétorique des médias officiels est bel et bien montée d’un cran pour conspuer les jeunes manifestants de Hongkong. Pour l’édition chinoise du Global Times de mardi, qui titre «Les prémices du terrorisme menacent Hongkong», les protestataires sont ni plus ni moins qu’«une meute de chacals revêtue de peaux de moutons» et «le moment est venu de leur régler leur compte».
Pour le journal télévisé officiel de la CCTV de la veille au soir, «les émeutiers de Hongkong sont les eaux sales du courant de l’histoire qu’il est indispensable d’évacuer». Ce sont «des individus qui sèment le désordre et la violence, (…) perpètrent des actes qui ont la couleur du terrorisme frôlant la folie frénétique». Certes, ces «inconscients» ont jusqu’alors défié le parti communiste mais, menace l’orateur de CCTV déclamant ce texte approuvé en haut lieu et citant un proverbe du philosophe de l’antiquité Laozi, «ceux qui sont arrogants périssent toujours les premiers»…
Pékin peut-il intervenir militairement?
Au texte, la propagande joint l’image, sous forme de vidéos placées en une du site Internet du Quotidien du peuple, l’organe du Parti communiste chinois. Mardi, l’une d’elles présentait des dizaines de blindés servant au transport des troupes et circulant en convoi sur une autoroute, au rythme d’une musique digne d’un film de Hollywood, arrivant à destination à Shenzhen, à quelques encablures de Hongkong. L’image est barrée d’un texte stipulant que «la loi autorise la police armée à intervenir dans des situations de grand chaos, de désordre, d’incidents violents sérieux, d’actes de terrorisme, et dans d’autres cas encore».
Peu d’experts pensent que Pékin décidera d’envoyer les chars à Hongkong, tant les conséquences seraient catastrophiques pour ce territoire autonome et pour la Chine. «Ça serait dramatique», a répété à la BBC Chris Patten, qui fut le gouverneur de Hongkong jusqu’à la rétrocession de la colonie britannique à la Chine en 1997.
Mais pas impossible, a-t-il laissé entendre en faisant remarquer que «depuis que (le président chinois) Xi Jinping est au pouvoir, la répression frappe toute forme de dissidence et tous les dissidents partout».
Refus de toute concession
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, notant que 300.000 de ses concitoyens résident à Hongkong, a lui aussi fait part mardi de son appréhension, appelant Pékin à «être très prudent». L’influent sénateur américain Mitch McConnell a quant à lui averti la Chine que «le monde l’observait», et qu’une répression violente à Hongkong serait «inacceptable».
La chef de l’exécutif de Hongkong, Carrie Lam, s’est exprimée mardi pour réitérer son refus de toute concession. Elle n’a pas répondu à des journalistes qui lui demandaient si elle avait réellement le pouvoir de décision, ou si c’était Pékin qui tirait les ficelles. Au bord des larmes, elle s’est soudain exclamée: «Mais réfléchissez cinq minutes, pensez à votre ville, voulez-vous vraiment qu’elle soit poussée dans l’abîme?»