Guerre en Ukraine. « Déportations » ou « évacuations » de civils vers la Russie :ce que l’on sait
Meguetan Infos
Alors que la guerre en Ukraine fait rage depuis plus de 40 jours, devant le Conseil de sécurité de l’Onu, mardi 5 avril 2022, le président ukrainien a accusé la Russie de procéder à des « déportations » d’Ukrainiens. Les Russes parlent « d’évacuation ». Mais que sait-on vraiment sur ces déplacements contraints de populations civiles ?
Derrière la guerre des mots se cache la guerre des faits. Lors de sa prise de parole devant le Conseil de sécurité de l’Onu, mardi 5 avril 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé la « colonisation » entreprise par la Russie sur l’Ukraine.
Mais il a aussi et surtout insisté sur le déplacement contraint d’Ukrainiens vers des territoires russes : « La Russie a déjà déporté des dizaines de milliers de nos citoyens dans leur pays. Plus tard ? Des centaines de milliers. Ils ont déjà enlevé plus de 2 000 enfants. La Russie veut faire des Ukrainiens des esclaves silencieux. » Autrement dit, le président ukrainien accuse les Russes de déporter des Ukrainiens sur leur territoire.
La Russie évoque des « décisions volontaires »
La réponse n’a pas tardé à se faire entendre dans l’assemblée. Vassily Nebenzia, le représentant russe au Conseil de sécurité a déclaré que son pays avait procédé à l’évacuation de « 600 000 personnes » d’Ukraine, dont « plus de 119 000 enfants ».
« Nous ne parlons pas, en aucune manière, [de personnes parties] sous la contrainte ou enlevées, ainsi que le décrivent nos partenaires occidentaux, mais bien de décisions volontaires », a-t-il ajouté.
Des civils déportés selon les autorités de Marioupol
Mais de quoi parle-t-on ? Selon toute vraisemblance le président ukrainien fait référence au siège de Marioupol en cours depuis plusieurs semaines. Autour du 25 mars, plusieurs voix ukrainiennes ont dénoncé des « déplacements forcés » vers des territoires russes ou pro-russes d’habitants vivant à Marioupol.
Parmi elles, la vice-première ministre ukrainienne Iryna Vereshchuk qui a demandé que ces habitants « déportés en Russie » aient le droit de revenir en Ukraine. Les autorités accusent les Russes d’avoir déplacé de force 15 000 civils.
Un appel qui fait suite au bilan partagé la veille sur Telegram du maire de Marioupol qui avait avancé les mêmes chiffres. Il y dénonçait également que les habitants étaient emmenés « de force » à bord de bus, ainsi que « la confiscation des passeports ukrainiens » d’habitants coincés sur place, comme le rapporte le quotidien La Croix .
Des témoignages sur les réseaux sociaux
D’autres témoignages sur les réseaux sociaux semblent corroborer ce que disent les autorités. Ainsi, la journaliste indépendante et chercheuse pour le Center for European Policy Analysis, Olga Tokariuk, a déclaré avoir été contactée par une amie dont la mère est coincée à Marioupol sous les bombardements russes. « On dit aux gens là-bas que la seule voie d’évacuation possible de la ville est vers Donetsk, occupée par les Russes. De là, les Ukrainiens sont transportés en Russie », a-t-elle tweeté.
Même son de cloche pour l’avocate spécialiste des droits de l’homme Oleksandra Matviichuk, qui, le 26 mars, affirme avoir parlé à des Ukrainiens transférés en Russie : « Ils n’avaient pas le choix : rester et mourir ou partir. »
Impossible de confirmer ou d’infirmer ces accusations pour l’heure. Depuis le début du conflit, 10 millions de personnes, soit un quart de la population ukrainienne, ont fui leurs foyers, selon le Haut-commissariat de l’Onu pour les réfugiés. 3,4 millions auraient trouvé refuge dans les pays frontaliers.
SOURCE: https://www.ouest-france.fr/