A l’appel d’une intersyndicale, les enseignants ont été appelés à faire grève et se mobiliser partout au Mali hier mardi pour faire entendre leur voix.
Tout est parti de la fameuse ordonnance du président de la transition, qui « abroge toutes dispositions antérieures contraires », en son article 4.Déclenchant du coup une vraie colère qui a monté chez les enseignants, qui sont très inquiets. L’article 39 dispose que « toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ».
Suivant la grille de lecture de la synergie syndicale de l’éducation, « l’article 39 a pour objets de répondre à une demande d’harmonisation des salaires des enseignants maliens avec ceux de la sous-région, d’apaiser le climat social et d’éviter que les enseignants ne se mettent en grève chaque fois qu’il y a une augmentation sur le statut général. Il vise aussi à rendre la fonction enseignante plus attrayante. »
L’école est confrontée à une crise grave et répétitive où la réussite des élèves est menacée tandis que les personnels sont en première ligne et se sentent abandonnés. Des réponses à la hauteur des enjeux sont nécessaires pour permettre un tout autre service public d’éducation.
Sur fond de rivalités syndicales
Cette grève est survenue dans un contexte de rivalités féroces entre la principale centrale syndicale, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et la Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016. Si le conflit de novembre-décembre 1995 a sensiblement modifié le rapport de forces entre organisations syndicales et permis à des leaders jusque-là inconnus du grand public de devenir des figures médiatiques, il a abouti aujourd’hui à une situation quasiment inextricable. Surtout, alimentant ce repli sur soi, elles se sont montrées dans l’impossibilité de dépasser les rivalités qui les opposent. Force a été de constater que depuis le conflit est exacerbé par la création de syndicats autonomes, la chronique syndicale a essentiellement été alimentée par les phrases assassines que les uns pouvaient dire sur les autres. Creusant d’autant le fossé qui a séparé les leaders des aspirations communes. Cette tendance s’est même accentuée ces derniers temps avec la revendication d’unification des grilles salariales de l’UNTM. La réforme engagée par le gouvernement a en effet clarifié les positions des différentes organisations et mis au grand jour leurs divergences.
Les dernières négociations entamées avec le gouvernement ont tourné court. Et l’intersyndicale a durci le ton en lançant la campagne de « désobéissance civile » qui a consisté à la fermeture des établissements et a lié son retour à la table des discussions à la relaxe pure et simple de ses militants appréhendés, puis relâchés plus tard.
Les syndicats d’enseignants ont voulu ainsi protester contre ce qu’ils ont qualifié de violation flagrante des droits fondamentaux des citoyens, de volonté manifeste du pouvoir de ne pas appliquer la loi de la République, de non-respect de leur statut, d’ intimidations et de menaces du gouvernement à l’égard des enseignants sur fond de violation de l’espace scolaire par les forces de l’ordre dans plusieurs localités du Mali.
Les volontaires au secours !
Bien évidemment, la volonté manifeste des enseignants est d’empêcher le déroulement des épreuves écrites du diplôme d’études fondamentales (DEF). Un mot d’ordre de fermeture des classes à une semaine des épreuves en est la traduction concrète. Ensuite, des enseignants sont très mobilisés en vue de faire échec à leur bonne tenue.
Face à cette situation le gouvernement n’est pas resté de marbre. Le recours aux volontaires devrait permettre la surveillance des épreuves écrites prévues du DEF-du lundi 16 au mercredi 18 août 2021 – et du baccalauréat – du 23 au 28 août 2021.Ceux-ci seront rémunérés chacun à hauteur de 4000 francs CFA. Toutes les dispositions pratiques ont été prises dans ce sens, a rassuré le ministère de l’Education nationale. Côté écoles privées, on ne se sent pas concerné par cette saute d’humeur. Un signe qui ne trompe point, l’Association indépendante des promoteurs d’écoles privées agréées du Mali (AIPEPAM) a apporté son soutien au gouvernement en invitant tous les enseignants du privé à participer pleinement aux examens en cours.
Georges François Traoré
L’Informateur