Grande marche à Bamako pour dénoncer l’insécurité au centre du Mali : Réactions des acteurs
Depuis belle lurette, le centre du Mali est en proie de l’insécurité. Le 1er janvier 2019, l’attaque de Koulogon a fait 39 morts. Le 23 mars 2019, l’attaque de Ogossagou a fait plus de 160 morts. Le 10 juin 2019, celle de Sobame Da a fait plus de 30 morts. Et le 17 juin 2019, l’attaque terroriste ayant visée la localité de Yoro dans le cercle de Koro a fait 38 morts. C’est face à la recrudescence des attaques que le Collectif des Associations de jeunes de la Région de Mopti et sympathisants (CAJRMS) a organisé une grande marche pacifique de protestation, le vendredi 21 juin 2019, à Bamako pour inviter l’Etat malien à prendre ses responsabilités pour sécuriser les populations. Au cours de cette manifestation, les acteurs ont donné leur réaction. Lisez !
Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Adema Association : « Si la crise perdure depuis tant d’année, c’est parce qu’il y a des Maliens qui vivent de ça»
C’est très important ce qui est en train de se passer. Si un Collectif des Associations de jeunes de la Région de Mopti qui est aujourd’hui meurtri comme d’autres régions du Mali pour dénoncer les barbaries, les tueries dont sont victime les populations civiles mais aussi nos forces armées et de sécurité. Si c’est pour dénoncer l’amalgame, si c’est pour réclamer plus de sécurité pour les populations, pour réclamer et faire un plaidoyer pour le maintien de la cohésion sociale et la paix qui sont les richesses les plus importantes pour nous aujourd’hui. Le plus important c’est d’avoir la paix et d’être uni. Pour moi, tous les Maliens, quelque soit leur ethnie, leur religion, leur localité d’origine devraient être se senti concernés par tout ce qui se passe.
Ce qui se passe aujourd’hui, c’est parce que des Maliens ont accepté que ça se passe. Si des étrangers, viennent comme on le dit pour déstabiliser notre pays, ils ne sont pas tous des étrangers, ils le font avec la complicité des Maliens. Si la crise perdure depuis tant d’année, c’est parce que, je suis désolée, il y a des Maliens qui en vit, qui vivent de ça. Ils vivent de trafic d’armes, de drogue, de personnes humaines. Ça ce sont des Maliens qui sont en relation avec des étrangers. Nous, on ne produit pas d’arme. Les armes viennent d’où ? On se pose la question, c’est les grandes puissances qui produisent les armes.
Le pays est inondé d’arme. Ces armes rentrent comment chez nous ? Par quel biais ? Et pourquoi on n’arrive pas à permettre à nos forces armées d’occuper toutes les localités du Mali et de remplir leurs missions régaliennes ? Pourquoi on les empêche ? Pourquoi elles, elles sont cantonnées pendant qu’on laisse les groupes armés, les bandits, les milices de semer la mort, la haine, la violence et la désolation. Les autorités maliennes, avant de se soucier de faire plaisir à la communauté internationale devraient d’abord se soucier de ce qui est l’intérêt du Mali. Que les populations ne restent pas indifférentes à ce qui se passe.
Quant ça se passe à Kidal, à Ménaka, à Aguelhok etc, que les Maliens ne soient pas indifférents. Quant ça se passe dans la région de Mopti ou dans la région de Ségou, partout où il ya eu des massacres comme ça, il ne faut pas que les autres Maliens continuent à vaquer à leur occupation à faire des fêtes sans fin comme s’il n’y a pas la guerre au Mali. Où sont nos services de renseignement ? Comment c’est possible que tout ça se préparent, que des gens viennent avec autant de moyen occuper depuis 19 heures jusqu’au lendemain matin, ils viennent, ils saccagent. Les services de renseignement, où est ce qu’ils sont ? Est-ce qu’ils ont donné les renseignements là où il fallait.
Et là où ils ont donné les renseignements, est-ce qu’ils ont agit ? Les Maliens doivent se poser toutes ces questions et ne pas laisser les autorités seules gérer la situation. C’est important que les Maliens se sentent concernés, que les Maliens s’impliquent pour dire ça suffit comme ça, trop c’est trop. Le seul bien qu’on a en commun, c’est le Mali. Nous sommes d’abord responsables de notre propre sort. L’appel que j’ai à lancé, il est temps que les Maliens se réveillent et ne limite pas cette question à une question de conflit intercommunautaire peulh-dogon, peulh-bambara, non, c’est une question nationale. Et c’est maintenant qu’il faut mettre un frein à ça.
Issa Togo, député à l’Assemblée nationale du Mali : « Il y a eu trop de morts »
Ce qui m’a motivé à marcher, je pense qu’il faut d’abord manifester son mécontentement, parce qu’il y a eu trop de morts. La deuxième raison, c’est que je me dis que c’est l’occasion pour qu’on se donne la main. On se donne la main pour chercher la solution à ce problème. La seule chose qui vaille aujourd’hui, c’est qu’il faut dialoguer et chercher la solution. Je demande à la population de garder le calme et d’être sereine et que le meilleur est à venir. Je demande à la communauté internationale de nous accompagner. Sur le terrain, il faut que les gens se parlent et que l’Etat soit beaucoup présent.
L’honorable Oumar Mariko, président du parti SADI : « L’Etat a failli à son devoir de protection des citoyens »
Ce qui m’a motivé à marcher, c’est la recherche de la cohésion sociale, la recherche de l’unité qui est en train d’aller à vau-l’eau de notre pays et de notre peuple. Nous avons depuis de longues dates interpellées tous ces pouvoirs par rapport à la gestion de notre pays qui avait besoin que tous les enfants, toutes les filles et tous fils puissent se retrouver et se parler mais malheureusement nous nous sommes rendu compte de la déliquescence totale de l’Etat qui est responsable de cette situation actuelle. L’Etat a failli à son devoir de protection des citoyens. L’Etat a failli à son devoir d’avoir une armée, une police et une justice au service du peuple. La communauté internationale ne fait pas partie de la solution, elle fait partie des problèmes. Mon seul appel va en direction des couches sociales, des Maliens et des maliennes, qu’ils se mettent ensemble et nous allons trouver la solution.
Nouhoum Togo, chargé à la communication du cabinet du chef de file de l’opposition : « Ce qui se passe au centre du Mali interpelle tout malien et la communauté internationale »
Ce qui se passe au centre du Mali interpelle tout malien, interpelle la communauté internationale. Ce que nous avons vu est horrible. Des enfants innocents qui n’ont rien fait ont été tués à Sangha. On a vu des animaux abattus. Il y a une manipulation qui est en train de mettre les communautés dos à dos. Il faut la mobilisation générale pour mettre fin à la crise. Il faut organiser des conférences au niveau local jusqu’au niveau de Bamako. La communauté internationale doit nous aider en protégeant la population. J’invite les autorités maliennes de mettre l’armée malienne en marche. Je demande à la population de se mobiliser ensemble pour relever le défi.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo