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Gouvernement malien : Quelles chances de survie politique pour Choguel Kokala Maïga ?

Meguetan Infos

On le sait bien ! Un fusible a pour fonction de protéger un circuit contre les courts-circuits et les intensités trop élevées. En politique, le fusible, c’est tout homme ou femme qui est viré pour détourner l’attention, pour faire tomber la pression, pour protéger des supérieurs ou un système. Cette maxime hante le sommeil de Choguel Kokala Maïga, l’actuel Premier ministre de la transition malienne.

En effet, depuis quelques jours, des rumeurs faisant état d’un probable limogeage du sulfureux PM circulent. Ces rumeurs ont beau être démenties, minimisées ou méprisées, « il n’y a pas de fumée sans feu ». Dans tous les cas, voir le président Assimi Goïta débarquer son PM est bien désormais dans l’ordre du possible. En effet, oubliant la directive de Machiavel pour qui un dirigeant doit «éviter avec soin toutes les choses qui le rendraient odieux et méprisable», Choguel aura réussi à faire l’unanimité contre sa personne, que ce soit au Mali ou au niveau international.

Déclaré persona non grata par la communauté internationale, l’homme a surfé, parfois exagérément, sur le populisme et la propagande pour se faire adouber par ses concitoyens et certains panafricanistes. Il a parfois poussé le bouchon jusqu’à tomber dans la boue avec des propos injurieux et irrévérencieux.

Le président Goïta se rend-il compte que son PM a fini par devenir un boulet à son pied ? Seul le colonel a la réponse mais l’on constate qu’au-delà du fait que l’activisme de Choguel a permis de faire entendre la voix du Mali et de son peuple dans le concert des Nations, il y a eu un effet pervers qui a engendré des blocages politiques-institutionnels et sécuritaires préjudiciables à son pays.

Si Assimi venait à décider de le garder, c’est qu’il pense que Choguel reste l’homme de la situation

C’est sans doute pour cette raison que le président Assimi Goïta, en mettant en place le mécanisme de concertation avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a pris le soin d’en confier le management à ses ministres des Affaires étrangères et de l’Administration territoriale et de la Refondation.

Cela dit, dans le dispositif de la Transition malienne, le colonel Goïta est le seul maître à bord. Il peut démettre Choguel Maïga, tout comme il peut le garder pour la suite du processus. S’il venait à décider de le garder, c’est qu’il pense que Choguel reste l’homme de la situation. Par contre, s’il venait à le démettre, ce serait certainement pour des raisons liées à la finalité du fusible. Car, pris au piège entre les sanctions de la communauté internationale, l’aggravation de la situation sécuritaire et les menaces de l’opposition interne, Assimi Goïta n’aura pas de pitié pour son PM dont le limogeage pourrait lui permettra de desserrer l’étau et de recoller les morceaux.

L’ancien président Laurent Gbagbo a trouvé la formule : « si on t’envoie, il faut savoir t’envoyer ». En cas de limogeage, Choguel Maïga, familier du marigot politique malien, ayant travaillé avec presque tous les régimes qui se sont succédé dans son pays, aura certainement le temps de disserter sur cet adage.

Pour le moment, les Maliens peuvent s’interroger sur les chances de survie politique de l’enfant de Gao. Il n’est pas trop de penser que celui qui a servi sous Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré (ATT), Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et qui sert aujourd’hui sous Assimi Goïta, entrevoit la ligne d’arrivée de son parcours politique.

Youssouf Konaré

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