Gilets jaunes: prison ferme pour avoir agressé un policier
Quatre prévenus étaient jugés pour violences sur le directeur de la police dans la Drôme lors d’une manifestation.
Les sanctions sont lourdes. Des peines allant jusqu’à un an de prison ferme ont été prononcées ce mercredi à Valence à l’encontre de quatre personnes, dont une militante du PCF, poursuivies pour des violences sur le directeur de la police dans la Drôme lors d’une manifestation des gilets jaunes.
Le tribunal a suivi d’assez près les réquisitions du procureur Dominique Binet, pour qui les prévenus, dont aucun n’avait encore de casier judiciaire, voulaient “bouffer du flic” le 8 décembre, quand le commissaire divisionnaire Noël Fayet a été roué de coups sur le sol.
Les peines vont de neuf à 18 mois d’emprisonnement, avec six mois de sursis et une interdiction de manifester pendant trois ans.
“Jamais vu une telle avalanche”
Le 8 décembre, le directeur départemental de la sécurité publique était en civil, mais muni de son brassard et de son arme de service, quand il a été violemment pris à partie après une interpellation dans une zone commerciale de Valence, où les forces de l’ordre venaient de disperser un rassemblement de gilets jaunes.
Une vidéo de la scène, filmée par une caméra de surveillance municipale, a été décortiquée à l’audience. Les quatre prévenus ont été identifiés parmi une vingtaine de personnes. “Facilement”, de l’aveu des policiers qui les ont arrêtés, car tous affichaient un signe distinctif: pantalon rouge, baskets orange, sac à dos rose… Preuve qu’ils ne cherchaient pas à se cacher pour en découdre, selon la défense, qui envisage de faire appel.
Noël Fayet et un collègue ont essuyé de nombreux coups qui leur ont valu respectivement trois et deux jours d’interruption de travail. “En 28 ans de police, je n’ai jamais vu une telle avalanche”, a confié le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) dans un témoignage lu par le tribunal – il était absent à l’audience.
“Je n’ai jamais donné de coup”
“Je n’ai jamais donné de coup à qui que ce soit”, s’est défendue la militante du PCF, une boulangère de 37 ans condamnée à trois mois ferme. Sur la vidéo, on la voit surtout s’emparer du bonnet du commissaire à terre, geste censé, sur le coup, “détourner son attention pour qu’il ne sorte pas son arme”. “C’était on ne peut plus stupide”, reconnaît-elle. L’accusation, elle, est convaincue qu’elle voulait emporter “un trophée”.
Un cordiste en formation de 22 ans admet, lui, avoir porté un coup de pied, geste “inadmissible” dont il s’excuse. Mais s’il est intervenu, dit-il, c’est pour tenter de mettre fin à une bagarre, sans savoir qu’il s’agissait de policiers. De même pour un autre prévenu. Mais dans ce cas, “pourquoi ne pas s’en prendre à celui qui [dans l’attroupement] porte une batte de baseball ?”, a interrogé le procureur.
Très visible sur la vidéo, ce manifestant armé n’aurait pas été vu par les prévenus, qui soutiennent tous que ce que l’on peut analyser à l’écran aujourd’hui ne correspond pas à ce qu’ils pouvaient voir dans la confusion ce jour-là.
Les quatre prévenus sont ressortis libres du tribunal, applaudis par leurs soutiens, dans l’attente de comparaître devant le juge d’application des peines.
l’express