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Fin de mandat pour Fatou Bensouda à la CPI

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Eric Topona –

Le mandat de neuf ans de Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale expire ce mardi (15.06.2021). Son successeur, le Britannique Karim Khan, prend officiellement ses fonctions mercredi dans la salle d’audience de la juridiction internationale à la Haye, aux Pays-Bas. Que peut-on retenir du bilan de l’ancienne ministre gambienne de la Justice au parquet de la CPI ? Et quelles seront les marges de manœuvres de Karim Khan, son successeur ?

« La Cour pénale internationale a fait plus de show, plus de procès spectaculaires. Mais à l’arrivée, elle fait juste toujours chou blanc », estime l’analyste et homme politique sénégalais, Adama Gaye.

Selon lui, beaucoup en Afrique formulent les mêmes griefs à l’endroit de la Cour pénale internationale (CPI), accusée de n’avoir jusqu’ici poursuivi que des Africains. Adama Gaye fait un diagnostic sans équivoque : « l’élan, l’enthousiasme qu’il y avait autour de la Cour pénale internationale est retombé. Il ne manque pas d’entité ou d’Etat qui s’oppose à elle. Madame Bensouda, après neuf ans de présence à la tête du parquet de la Cour, ne part pas avec un bilan élogieux ».

Des actions positives

Cependant, maître Mamadou Ismaïla Konaté, avocat et ancien ministre de la Justice du Mali est moins critique vis-à-vis de la CPI.

« Quand on prend en compte la nature de la juridiction, quand on prend en compte la situation des difficultés à laquelle était exposée cette juridiction qui ne lui ont pas donné l’occasion d’être autonome, bien évidemment on peut avoir l’impression que le bilan est mitigé. Mais pour autant, en matière de lutte contre l’impunité, en matière de lutte contre le crime, chaque fois que l’on appréhende un criminel, c’est quelque chose de très positif dans le contexte de la CPI ».

Une juridiction sous pression

La prise de fonction de son successeur, le Britannique Karim Khan, survient dans une période marquée par les fortes pressions que subit la CPI de la part des Etats-Unis qui n’ont toujours pas signé le statut de Rome, fondant la juridiction internationale.

C’est pourquoi Adama Gaye n’attend pas grand-chose de cet avocat, spécialiste des droits humains qui a récemment dirigé une enquête spéciale de l’Onu sur les crimes du groupe Etat islamique.

« Evidemment, on ne peut pas s’attendre à ce que le nouveau procureur, Karim Khan, puisse faire mieux que Fatou Bensouda. Dans la mesure où ce nouveau procureur est connu pour avoir été l’avocat des grands criminels, que ce soit Charles Taylor et d’autres. Donc, encore une fois, on a l’impression que cette Cour avance sans savoir où elle va. Et sa crédibilité est plus que jamais remise en question ».

Avocat prolifique

Outre Charles Taylor, Karim Khan a aussi défendu, devant la Cour pénale internationale, les intérêts de l’ancien vice-président kényan William Ruto, du Congolais Jean-Pierre Bemba et du fils de l’ancien dirigeant libyen, Saïf al-Islam Kadhafi.

Karim Khan est le troisième procureur de la Cour basée à La Haye. Celle qui le précède à ce poste, Fatou Bensouda avait été nommée par consensus en 2011. Tout comme son prédécesseur, l’Argentin Luis Moreno Ocampo.

Le nouveau procureur a également travaillé dans plusieurs tribunaux internationaux et spéciaux pour le Rwanda, la Sierra Leone, le Liban, le Cambodge et l’ex-Yougoslavie.

Parmi les premiers dossiers qui l’attendent, il y a l’enquête sur les crimes de guerre commis en Afghanistan, des crimes qui pourraient impliquer les Etats-Unis. Ainsi que ceux perpétrés dans les territoires palestiniens.

Auteur: Eric Topona

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