Fin de la grève des magistrats : Des audience de rattrapage seront programmées
Hier, les activités ont bel et bien repris dans les cours et tribunaux sur l’ensemble du territoire national au grand bonheur des usagers de la justice. En effet, depuis le 1er novembre, le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) ont décidé de mettre fin à leur grève illimitée à faveur d’une assemblée générale d’information tenue à la Cour d’appel de Bamako.
Pour constater de visu cette reprise, notre équipe de reportage a sillonné hier à la mi-journée plusieurs tribunaux des deux rives de Bamako. C’est à 12h 45mn exactement que nous sommes arrivés au tribunal de grande instance de la commune VI du District de Bamako, l’heure habituelle de la pause. Cependant, le dispositif de fonctionnement normal était en place. La cour du tribunal ainsi que les parkings extérieurs étaient tous remplis de véhicules et d’engins à deux roues.
Le greffier en chef de ce tribunal, Me Berthé Adiaratou Tangara, et ses collègues ont dû faire face à beaucoup de demandeurs de casier judiciaire et de certificat de nationalité. «Nous étions tellement débordés que nous avons renvoyé beaucoup de demandeurs jusqu’au mercredi. A l’heure où je vous parle, nous avons déjà reçu plus de 600 demandes que nous avons reparties en deux lots, soit 300 pour aujourd’hui et les autres 300 pour mardi». Par ailleurs, notre interlocutrice a annoncé la programmation par le greffe des audiences extraordinaires pour récupérer le temps perdu. De même, Me Berthé Adiaratou Tangara précisa que plus de 80% des demandes enregistrées à leur niveau lundi concernent le certificat de nationalité, ajoutant que la demande du casier judiciaire est tributaire du lieu de naissance du demandeur. Nous avons aussi rencontré le président du tribunal de grande instance de la commune VI, Zakariyah Kanté. «La reprise est effective et totale. Tous les magistrats (parquet et siège) sont à leurs postes. J’ai d’ailleurs anticipé sur la reprise en travaillant jusqu’à 23 heures dimanche soir pour ensuite reprendre lundi matin. Ce qui m’a permis de finir avec tous les dossiers qui étaient en souffrance depuis le mois de juillet. Nous sommes en train de reprogrammer les audiences en prévoyant mêmes des audiences extraordinaires qui vont commencer du matin si possible jusqu’à 20 heures pour que dans un mois, nous puissions résorber le retard cumulé», a expliqué le haut magistrat.
En outre, le président Kanté nous a confié avoir donné la priorité aux détenus concernant les dossiers correctionnels, en l’occurrence ceux dont le délai légal de détention est expiré il y a longtemps. Il précisera par la suite que dès aujourd’hui, des audiences de référé (audiences d’extrêmes urgences) vont débuter, rassurant ainsi que les greffiers sont présentement en train de préparer les rôles pour cet effet.
De l’autre coté de la rive gauche du District, précisément au tribunal de grande instance de la commune III où notre équipe s’est ensuite rendue, c’était la même intensité. Pour preuve, le président de ce tribunal, Faradji Baba, avait plusieurs dossiers sous la main. «Nous sommes en train de mettre de l’ordre dans les affaires, en reprogrammant les audiences et faire au besoin des avis de report pour des audiences qui le nécessitent». Faradji Baba assure que sa juridiction restera fidèle au principe du contradictoire, qui exige que l’on informe les justiciables quelques jours avant la date des audiences. Donc, les audiences reprendront d’ici trois jours, voire une semaine selon les cas, a-t-il indiqué.
Au niveau du greffe du tribunal de grande instance de la commune III, les demandes de documents juridiques (casier et nationalité) étaient nombreuses. Mais le greffier en chef était absent pour raison sociale, nous a-t-on appris.
Qu’a cela ne tienne, nous avons pu rencontrer Amidou Koné, aide-archiviste. «Nous avons donné la priorité aux demandes antérieures à la grève qui souffraient ici. Nous allons commencer avec les nouvelles demandes à partir de ce mardi», a-t-il dit, précisant avoir déjà traité plus d’une centaine de demandes de nationalité à la mi-journée.
Aboubacar TRAORÉ