La bourgade de Fana est située entre Bamako et Ségou. Zone rurale par excellence, les femmes comptent sur les avancées de la loi pour imposer aux hommes les réformes.
La société malienne est fondamentalement phallocratique. Pour amener l’égalité entre les sexes et promouvoir une certaine justice entre les sexes, les autorités ont voté des lois en faveur de l’émancipation des femmes.
A Fana, localité encore très rurale, la question est très exacerbée et la lutte des femmes est encore plus délicate, obligées qu’elles sont de naviguer entre le poids des traditions et le désir de s’affranchir des lourdeurs.
« Aujourd’hui, notre principal cri de cœur c’est vraiment de réclamer nos droits et nous imposer pour avoir les places que nous méritons. Nous voulons aussi des places dans les organisations, à la mairie ou encore dans les bureaux des partis politiques », explique madame Sidibé Bintou Dansogo, enseignante.
Pour elle, « il n’y a personne qui connait mieux les problèmes de nos localités mieux que nous les femmes. Nous sommes les premières responsables des enfants. Normalement, au moins, pour des questions concernant l’enfant, l’éducation, la famille, le bien-être, il est temps que nous soyons à défaut d’être impliquées, concertées », ajoute l’enseignante.
« Pour moi, il reste des espaces à conquérir pour les femmes. En ville, c’est plus facile. Ici, une femme qui veut parler en publique est considérée comme portant le pantalon chez elle, comme quelqu’un qui domine son mari, qui n’a pas d’éducation. Pire, si elle n’est pas mariée, on lui dira qu’elle est aigrie et veut gâter les foyers des autres en les amenant à se révolter contre leur mari », ajoute Oumou Sylla, qui, quoique disponible pour militer, se réserve du fait de son statut de célibataire et du fait du regard des autres.
Benda Sanogo, conseillère à la mairie « la femme peut et occupe beaucoup de places dans la société. La femme, peu importe comment elle est et les conditions dans lesquelles elle vit, doit s’impliquer dans les activités et le développement de la société. La femme doit prendre des initiatives pour marquer le rôle qu’elle joue. Nous ne sommes pas complètement en marge, car au niveau de certains aspects, nous avons des droits, surtout grâce à la loi 052 qui nous octroie des places sur les listes électorales ».
Selon madame Traoré Babintou Sissoko, membre du réseau des femmes de Fana : « pour moi c’est depuis le jeune âge que la jeune femme peut s’affirmer et réclamer ce qui lui est du. Avant, dès qu’une jeune femme voyait ses menstrues, on la donnait en mariage et ainsi s’arrêtait ses études. Aujourd’hui, je ne dirai pas que cela ne se fait plus, mais avec les formations des partis politiques, des associations de femmes engagées dans le développement de nos communes les filles peuvent dire non lorsqu’elles ne sont pas d’accord ».
Pour elle, la femme a des droits et mérite le même respect que l’homme. « Je fais en sorte que les hommes comprennent le respect du quota de même que les questions de BVG et d’équité genre », explique madame Traoré.
« En tout cas, ici à Fana, nous souhaiterions exercer tous les travaux que peuvent pratiquer les hommes ou du moins apprendre. Du moment où le gouvernement même a décrété des lois favorisant l’intégration des femmes, nous prenons un plaisir à revendiquer la place qui nous revient de droit », ajoute notre interlocutrice.
Aminata Agaly Yattara
Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et NED
Mali Tribune