Suspectant qu’il est cocufié par sa fiancée au profit de son ami, le jeune homme a profité d’une dispute pour étrangler sa dulcinée. Il a ensuite tenté de maquiller son acte en suicide
Rien ne saurait justifier un crime, dit-on. Mais par malheur, il arrive dès fois que cela survient. Le cas échéant, le/ou les auteurs doivent être punis conformément à la loi pénale, afin de les rappeler que la vie humaine n’a pas de prix. Elle est de ce fait sacrée. En somme, il est admis que nul ne saurait se débarrasser de son prochain en lui ôtant la vie, impunément.
Nous désignons le héros malheureux de cette histoire par son initiale IM. Ce jeune homme d’une vingtaine d’années est suspecté d’être le meurtrier de sa fiancée NM, également âgée d’environ vingt ans. Cette sordide histoire s’est passée le 30 juillet dernier à Sébénicoro en Commune IV du District de Bamako. Si tout doit se passer comme prévu, le suspect numéro un de ce meurtre devra s’expliquer, voire se défendre devant des jurés dans l’espoir d’échapper à la rigueur de la loi.
Selon nos sources proches du dossier, IM et NM étaient fiancés depuis un certain temps. Les deux tourtereaux menaient une vie de couple relativement paisible à l’image de nombreux jeunes couples. Il est généralement admis qu’ils sont rares ces conjoints qui ne passent pas par la case des petites difficultés à un moment donné de leur vie.
Ces périodes difficiles sont pour la plupart des cas qui se gèrent entre l’homme et la femme dans une relative discrétion. Au même moment, il est également admis qu’un drame peut survenir au cours d’une dispute si l’un des conjoints perd le contrôle de ses nerfs en mettant le cœur avant l’esprit.
Durant tout le temps que ce jeune couple a vécu à Sébéncicoro, un quartier populaire de la commune sus citée, leurs proches et/ou amis n’ont rien remarqué d’anormal dans le couple. Signes plus ou moins évidents qu’ils étaient parvenus à gérer relativement les malentendus mineurs qui secouent nombre de couples de façon générale. Il en fut ainsi chez nos deux jeunes gens jusqu’à la nuit du 29 au 30 juillet dernier.
Sans vouloir détailler les causes réelles, certaines sources ont d’emblée pointé du doigt le comportement jaloux du jeune homme vis-à-vis de sa fiancée. En fait, IM aurait soupçonné NM de le tromper avec un de ses propres amis à lui. Il semble que, dans un passé récent, le couple s’était disputé sur le même sujet sans pouvoir s’accorder sur un point d’entente. Et plus le temps passait, plus la situation ne s’était pas du tout arrangée entre eux. Ainsi, la blessure est restée ouverte sans pouvoir se cicatriser.
Conséquences, le couple qui vivait dans une paix relative, faisait désormais face à de récurrentes prises de bec qui ont fini par se transformer en véritable dispute. Finalement, la suspicion avait envahi tout le cœur du jeune homme qui se sentait cocufié. Difficilement ce dernier pouvait digérer qu’un de ses amis fasse la cour à sa propre fiancée. Ce qui le choquait le plus dans cette histoire, c’est le fait qu’à chaque fois qu’il aborde le sujet avec sa dulcinée, cette dernière le rejette totalement.
Puis, pour se défendre, elle met l’attitude de son fiancé sur le compte d’une simple suspicion. Il est arrivé un moment où le couple vivait dans une atmosphère de méfiance teintée de suspicion. Une atmosphère délétère dans laquelle chacun des deux avait quelque chose sur le cœur, mais ne l’exprimait pas ouvertement. Les choses auraient évolué ainsi jusqu’à la date indiquée plus haut.
C’était une nuit. Le jeune homme a fait appel à sa dulcinée pour qu’elle le rejoigne devant son dépôt de boisson servant de boutique pour lui dans le quartier. Ainsi dit, ainsi fait. Lorsque la jeune fille s’est présentée devant la boutique, le garçon n‘a pas résisté à la tentation de soulever le même problème qui le rongeait et l’empêchait de mener une vie normale d’avant.
Comme il fallait s’y attendre, lorsqu’il a commencé à parler de la même histoire de tromperie de la part de la jeune fille, cette dernière n’a pas varié dans sa réponse. Elle a toujours mis en avant le caractère suspicieux des propos de son fiancé. Non content de cette réponse, une dispute éclata de nouveau entre eux devant la boutique.
Au cours de celle-ci, le jeune homme aurait serré la gorge de sa fiancée de toutes ses forces durant des minutes. La jeune fille s’est affalée de tout son corps sur le sol devant lui.En réalité, sans s’en rendre compte et très probablement, sans le vouloir, il avait serré la gorge de sa fiancée jusqu’à ce que mort s’en suit. La pauvre était morte par strangulation sous ses pieds. Immédiatement après les faits, il a transporté le corps sans vie de la pauvre pour se diriger vers une clinique, sise quelque part à Hamdallaye dans la même commune du District de Bamako.
Aux Blouses blanches qu’il a trouvé sur place, le jeune homme a inventé une histoire cousue de fil blanc. Au lieu de leur raconter comment les choses se sont réellement passées, il leur a la coniquement indiqué que la victime s’était suicidée. Les médecins qui l’ont accueilli se sont abstenus d’en discuter avec lui. En légalistes, ces derniers ont directement contacté les policiers du commissariat du 9ème arrondissement pour les raconter brièvement la situation.
C’est ainsi que le commissaire Santigui Kamissoko a envoyé une équipe à la dite clinique pour y voir clair. Dans la foulée, les limiers ont directement conduit le jeune homme dans leurs locaux pour une audition sommaire. Au cours de celle-ci, le suspect a maintenu la même version tenue peu avant,devant les médecins, mais à quelques phrases près. Il a soutenu mordicus que la jeune fille s’était suicidée. Et d’ajouter qu’elle l’avait fait « par pendaison après plusieurs tentatives.
Pour soutenir cette idée, le garçon a expliqué que lui même avait, à maintes reprises, tenté de l’en empêcher. En vain.Ensuite, il est allé jusqu’à vouloir donner les raisons ce suicide. Pour cela, il a soutenu qu’ils (elle et lui)s’étaient disputés à la suite de la disparition d’une somme de un million de franc CFA dans leur chambre. Lorsqu’il en avait parlé à la jeune fille, celle-ci s’était sentie coupable d’une histoire de vol d’argent alors qu’elle n’y était pour rien. D’où ses tentatives répétées de se suicider. Ainsi de nouveaux éléments sont apparus dans sa première version.
Le suspect avait oublié qu’il avait devant lui des policiers professionnels qui l’ont rapidement coincé en lui rappelant un fait. Non seulement il n’avait aucun droit d’amener un corps sans vie dans une quelconque clinique sans en avoir informé la police. Mais en plus de cela, les limiers ont constaté de nombreux trous dans ses versions. En creusant, ils ont compris que certains éléments ne collaient pas avec la piste du suicide.
Les déclarations du jeune homme n’ont pu prospérer face à la reconstitution de la scène du crime faite par la police scientifique et technique à la quelle le commissaire Kamissoko du 9ème arrondissement avait fait appel pour tout clarifier afin d‘en avoir le cœur net sur cette triste histoire.
En professionnels, la police scientifique détenait un détail qui anéantissait totalement la piste du suicide tant soutenue par le suspect. Après expertises, ces policiers d’un autre genre ont prouvé au garçon qu’il avait voulu maquiller un meurtre en suicide. Partant des nombreux trous constatés dans ses déclarations, et le résultat de l’analyse de la police scientifique, les enquêteurs ont conclu à un meurtre que le suspect voulait maquiller en suicide, comme évoqué plus haut. Sans perdre de temps, le dossier du jeune homme a été rapidement ficelé et mis à la disposition du parquet du tribunal de la Commune IV du District de Bamako aux fins de droit.
Tamba CAMARA