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Faits divers : Braquage ou abus de confiance ?

Essor

À Bamako actuellement si un engin à deux roues intéresse les voleurs, c‘est sans nul doute les fameuses mototaxis qui sillonnent la ville et ses environs de jour comme de nuit à la recherche de potentiels clients. Ce ne sont pas les policiers qui diront le contraire eux qui enregistrent régulièrement des cas de vol ou de braquage dont ces motocyclistes sont les principales victimes.

Pas plus tard que la semaine dernière, nous évoquions dans ces mêmes colonnes l’histoire du vol d’une mototaxi d’un certain K de la part d’un malfrat qui s’est fait passer pour un client. Par la suite, ce client s’était avéré être un véritable voleur qui a disparu avec la mototaxi sous les yeux de son conducteur qui a été obligé de se tourner vers la police pour retrouver son bien roulant. Mais jusqu’à ce jour rien.

Nos amis policiers ont tenté de donner une explication à ce qu’ils considèrent comme un phénomène. D’abord, nous ont-ils expliqué, les malfrats font la ruée sur ces engins pour deux raisons : Primo, ces engins sont de qualité. Consécutivement, ils sont résistants. Secundo, ces motos s’achètent chère sur le marché noir plus que les fameuses Djakarta. Les policiers considèrent le cas de vol présent comme une goutte d’eau dans un océan. D’où toute l’ampleur du phénomène. Les cas de vol de ces engins sont différents dans la forme, mais dans le fond, ils se rejoignent quelque part.

L’histoire du jour met en scène L, un chauffeur de mototaxi et une dame que nous désignons par Y. Pour lui faciliter ses courses personnelles, comme nombre de ses compatriotes résidant à Bamako, y a toujours recours aux services d’un chauffeur de mototaxi. Et le temps passant la bonne dame a noué une relation chauffeur-client avec L.

Les deux ont échangé leurs numéros de téléphone portables pour faciliter le travail qui allait désormais les lier. Ainsi, à chaque fois que la dame doit se rendre dans un lieu dans la capitale, elle fait appel à L pour venir la chercher, afin de la déposer à l’endroit préalablement indiqué.
Plusieurs semaines passèrent et les deux travaillaient ensemble au même rythme. Et à chaque fois qu’ils se séparaient, la satisfaction était totale des deux côtés. Le chauffeur recevait son prix de transport, alors que la dame avait aussi pu régler toutes ses affaires liées à ses courses personnelles dans la ville de Bamako et ses environs.

Ainsi, Y est devenue une cliente fidèle de L qui ne faisait aucun obstacle à ses courses lorsqu’elle exprimait le besoin. Et par la suite, une confiance et une amitié s‘étaient établies entre eux au point qu’elle appelait le jeune homme « mon frère ». Il arrivait souvent qu’elle lui achète à manger durant leurs courses en ville. Tout roulait entre eux comme sur des roulettes, professionnellement parlant. Ils étaient tellement liés au point que le chauffeur de moto était quasiment devenu le coursier de la dame à travers la ville. Selon nos sources, il arrivait dès fois que le jeune rende visite à sa cliente préférée durant ses heures perdues dans la journée.

De la relation client/chauffeur de moto, à celle d’affaire, il n y a’ qu’un pas que la dame n’a pas hésité à franchir allègrement. Les deux ont parlé d’affaire et se sont entendus sur l’achat d’une nouvelle moto pour que L en devienne le chauffeur. Mais avant, au cours d’une de leurs causeries, le jeune avait fait part de ses difficultés à ramener des recettes quotidiennes exigées par son employeur. à la fin de la causerie, il est parvenu à toucher le cœur de sa cliente. Ainsi, cette dernière s’est engagée à lui acheter une nouvelle mototaxi. Et il devait lui verser quotidiennement une recette aux termes de la journée de course à travers la capitale et ses environs.

C’est ainsi que Y touchée par la situation du jeune homme a décidé de lui acheter une nouvelle mototaxi, selon les conditions citées plus haut. Les choses sont allées ainsi entre les deux. Sans chercher à comprendre outre mesure, elle lui a remis la somme de 570.000 Fcfa pour l’achat du nouvel engin. Les deux étaient désormais liés en affaire, comme on le dit. Selon les termes de leur contrat, le chauffeur de mototaxi devait verser quotidiennement à sa nouvelle patronne la somme de 2.500 Fcfa jusqu’à ce que l’argent investi dans la moto soit épongé. Voilà qui était pourtant claire entre les deux.
Ils se sont quittés et chacun est parti de son côté. Le jeune homme a pris les clefs de l’engin et commença à travailler pour sa cliente devenue sa patronne par la force des choses.

Après quelques jours de travail, L a subitement disparu de la circulation. Non seulement il ne répondait plus aux appels téléphoniques de sa patronne, mais lui-même était resté introuvable. Plus question de verser une quelconque recette. Dans l’euphorie de la fête de Tabaski passée, la dame voulait l’appeler pour qu’il vienne fêter avec elle à la maison, mais elle n’aura pas de réponse à ses appels. Le conducteur de mototaxi est resté injoignable. Nul n’a pu donner la moindre information sur lui. La patronne de son côté est restée dans l’inquiétude la plus totale.

Mais quelques jours plus tard, l’air complètement abattu, L s’est présenté chez sa patronne avec une histoire à faire dormir debout. à son employeuse, il a expliqué avoir été victime d’un braquage à main armée des bandits, alors qu’il était allé déposer un client à Sotuba nuitamment. Pour convaincre sa patronne de ce qu’il avance comme raison, il dit avoir remis la moto aux malfrats de peur que ces derniers ne le tue. Curieusement, le jeune a mis tout son plan à l’eau lorsqu’il a clairement expliqué à sa patronne qu’il n’était pas allé déposer une plainte au commissariat de police après son agression.

Cette attitude a réveillé un doute en la dame. Elle n’était pas convaincue de ces explications données par L et n’a pas hésité à se rendre au commissariat de police pour le dénoncer et le laisser entre les mains des policiers. La mototaxi est restée toujours introuvable et les policiers pensaient à un cas d’abus de confiance.


Tamba CAMARA

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