Beaucoup de nos compatriotes oublient/ou ne savent pas que, le 26 mars 1991, le Peuple a hérité d’un État failli sous presque tous les rapports. À titre d’illustration, il faut savoir que, dans les semaines qui ont précédé le renversement de la dictature, les Ministres étaient obligés d’arriver au bureau à 6h du matin, avant le début des manifestations, et de n’en sortir qu’après 21h, après la fin des manifestations de la journée. Certains Ministres logeaient même à Koulouba, signe que l’État (plutôt ce qui en restait) n’arrivait même plus à assurer la sécurité de ses hauts responsables.
La Police avait déserté les voies publiques, car craignant des représailles de la part de la population pour la férocité meurtrière de la répression des manifestations pour l’ouverture démocratique.
Au niveau de l’Armée, il y avait un gouffre de confiance entre la troupe et le commandement. S’agissant du matériel militaire, les chantres de la dictature CMLN/UDPM racontent toutes sortes de contes de fée sur “les dizaines d’avions de combat” que le régime du
Moussa Traoré aurait laissées à sa chute. En début mai 1991, votre serviteur a personnellement visité la base aérienne de Bamako et celle de Bamako-Sénou. Il ne vous dira pas combien d’aéronefs il y en avait, quel était leur rayon d’action ni dans quel état ils se trouvaient. En réalité, même en tenant compte des bases de Sévaré et de Tessalit, le décompte était loin du chiffre surréaliste avancé.
Ps: il est curieux de noter que, sur page WhatsApp USRDA, certains semblent se ranger du côté des héritiers politiques des tombeurs de la 1ère République. C’est ça aussi, certes, la liberté de pensée et d’opinion, conquête indéniable du 26 mars 1991, mais cela donne beaucoup à réfléchir à ceux qui, comme votre serviteur, s’identifiant à la 1ère République et à la pensée et à l’héritage politiques du Président Modibo Keïta. Soit dit en passant, pour le Président Modibo, le RDA n’a jamais été une question de “famille”. Son référentiel, c’était le Mali, l’Afrique et le Tiers-Monde. Petit rappel à méditer, surtout dans le contexte politique actuel du Mali et de l’Afrique !
J’apprends des choses ahurissantes: 1) à la chute de l’UDPM, le retard dans le paiement des salaires était déjà résorbé ? 2) sous le régime du Général Moussa Traoré, l’Armée était une priorité, car le pays était en guerre ?
Très étranges de la part de compatriotes que je ne connais certes pas, mais que je respecte néanmoins, car ce sont des concitoyens et, de surcroît, des animateurs de cette page qui portant un nom prestigieux dont tous les Maliens, voire tous les Africains doivent être fiers. Mais je dois dire que ces compatriotes parlent probablement d’un Mali autre que celui dont votre serviteur a eu l’honneur d’être membre de l’équipe dirigeante après le 26 mars 1991.
Ps: En juin 1991, votre serviteur a effectué une visite officielle en Belgique au cours de laquelle il a rencontré, entre autres personnalités nationales et internationales, feu Jacques Delors, à l’époque Président de la Commission de la Communauté Économique Européenne (aujourd’hui Union européenne). Il a dit, entre autres, ceci: “compte tenu de la violence des événements de plusieurs mois qui ont secoué votre pays, les bailleurs de fonds n’entrevoyaient que deux (02) scenarios possibles pour le Mali: soit un scénario à la Libérienne, soit un scénario à la Somalienne. Comment avez-vous réussi, en l’espace de trois (03) mois à peine, à stabiliser la situation et à remettre le pays sur les rails ?
Nous ferons l’économie des termes élogieux qu’il avait pour la Transition démocratique malienne.
S Sako
Ancien Secrétaire Général des Étudiants de l’ENA,
Auteur principal de la Charte de l’Étudiant portant création de l’UNEM (Union Nationale des Étudiants du Mali),
Ancien Vice-président de l’UNEM, chargé de la Presse et de l’information.
Inter De Bamako