Étude préliminaire de l’OMS, de l’OIT, de Water Aid et de la Banque mondiale : Pour l’atteinte des ODD, plus de considérations sur les agents d’assainissement
L’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation internationale du travail, Water Aid et la Banque mondiale ont publié en début de semaine un rapport d’une soixantaine de pages sur les conditions de travail des agents d’assainissement. Intitulé « Santé, sécurité et dignité des agents de l’assainissement », ce rapport met en lumière le manque de visibilité du service rendu par ces agents qui s’occupent du nettoyage, de l’entretien, de l’exploitation ou de la vidange d’une infrastructure d’assainissement.
« Partout dans le monde, la main-d’œuvre du secteur de l’assainissement comble l’écart entre les infrastructures d’assainissement et les services fournis en la matière ». Pourtant les agents d’assainissement exercent un travail qui reste peu visible puisqu’ils ne bénéficient pas d’autant de soins de la part des autorités. C’est ce qui ressort d’une étude préliminaire de la Banque mondiale en collaboration avec Water Aid, l’Organisation mondiale de la santé, l’organisation internationale du travail publié en ce début de semaine sur la « santé, sécurité et dignité des agents de l’assainissement ». Il s’agit d’une étude qui s’est intéressée aux agents qui vident les fosses, transportent les boues de vidange, assurent l’entretien des égouts.
Selon les auteurs de ce document, les agents d’assainissement assurent un service public primordial « souvent au prix de leur dignité, de leur sécurité, de leur santé et de leurs conditions de vie ».
Ces travailleurs comptent pourtant parmi les plus vulnérables : « Ils sont bien trop souvent invisibles, non comptabilisés et ostracisés ». C’est ce que déplorent Water Aid, l’Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale et l’organisation internationale du travail en ces termes : « Ce n’est que lorsque ces services primordiaux font défaut, quand la société se retrouve face aux excréments au bord des routes, dans les rues, les rivières et sur les plages, ou quand les médias évoquent parfois le décès d’agents de l’assainissement, que nous prenons conscience du quotidien et des difficultés de ces derniers. »
Partout dans le monde les agents d’assainissement souffrent d’un manque de reconnaissance. Ces « déclassés sociaux » se trouvent exposés à des maladies, blessures voire au décès, indique-t-on dans ce rapport sur les agents sanitaires dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Les efforts pour atteindre les Objectifs du développement durable ne doivent pas mettre en péril la dignité, la santé et les droits des travailleurs, avertissent les auteurs de cette étude.
Parmi les principales difficultés des agents d’assainissement recensées par les initiateurs de ce rapport, on retient les risques professionnels et environnementaux multiples, la faible protection juridique d’une main-d’œuvre invisible, la précarité financière, la stigmatisation sociale et les discriminations.
Cette étude préliminaire retient également quelques bonnes pratiques en la matière. À l’ordre de celles-ci, nous pouvons noter la reconnaissance et la formalisation, l’atténuation des risques sanitaires lier au travail, la prestation de services de santé, les procédures opérationnelles standard et directives et l’autonomisation des travailleurs par le biais des syndicats et des associations.
Ce document sert également d’outil d’orientation des politiques publiques sur les initiatives à prendre sur les agents de l’assainissement. Pour l’amélioration des conditions de travail et de vie des agents d’assainissement, la Banque mondiale, Water Aid, l’Organisation mondiale de la santé, l’organisation internationale du travail et la Banque mondiale recommandent entre autres : des réformes politiques, législatives et réglementaires, l’élaboration et l’adoption de directives opérationnelles, la défense des agents de l’assainissement et encouragement de leur autonomisation, le rassemblement de données probantes pour résoudre les problèmes liés au décompte des effectifs du secteur.
« Water Aid, l’OMS, l’OIT et la Banque mondiale s’engagent à collaborer à long terme et à mobiliser d’autres partenaires de développement afin de sensibiliser sur cette question et de faire avancer chaque domaine d’intervention susceptible d’améliorer la santé, la sécurité et la dignité des agents de l’assainissement, dont le rôle est indispensable à la réalisation des ODD 6.2 et 6.3 », lit-on dans cette étude.
Fousseni TOGOLA
LE PAYS