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Esclavage par ascendance à Kayes : Les victimes réclament sa criminalisation

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La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) a présenté les résultats de son étude sur les besoins et attentes des victimes de l’esclavage dans la région de Kayes le 20 mai 2022. L’étude a été réalisée par le cabinet d’étude pour le développement en Afrique (CEDA). Le rapport de 89 pages traite la problématique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes sous plusieurs aspects.

La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) avec l’accompagnement de son partenaire stratégique, Avocats sans frontière Canada (ASFC) a publié la semaine dernière son rapport de l’étude sur les besoins et attentes des victimes de l’esclavage dans la région de Kayes.

L’objectif de cette étude était de documenter le traitement judiciaire des cas d’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, les attentes, besoins et perspectives des victimes, en particulier des femmes et autres personnes en situation difficile.

Dans la région de Kayes, des communautés entières sont victimes de violations de leurs droits. Depuis près d’un an, des « esclaves » ont décidé de s’élever contre l’ordre établi. Victimes d’agressions physiques, de tortures ou de confiscations de biens, ils mènent une campagne de dénonciation auprès des autorités.

Selon l’étude, une violation manifeste des droits humains dans la région de Kayes, des personnes sont considérées comme nées esclaves parce que leurs ancêtres ont été capturés, réduits en esclavage. De fait, leurs familles « appartiennent » aux familles propriétaires d’esclave depuis des générations.

Les résultats soulignent « que les personnes considérées comme des esclaves travaillent sans rémunération, peuvent être héritées et sont privées des droits humains fondamentaux. Les personnes considérées esclaves et traitées comme telles, ne sont pas des captifs de guerre, précise le document. Et d’expliquer que « dans le cercle de Kayes, il s’agit de personnes parties à la recherche de meilleures conditions de vie par le canal de l’exode rural qui se sont installées dans plusieurs localités de la zone. Les supposés maitres  exercent tous les pouvoirs sur ceux qui sont considérés comme esclaves. Ces derniers n’ont ni pouvoir, ni droit de contestation sous peine de représailles ».

Hamet Coulibaly qui a été molesté, torturé et spolié dans sa localité de Kérouané dans la région de Kayes. Il vit dans un lieu tenu secret. Aujourd’hui la cible principale d’esclavagistes, il témoigne dans le rapport « Je suis né dans une grande famille. Une famille avec beaucoup de charges. Mais les problèmes que je vis les ont tous impactés. Tous ont été frappés, au village. Certains ont été blessés au point de se rendre à l’hôpital. Nous nous sommes soulevés disant que nous ne sommes pas des esclaves, que nous ne voulons plus de l’esclavage. Cela ne nous plaît pas de l’être. On ne pratiquera plus l’esclavage et les traditions qui en découlent. C’est notre principale revendication », a fait savoir M. Coulibaly.

Réfugié dans son propre pays, il reçoit le soutien d’organisations de défense des droits humains. L’association Temedt lutte depuis 2006 contre l’esclavage par ascendance au Mali.

La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) dans son rapport de l’étude sur les besoins et attentes des victimes de l’esclavage dans la région de Kayes, alerte que « les esclaves dans la région de Kayes, qui ne veulent pas de cet esclavage-là, sont souvent violentés, battus, chassés de leurs maisons, stigmatisés, exclus de la société. Alors qu’au nord, si tu ne veux pas être avec quelqu’un, l’esclave de quelqu’un, on ne va pas t’empêcher de partir, ou se mettre à te battre ».

Certaines victimes qui ont été ciblées dans le rapport de 89 pages veulent la reconnaissance et la criminalisation de la pratique. Tandis que d’autres réclament la réparation du préjudice causé par la pratique de l’esclavage ainsi que la restitution de leur terre. Les résultats ressortent également les besoins spécifiques des femmes, des enfants et autres personnes vulnérables. Ils expriment leur volonté pour l’éradication des pratiques esclavagistes et de vivre normalement.

En ce qui concerne les enfants, ils veulent reprendre le chemin de l’école dans leurs villages de provenance. Il ressort des entretiens réalisés avec les femmes que certaines d’entre elles ne veulent plus retourner dans leur village. Ces femmes veulent se lancer dans le domaine de l’entrepreneuriat. La majeure partie des enquêtés réclament la restitution de leur terre, notamment les champs de culture.

En effet, ils s’estiment être propriétaires terriens au même titre que les autochtones de leurs villages d’origine.

La mise en œuvre de réponse judiciaire pour apporter une issue durable à l’esclavage par ascendance qui compromet la quiétude et le vivre ensemble, un certain nombre d’actions s’imposent, recommandent la CNDH et son partenaire. Ils demandent aussi  l’arrêt immédiat des violences contre les esclaves dont la première étape consiste pour l’Etat à stopper immédiatement les violences et agressions ciblées afin de préparer un terrain propice à un processus de dialogue sin entre les deux communautés. Selon eux, « cela passe par le déploiement des forces dans toutes les communes impactées par l’esclavage par ascendance afin de mettre fin à toute tentative d’agression ou d’assassinat.

 

Adam Traoré

(stagiaire)

Mali Tribune

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