Le ministre de la Justice et des droits de l’homme, Garde des sceaux, Mamoudou Kassogué, a annoncé la semaine dernière que le Mali va légiférer sur les pratiques liées à l’homosexualité. Cette annonce qui a été saluée dans certains milieux religieux intervient au moment où des réflexions sont en cours pour la réforme du code pénal et du code de procédure pénale. Des textes qui datent de 2001, soit plus de deux décennies avec quelques modifications. Cette annonce va combler un vide juridique qui amenait les autorités poursuivantes à vagabonder à travers le code pénal à la recherche d’articles pouvant réprimer cette pratique qui prend de plus en plus de l’ampleur sous nos cieux.
Elle rassure aussi une partie importante de la population d’un pays où les autorités n’ont pas échappé à la suspicion de légalisation de l’homosexualité. Au Mali, déjà en 2009, le code des personnes et de la famille a été renvoyé en seconde lecture à l’Assemblée nationale sous la pression du Haut Conseil islamique qui estimait, entre autres, que ce texte pouvait cacher une sorte de reconnaissance du mariage entre personnes du même sexe. En 2019, il y a eu cette fameuse affaire dite « des manuels scolaires ». Le gouvernement de l’époque dirigé par Feu Soumeylou Boubèye Maïga fut soupçonné d’introduire les questions liées à l’homosexualité à l’école. Ce qui avait donné lieu à une vague d’indignation au sein de l’opinion publique.
L’occident a cette tendance fâcheuse d’imposer des pratiques perverses au sein des pays africains au mépris de nos croyances et convictions religieuses.
Le 27 juin 2013, au cours d’une conférence de presse à Dakar, le président sénégalais Macky Sall a eu le courage de rejeter devant Barack Obama, alors président des États-Unis d’Amérique, la dépénalisation de l’homosexualité. « Le Sénégal est un pays tolérant qui ne fait pas de discrimination en termes de traitement sur les droits (…). Mais on n’est pas prêts à dépénaliser l’homosexualité. C’est l’option du Sénégal pour le moment. Cela ne veut pas dire que nous sommes homophobes. Mais il faut que la société absorbe, prenne le temps de traiter ces questions sans qu’il y ait pression », a déclaré le Président Macky Sall.
Récemment, le footballeur sénégalais du Paris Saint-Germain, Idrissa Gana Gueye, a essuyé de nombreuses critiques suite à son refus de porter un maillot aux couleurs de la cause LGBT. Malgré le lynchage médiatique, le joueur du PSG a reçu des soutiens dont celui du Président Macky Sall qui a appelé à respecter ses « convictions religieuses ».
Au Sénégal comme au Mali, les opinions publiques restent très sensibles à toute décision qui touche à la question de l’homosexualité. D’ailleurs, elle est au cœur du débat politique sénégalais. L’annonce du ministre de la justice et des droits de l’homme va permettre au gouvernement de Transition de gagner le cœur d’une frange importante de la population. Aussi, érige-t-elle, une barricade aux lobbies très puissants tapis dans l’ombre qui peuvent être des obstacles majeurs à l’adoption de telles dispositions conformes aux valeurs culturelles, religieuses et sociétales du Mali.
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger