L’Etat du Mali, à travers la Direction nationale du Trésor et de la comptabilité publique, a levé le 16 novembre dernier sur le marché financier de Umoa-Titres, 20,105 milliards de FCFA dans une opération intitulée : « Bons de soutien et de résilience et obligations de relance du Trésor ». Au départ, le Mali ambitionnait de lever 30 milliards de FCFA. Cet objectif initial n’a pas été atteint. Dans une autre opération effectuée quelques semaines avant, le Mali avait récolté 21 milliards sur un objectif affiché de 40 milliards.
Selon le journal Sika Finance, il s’agit là d’un « fait particulièrement rare dans une région où les investisseurs ont pour coutume de se ruer sur les emprunts émis par les Etats ».
Si le succès des opérations du 9 août où le Mali a levé 277,371 milliards sur un objectif de 270 milliards et du 05 octobre avec 33 milliards obtenus sur un montant mis en adjudication de 30 milliards, peut traduire une certaine confiance des investisseurs au Mali, ces deux échecs peuvent être le signe d’une sorte de méfiance vis-à-vis des autorités maliennes. Pour mieux attirer les investisseurs, le Mali a augmenté ses taux d’intérêts. Malgré tout, les souscripteurs ne se bousculent pas au portillon.
Ce faible engouement des investisseurs sèvre ainsi le Mali d’importantes ressources financières au moment où le pays a besoin d’oxygène pour respirer dans un environnement national et international extrêmement précaire. En l’absence des appuis budgétaires suspendus par plusieurs pays, le recours aux emprunts est devenu un moyen sûr et rapide pour les Etats, notamment le Mali, d’avoir des liquidités afin de faire face aux multiples charges du Trésor public.
A titre de rappel, de janvier à novembre 2021, le Mali a mobilisé sur le marché financier régional 735 milliards FCFA (135 milliards FCFA de bons assimilables du Trésor et 600 milliards FCFA d’obligations). Selon de nombreux spécialistes, « jamais le Mali n’a fait autant de sorties sur le marché financier régional ».
L’Etat a besoin de ressources financières. Or, la mobilisation des recettes de la part des services d’assiettes connait quelques difficultés dues aux facteurs endogènes et exogènes. Sur une prévision de recettes de 721,289 milliards, la Direction générale des Douanes était à 398,101 milliards au 30 septembre 2022. La Direction générale des Impôts, sur les 1 061,94 milliards, affichait au tableau la même la somme de 661,538 milliards de FCFA. Quant à la Direction nationale du Trésor et de la Comptabilité́ Publique, elle avait mobilisé 24,898 milliards de FCFA sur les 41,95 milliards assignés. Pour sa part, la Direction nationale des Domaines a réalisé 156,05 milliards sur 140,144 milliards de FCFA.
Les sanctions économiques et financières imposées au Mali du 09 janvier au 03 juillet 2022 par la CEDEAO et l’UEMOA ont contribué à dégrader les perspectives économiques nationales. Dans le cadre de la réduction des taxes sur certains produits de première nécessité et la subvention d’autres, le gouvernement a pris des mesures visant à soulager le consommateur. Pour se sauver, les autorités transitoires doivent satisfaire les demandes sociales. Déjà, la masse salariale pèse beaucoup sur le budget d’Etat. Sans oublier les dépenses liées à la défense et à la sécurité.
La situation du pays n’est guère réluisante. Certaines décisions prises par le gouvernement de transition ne rassurent pas et suscitent des inquiétudes. L’évolution des événements avec un pourrissement de la situation interne accentué ces derniers temps par l’effritement des forces de soutien de la Transition ne laisse pas assez de marge de manœuvre aux autorités. Il faut rapidement instaurer un dialogue sincère avec l’ensemble des forces politiques et sociales. Il y va de la survie du pays. Que Dieu inspire les dirigeants et préserve le Mali !
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger