Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, a rencontré, le 17 octobre 2024, à la Primature les membres de l’association Wassa Ton de Kéniéba et de l’association Siguida Lakanda de la commune rurale de Naréna. C’était en présence de deux membres du gouvernement, à savoir Mamadou Samaké, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable et de Mamoudou Kassougué, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des sceaux. Selon un texte publié par la cellule de communication de la Primature, «les deux délégations ont exprimé leurs profondes inquiétudes concernant les graves menaces environnementales qui pèsent sur leurs localités, principalement en raison des activités d’exploitation irrégulière menées par des entreprises étrangères». Face à Wassa Ton et Siguida Lakanda, le chef du gouvernement a fait une promesse de taille : «nous mettrons fin à ce problème de manière durable».
En réaction à la tenue de cette rencontre, l’ancien Premier ministre Moussa Mara a félicité le gouvernement «pour la détermination montrée par le Premier ministre à faire face à ce fléau à travers l’envoi sur place d’une délégation inter ministérielle». «J’encourage nos autorités à ne pas faiblir dans leur volonté de mettre fin à ce désastre, sanctionner tous les fautifs et remettre nos pauvres concitoyens, dont de nombreuses femmes spoliées de leurs champs, dans leurs droits ».
Depuis plusieurs années, des Organisations de la société civile alertent régulièrement sur la destruction de l’environnement et du cadre de vie des populations des cercles de Kéniéba, Kangaba, Bougouni et Yanfolila par des étrangers, notamment des ressortissants chinois bénéficiant de complicités de certaines autorités et de leaders locaux. Les auteurs ainsi que leurs complices sont connus. Des lettres ouvertes ont été adressées à plusieurs hauts dirigeants de la Transition, dont le Chef de l’Etat.
Il faut agir maintenant. Et malheureusement, les actions entreprises par le gouvernement ne sont pas encore à hauteur de la gravité de la situation. L’annonce, le 30 avril 2024, de la création d’une synergie d’action à travers une brigade spéciale mise en place par le Ministère des Mines et le Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable pour lutter contre l’exploitation frauduleuse des ressources minières avait suscité un réel espoir. Où est donc cette brigade spéciale dont la première sortie à Dabia a été largement saluée ? Que vaut la promesse faite par le Premier ministre ? Le gouvernement arrêtera-t-il cette fuite en avant pour passer à l’action avec détermination et engagement ?
Pas si sûr ! Car, une lutte implacable contre ce fléau implique des enjeux diplomatiques. Aussi, elle nécessite le démantèlement de la mafia formée d’étrangers et de cadres véreux de l’administration publique en plus de leaders communautaires.
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger