«Ce que le président Macron a annoncé en juin ne constitue pas un départ des militaires français mais une transformation du dispositif en place. Le redimensionnement de l’engagement français est censé favoriser la montée en puissance de nos armées pour prendre en charge leur propre sécurité, tout en continuant à recevoir un appui en matière de logistique, de renseignement et de formation. On ne peut pas demander aux Français, aux Américains ou à d’autres partenaires d’assurer notre propre sécurité, même si l’on souhaite continuer à bénéficier de leur aide pour rehausser le niveau de notre appareil de sécurité et de défense. En Mauritanie, nous n’avons jamais demandé aux Français d’intervenir pour anéantir des terroristes. C’est la mission de l’armée mauritanienne, comme la mission de l’armée française est de protéger son territoire…. Il ne faudrait pas considérer qu’une réorganisation du dispositif français va entraîner le chaos au Mali. Cette évolution est faite dans le but de rechercher plus d’efficacité. » Voici un extrait de l’entretien accordé par le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, au quotidien français « L’Opinion ».
Le président mauritanien dit vrai. Une vérité qui peut être perçue par une partie de l’opinion comme une manière de défendre la position de l’ancienne puissance coloniale. Aujourd’hui, dire certaines vérités, c’est prendre le risque d’être traité d’apatride ou de pro-français. Montrer l’incapacité ou l’inefficacité des responsables maliens dans la proposition de solutions de sortie de crise équivaut à être traité de « cinquième colonne ».
Que non !!! Essayons de ne pas mettre en avant le cœur. Et loin de cette campagne de propagande et de populisme visant à abrutir encore plus les Maliens et de jeter les milliards inutilement dans une aventure hasardeuse de recours à une société privée de sécurité.
Le redimensionnement du dispositif de Barkhane devrait être plutôt vu à Bamako comme une opportunité pour le Mali de favoriser la réoccupation du terrain par les FAMa. Il faut réoccuper le terrain en fonction de nos moyens en se fixant des objectifs stratégiques à court, moyen et long terme. Car, le Mali est un pays très vaste. Une immensité qui échappe à beaucoup de nos compatriotes. Les avions de chasse Super Tucano A29 acquis auprès de la société brésilienne Ambrayer, les avions de type Y-12, les MI-35, les M1-171, le CASA C-295MW et autres aéronefs dont les entretiens nécessitent un budget spécifique ne permettent pas aux FAMa d’assurer la couverture de l’ensemble du territoire. Et de combler les attentes légitimes du peuple malien. Sans évoquer le manque d’effectif. Un déficit de personnel en passe d’être résolu avec des recrutements massifs de ces dernières années s’ils sont vraiment maintenus.
La défense du Mali et la sécurisation du territoire national doivent être assurées par les FAMa. Faisons-nous confiance. Comptons sur nous-mêmes. Car, il est toujours dangereux de confier la sécurité d’un pays à un autre.
Lisez et relisez cette belle réflexion d’Abdoulaye Doro Sow : « Tout mercenaire met en avant la consigne plutôt que la conscience. Il se bat uniquement et exclusivement pour de l’argent et peut à tout moment se retourner contre les commanditaires en fonction de l’offre de la partie adverse. Dans le Prince Machiavel que les mercenaires sont utiles vérifier le texte original car quelque chose manque dans ce début de phrase ! Pour faire le sale boulot que les armées républicaines ne peuvent pas exécuter. Les mercenaires sont donc utiles là où il s’agit de venir pour tout casser et repartir.
C’est dire que dès que leur mission s’installe dans la durée, il y a obligatoirement de gros risques. Il me semble que concernant le Mali, il ne s’agit pas d’une intervention sous forme de coup de poing mais d’aider un Etat à lutter contre les mouvements terroristes et avec des tensions communautaires et des revendications identitaires. Tout cela constitue une véritable poudrière !! »
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger