Les élèves reprennent, ce lundi 3 octobre 2022, le chemin de l’école après la traditionnelle période de vacances. Une rentrée des classes qui intervient dans un contexte extrêmement difficile pour les parents éprouvés par la cherté de la vie, du fait de flambée des prix de la plupart des biens de première nécessité. Cette morosité explique en partie la levée de boucliers suscitée par l’annonce initiale de la réouverture des classes au 16 septembre. Pour calmer les esprits, le ministère de l’Education nationale était obligé d’animer un point de presse pour donner des précisions.
Force est aussi de déplorer que si certains enfants sont contents de reprendre le chemin de l’école, plusieurs de leurs camarades d’âge sont privés depuis plusieurs années de leur droit à l’éducation à cause de l’insécurité. Lors d’une interpellation au Conseil national de transition, le 24 juin 2022, la ministre de l’Education, Mme Sidibé Dédéou Ousmane déclarait que «1652 écoles restaient toujours fermées en mai 2022». Et que sur les 26 académies du pays, 10 sont affectées par la fermeture des établissements scolaires dans les régions de Kidal, Gao, Ménaka, Mopti, Sikasso, Koulikoro, Ségou, Koutiala, etc. En tout ce sont quelque 495 000 élèves à ne pas jouir de leur droit fondamental à l’éducation. Cette situation, qui a commencé depuis 2012 avec les attaques lâches et barbares des petits aventuriers du Mnla, constitue pour la nation malienne une tragédie. Elle interpelle les autorités du pays mais aussi les différents partenaires.
L’année scolaire 2021-2022 s’est déroulée normalement contrairement aux précédentes qui ont connu plusieurs perturbations dues essentiellement au désaccord entre le gouvernement et la synergie des syndicats d’enseignants autour de l’application de l’article 39. Les examens de fin d’année se sont tenus dans de bonnes conditions avec une réelle volonté des responsables en charge de l’éducation de moraliser le déroulement des épreuves. Cette bonne organisation des examens est à l’actif de Mme Sidibé Dédéou Ousmane et son équipe. Il faut les saluer pour leurs efforts. Tout comme il faut se réjouir de l’engagement patriotique des responsables syndicaux et leurs membres qui a permis d’apaiser l’espace scolaire et de sauver l’année scolaire. Car de nombreux syndicats, dont la synergie des syndicats d’enseignants, avaient suspendu leur mot d’ordre de grève suite aux sanctions imposées au Mali par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa).
L’année scolaire 2022-2023 connaîtra-t-elle la même accalmie ? Rien n’est moins sûr ! Il faudrait s’attendre à des perturbations de l’année scolaire si le gouvernement et la synergie des syndicats de l’éducation n’arrivaient pas à trouver un accord autour de l’article 39. Les deux parties sont en négociations depuis plus d’un an sans parvenir à un accord.
La rentrée des classes est menacée avec l’annonce du boycott des syndicats des enseignants. La Coordination du district de la Synergie des syndicats d’enseignants du 15 octobre a déposé un préavis de grève de 72 heures à compter du 3 octobre 2022 pour non paiement de ses arriérés et rappels. Si un terrain d’entente n’est pas trouvé avec le gouvernement, elle compte débrayer encore pendant trois jours.
Les marges de manœuvres du gouvernement sont très réduites dans un environnement difficile. L’accroissement des dépenses de défense et de sécurité se fait depuis quelques années au détriment des secteurs vitaux comme l’éducation et la santé. Le gouvernement et la Synergie des syndicats de l’éducation ont l’obligation de se mettre d’accord pour donner une chance à l’école publique déjà abandonnée à son triste sort par des cadres qui ont tous étudié grâce la générosité de la République. Les enfants ne doivent pas payer le prix des désaccords entre le gouvernement et la Synergie des syndicats d’enseignants. Bonne rentrée scolaire !!!
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger